Page 23 - La Gatineau 5 mars 2012

Le père et la fille sur le même banc d’école
JEUDI 5 AVRIL 2012 - La Gatineau 23
SYLVIE DEJOUY
MANIWAKI – Quand on aime, on ne compte pas les kilomètres. Tous les jours, le père et la fille font trois heures de route pour assouvir leur passion. Kathryn R. Cloutier, 26 ans, et Yves Cloutier, 51 ans, sont étudiants en armurerie au Centre de formation professionnelle de la Vallée-de- la-Gatineau (CFPVG). A la connaissance
économies et j’ai pris un congé sans solde d’un an.»
Le papa est un ancien militaire. Il a servi au Royal 22e régiment à Québec, dans l’infanterie, pendant 10 ans. Après l’armée, il a été camionneur pour ensuite s’acheter un dépanneur à Chute-Saint-Philippe, dans les Laurentides. «J’ai décidé de m’ins- crire avec Katryn car nous souhaitons ou- vrir une section armurerie dans mon ma- gasin pour la fabrication, la réparation et
Yves Cloutier et sa fille Kathryn R. Cloutier dans leur classe.
l’entretien d’armes à feu», explique-t-il.
Katryn et Yves suivent la formation à Maniwaki car c’est la seule au Canada. Le père et la fille mettent beaucoup de persévérance dans leur projet : «Ma mère s’occupe du dépanneur quand nous ne sommes pas là, explique Katryn. Le soir, de 16h à 23h, on se partage les ho- raires avec mon père et c’est pareil en fin de semaine. Cela en
du directeur, Serge Lacourcière, c’est pro- bablement la première fois qu’un duo père- fille, ou même père-fils, suit en même temps cette formation.
Kathryn et Yves ont commencé le cours en août dernier. «Après mon secondaire 5, j’ai travaillé à temps plein pour un trans- porteur de valeurs dans la région de Montréal, explique la jeune fille. Il y a deux ans, j’ai décidé de m’inscrire au cours de réparation d’armes à feu. J’ai fait des
Le duo père-fille avec leur enseignant George Meunier.
plus de l’étude, du travail de l’atelier, des examens presque chaque semaine.»
Il y a bien sûr des hauts et des bas, mais lorsque l’un flanche, l’autre est là pour l’ai- der à continuer. «A un moment, j’ai failli lâcher car c’est difficile de retourner aux études, commente Yves. Mais Katryn m’a aidé à ne pas lâcher. Nous travaillons en- semble, on se donne des conseils.»
Le duo est motivé par son projet et la passion pour les armes. «Dans mon emploi, je suis en contact avec des armes à feu, pré- cise Katryn. Cela a piqué ma curiosité. J’aime la complexité des armes. Et des ar- muriers qualifiés, dans une région de chasse comme la nôtre, il n’y en a pas beaucoup.»
L’étudiante, seule fille des deux cohortes, a gagné récemment une bourse de 500 dol- lars dans le cadre du concours Chapeau les filles. Lauréate régionale, la remise du prix a eu lieu le 20 mars dernier, au campus Félix-Leclerc du Collège de l’Outaouais, à Gatineau. «Cela m’encourage à continuer.»
Le cours se termine en juin. Le père et la fille sont unanimes : «C’est une forma- tion de qualité avec de très bons profes- seurs. Si ce cours devait être aboli, ce serait vraiment dommage.»
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