Page 36 - Cahier Trouve-Tout-2012
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Le temps s’écoule sans hâte dans nos cime- tières, habités par des monuments où s’ac- crochent les lambeaux de notre passé pourtant pas si lointain.
Ils ont des histoires à nous raconter.
Les âmes silencieuses qui en sont les gar- diennes nous attendent. Elles sont patientes. Elles ont l’éternité comme demeure. Mais les monuments qui nous rappellent en quelques mots des destins souvent tragiques, des sagas parfois touchantes, sont fragiles. Le temps y efface les mots et ne cherche qu’à entrainer dans l’oubli ces vies qui ont perdu leur souffle vital.
Même les cimetières sombrent parfois dans les fissures de l’histoire.
Pourquoi ne pas les redécouvrir en sillonnant la région de la Vallée- de-la-Gatineau d’une toute autre façon. Une journée de calme, hors de la frénésie de la ville, à faire connaissance avec un passé qui vous racontera si- lencieusement son histoire. Premier arrêt : Old Chelsea, à seulement quelques minutes de route, pour ceux qui partent de Gatineau ou d’Ottawa. Pour ceux qui arriveraient par le Nord, en provenance de l’Abitibi ou des Laurentides, un conseil pra- tique, je vous suggère de lire ce
texte à partir de la fin.
Ce premier cimetière est le
Old Chelsea Protestant Burial Ground. Il est caché der- rière la pizzéria Luigi, tout près de l’intersection des chemins Scott et Old Chelsea. Une toute pe- tite affiche, sur le bord du chemin, vous montre
la direction du sentier qui mène vers les portes en fer forgé qui s’ouvrent sur ce coin perdu de l’histoire de l’Outaouais.
Ce cimetière était pratiquement tombé dans l’oubli, au milieu du siècle dernier, malgré la présence de deux noms célèbres, Asa Meech et Thomas Wright. Le premier, prédicateur, enseignant et médecin, a donné son nom au lac Meech et, bien malgré lui, à l’Accord du lac Meech, pour ne pas dire le « désaccord ». Le deuxième a fait partie des premiers colons qui ont débarqué en Outaouais et il est le frère du fondateur de la Ville de Hull, Philemon Wright.
Avec raison, la municipalité a déclaré ce cimetière monument historique, en 1989.
Deuxième arrêt : le cimetière historique Maclaren, à Wakefield.
Vous y trouverez des épitaphes gravées dans de simples grosses pierres naturelles, tout comme d’autres dans des monuments impo- sants. Vous y trouverez aussi la tombe de Lester B. Pearson, ex-premier ministre canadien et lauréat du prix Nobel de la paix en 1957, et des monuments qui rappellent à notre mémoire la famille Maclaren, dont l’histoire est intime- ment reliée au développement de la région.
Ce cimetière n’est que l’un des attraits de Wakefield, petit village patrimonial où on retrouve la Maison Maclaren, le Moulin Wakefield, transformé en un réputé resort, la petite auberge les Trois érables, une vieille gare transformée en restaurant, etc.
Mais ne vous attardez pas trop. La route est longue jusqu’au dernier cimetière sur notre route.
On quitte maintenant Wakefield pour prendre la route 105, direction nord jusqu’à Low.
Si vous n’êtes pas trop pressé, vous pouvez toujours découvrir d’autres petits cimetières avant d’arriver à Low. Partout où pointe un clocher, il y en a habituellement un.
Comme on est encore loin de notre desti- nation ultime, je vous retiens donc par la main pour vous amener dans l’un des cimetières les plus particuliers de l’Outaouais et de la Vallée-de-la-Gatineau.
Une seule croix. Une imposante croix cel- tique. Un seul monument, avec trois stèles de granit gravées de plus de 160 noms, la plupart irlandais, tous des pionniers qui ont écrit l’his- toire de Low à la sueur de leur front. Un grand champ tout vert avec une allée de pierres plates qui vous guident vers le monument.
C’est le cimetière commémoratif des pion- niers de Martindale, la paroisse qui a donné naissance à la municipalité de Low.
En arrivant à Low, quittez la route 105 et tournez à droite à la station-service du Dépanneur 105. C’est le chemin de Martindale. Suivez-le sur environ cinq kilomètres, jusqu’à l’intersection du chemin Cahill. N’ayez pas peur de vous perdre. Tant que vous êtes sur le chemin de Martindale, vous êtes sur la bonne route.
Si vous voyez tout à coup une belle et grande église de briques rouges, à votre droite, et un immense ci- metière avec des centaines de monuments, à votre gauche, c’est que vous êtes passé tout droit. Vous avez raté l’intersection du che- min Cahill... mais de seu- lement quelques centaines de mètres.
Revenez sur vos pas. .
traduction en français et en anglais de l’ins- cription sur la stèle centrale.
« Que la lumière du ciel brille sur les Gallois qui ont quitté le sol de l’Irlande lors de la grande famine. Ils ont trouvé ici le repos éter- nel et leur mémoire vivra aussi longtemps que l’amour et la musique existeront ».
Moment de silence respectueux dans la cam- pagne irlandaise val-gatinoise.
Vous aurez l’impression que les âmes de ces pionniers chassés de leur pays par la famine, et qui ont confié leurs espoirs à ce sol du Nouveau Monde, errent encore dans ce grand champ. Si vous tendez l’oreille, vous entendrez peut- être des notes de musique, souvenirs échappés d’une fête qui se poursuit maintenant dans l’éternité...
Ça va ? Je constate que vous êtes profondé- ment enfoui dans vos réflexions. Mais il faut reprendre la route. Toujours vers le nord. Et vous voudrez peut-être passer quelques mi- nutes dans le grand cimetière en face de l’église.
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- J’ai quelques mots très tou
chant à vous faire lire.
Si vous ne connaissez pas le gaélique irlandais,
marchez jusqu’à la croix celte où se trouve une
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Petite visite au pays des
Cimetière patrimonial et historique de Old Chelsea, où ont été enterrés des pionniers protestants de la région, dont Asa Meech et Thomas Wright, le frère du fondateur de la ville de Hull.
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Les SECRETS de la Vallée... d evoil es


































































































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