Page 2 - La Gatineau 24 Mai 2012
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2 La Gatineau - JEUDI 24 MAI 2012
Un autre son de cloche sur le Grand Lac Rond
BOUCHETTE – Le Grand Lac Rond a des signes évidents d’eutrophisation et de cyano- bactéries. Il est temps de se mettre au travail selon l’ex-président de l’Association du Grand Lac Rond, M. André Patry.
«Le président du Grand Lac Rond, Robert Lesage, se trompe dangereusement dans la conclusion qu’il tire des résultats des analyses du RSVL (Regroupement de sur- veillance volontaire des lacs) dans son article publié dans ce journal la semaine dernière», indique M. André Patry, dans un communi- qué qu’il a fait parvenir à La Gatineau.
Rapporter que la qualité de l’eau du lac est excellente parce que le lac est classé «oligo- trophe» par le RSVL, et cela suite à la pre- mière année de tests seulement, démontre, selon M. Patry, une pauvre compréhension du programme du gouvernement du Québec par l’Association et peut avoir des répercus- sions négatives graves sur la santé du lac à court et long terme.
Il faut, selon M. Patry, être extrêmement prudent dans l’interprétation des analyses faites durant la première année du pro- gramme. Le programme est fait pour mon- trer l’état de vieillissement d’un lac seulement après plusieurs années de tests. Cela pour une raison évidente : un lac peut être oligo- trophe sur une période de plusieurs années, mais peut aussi se dégrader de façon drama- tique pendant ce temps et demeurer dans la catégorie oligothrophe.
«Disons les choses comme elles sont et n’ayons pas peur des mots. Le Grand Lac Rond est en mauvais état et il faut s’en occu- per si on veut préserver ce qui reste de sa beauté.»
Ce que ne dit pas M. Lesage : l’analyse du prélèvement du 1er août 2011 à l’une des deux stations du lac rapporte un taux de
phosphate de 5,8, ug/l et classifie le lac plus près de la catégorie oligothrophe/mésotrophe qu’ultra-oligotrophe. C’est bouleversant. En plus, cet échantillon a été pris dans la partie la plus profonde du lac, là où l’eau est claire et où les taux de phosphate sont probable- ment plus bas qu’ailleurs. Le résultat pourrait être encore pire dans les parties les plus occu- pées et moins profondes du lac même si les changements de saison créent une inversion des strates à grande profondeur.
Autre mesure importante du RSVL : le carbone organique dissous. Ce dernier est un indice du degré de pollution de l’eau car il augmente le taux de coloration de l’eau et affecte sa transparence. Les niveaux de car- bone organique dissous sont inversement proportionnels aux niveaux d’oxygène dis- sous, élément vital à la survie des poissons et des espèces.
Ce que ne dit pas M. Lesage : les niveaux de carbone organique dissous des échantil- lons prélevés les 28 août et 26 juin montrent un taux de 12 mg/l, le pire taux de tous les lacs comparables dans la région. Si on se compare au Lac Trente-et-un-Milles, on voit que parmi tous les échantillons pris aux quatre stations depuis 2009 de ce lac, le taux maximum est de 7.7 mg/l, soit presque deux fois moins que le nôtre. En plus, le taux moyen de carbone organique dissous du Lac Trente-et-un-Milles est trois fois plus bas que celui du Grand Lac Rond. Pourtant l’eau du Trente-et-un-Milles coule dans le Grand Lac Rond. Pourquoi l’eau qui provient du Trente- et-un-Milles a-t-elle des taux de carbone or- ganique dissous plus élevés une fois rendue dans le Grand Lac Rond ? Poser la question, c’est y répondre.
Autre exemple. Le Grand Lac Rond est un lac similaire au lac Blue Sea où les taux
de pollution en phosphore total et en chloro- phylle se comparent bien à ceux du Grand Lac Rond. Cependant, le taux de carbone dans le Grand Lac Rond est beaucoup plus élevé que celui du lac Blue Sea. C’est déran- geant. L’exécutif de l’Association du bassin versant du lac Blue Sea ne semble pas avoir peur de rapporter les faits auprès des villégia- teurs afin de les inciter à revégétaliser leurs rives et de changer leur comportement. Et ça a donné des résultats. La moyenne du taux de phosphore total de 2011 est descendue à 4,9 ug/l du 6,5 ug/l qu’il était en 2005. Mais le mal avait déjà été fait : la truite grise ne se reproduit plus dans le lac Blue Sea. Il est prouvé qu’une légère augmentation
de phosphate d’un lac peut avoir un impact négatif sur la faune. La truite grise est une espèce très sensible à ce niveau. Un centi- mètre de dépôt de sédiment peut rayer l’es- pèce d’un lac.
Ce que ne dit pas M. Lesage : les échantil- lons testés par le RSVL de la station 6608 du Grand Lac Rond donnent un taux de phos- phate moyen de 4,2 ug/l. Ce taux s’approche dangereuseement de celui de Blue Sea. Allons-nous attendre que la truite grise cesse de se reproduire avant d’informer les villégia- teurs du danger qui nous guette et de mettre en place des mesures concrètes correctives et préventives ?
(AUTRE TEXTE EN PAGE 13)


































































































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