Page 9 - La Gatineau 20 Septembre 2012
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JEUDI 20 SEPTEMBRE 2012 - La Gatineau 9
Entretien avec Stéphanie Vallée
Deux semaines après sa réélection, Stéphanie Vallée nous a reçus dans son bureau de Maniwaki.
LA GATINEAU – Pour commencer Stéphanie Vallée, quel est votre sen- timent face à votre réélection ?
Je suis très heureuse de la confiance que les citoyens de la circonscription m’ont accor- dée. J’en profite pour remercier encore une fois tous les bénévoles qui ont contribué à cette belle victoire parce qu’on met beau- coup d’accent sur le candidat ou la candi- date, mais on ne passe pas beaucoup de temps à regarder l’équipe qui est derrière, qui nous aide à traverser cette campagne.
Est-ce qu’on sait qui au sein de votre parti représentera l’Outaouais ? Actuellement les responsabilités ne sont pas encore identifiées, on devrait d’ici la fin de la semaine déterminer qui sera affecté à certains rôles. Ce n’est pas le parti qui choisira le représentant de l’Outaouais mais les cinq députés ensemble. Dans notre région, on a comme habitude de nommer le plus récent membre à titre de président de caucus, pour permettre à ce nouveau venu ou cette nouvelle venue d’établir des contacts avec les intervenants et de se faire connaître. Sous réserve qu’il ou elle ac- cepte évidemment, car je me souviens que Marc Carrière n’avait pas manifesté d’inté- rêt d’accéder à la présidence du caucus.
Nous allons faire le tour de vos pro- jets à commencer par la santé. Avez- vous des priorités ?
Les priorités que j’avais définies durant la campagne demeurent. Je ne les change par parce que le gouvernement n’est plus com- posé par mes collègues du Parti libéral du Québec. Comme je l’ai dit, on va travailler les dossiers autrement. A mon avis, celui de la relocalisation du Foyer Père Guinard est important donc on doit s’assurer à ce qu’il puisse être inclus dans les prévisions bud- gétaires du Conseil du trésor, dans les pro- grammes d’immobilisation. Pour moi c’est non négociable. Cela fait partie de mes enjeux, je vais continuer à travailler en étroite collaboration avec les conseils d’ad- ministration et la direction générale, tant du Centre de santé et des services sociaux de la Vallée-de-la-Gatineau que celui des Colines pour la section sud.
Est-ce que vous rêvez un jour de re- voir une maternité à Maniwaki ? J’ai toujours expliqué clairement que je trouve ça triste qu’on puisse mourir à Maniwaki mais qu’on ne puisse pas y naitre. Mes deux enfants sont nés à Maniwaki, j’ai reçu des soins extraordi- naires ici. Je comprends par contre qu’il y ait des enjeux de sécurité, lorsqu’on n’a pas d’obstétricien, d’anesthésiste en place, cela
rend toute l’expérience plus dangereuse donc on doit s’assurer d’avoir ici le person- nel nécessaire à ce type d’intervention. Cela demeure évidemment un dossier im- portant et une priorité pour moi, mais il faut trouver les professionnels dont on a besoin.
Autre problématique, les soins que les malades sont obligés d’aller chercher en ville, notamment pour les cancers. Est-ce qu’on peut aussi rêver d’avoir un jour dans la Vallée- de-la-Gatineau ces soins ici ?
Il faut faire attention. C’est sûr qu’on aime- rait recevoir tous les soins ici. Mais il y a des principes à l’intérieur d’une région administrative, certains centres sont dési- gnés comme étant à vocation régionale car on a besoin d’avoir des spécialistes et c’est parfois très difficile de retenir des spécia- listes en communauté rurale. Pour ce qui est par contre des services de chimio, je sais qu’il y a un dossier qui fait son petit bonhomme de chemin pour être en mesure d’avoir certains traitements ici, qui permet- traient d’éviter le déplacement hebdoma- daire de citoyens, mais évidemment cela concerne des traitements très particuliers. On a un Centre de cancérologie à Gatineau, c’est déjà extraordinaire car auparavent on ne l’avait pas. Mais certains traitements de chimiothérapie pourraient être offerts ici, il s’agit d’organiser des lo- caux et je sais que Sylvie Martin et son équipe travaillent sur ce dossier là.
Est-ce que vous savez où en est le projet concernant Jean Bosco ?
La demande qui avait été déposée au fédé- ral sous M. Cannon était presque sur me- sure pour la région mais le dossier n’a pas été sélectionné. Un comité de travail a été constitué et on va tenter de voir comment on peut trouver un plan B. Le premier était un beau gros projet, maintenant s’il n’est plus possible il faut voir s’il n’y a pas un autre type de projet qu’on pourrait envisa- ger car les lieux ne sont pas adéquats. On avait peut-être un projet qui était l’équiva- lent d’une Cadillac, là on a une vieille minoune et celle-ci faut la changer. Peut- être qu’on n’aura pas les moyens de s’ache- ter une Cadillac mais peut-être qu’on au- rait les moyens de s’acheter un véhicule sécuritaire, qui a de la gueule mais qui corresponde à un budget plus restreint. C’est là-dessus qu’on devra travailler, il ne faut pas oublier que dans la région les gens ont amassé plus d’un million de dollars qui doivent servir au projet. On verra aussi avec le nouveau gouvernement s’il y aura d’autres types de programmes qui seront offerts. C’est triste, c’est dommage, car c’était un dossier qui était tout près de la coupe aux lèvres, mais je ne baisse pas les bras.
Autre domaine important, l’emploi. Comment aider la région à se rele- ver ?
Il faut consolider les entreprises qu’on a, soutenir notre économie locale. Si locale- ment on ne s’entraide pas cela pose pro- blème. Pour permettre aux entreprises d’avoir des revenus il faut travailler dans ce sens, s’assurer que nos grandes industries continuent de bien fonctionner. Pour créer de nouveaux emplois, soutenir l’entrepre- neuriat et les petites entreprises c’est une chose mais il faut se tourner aussi peut-être vers d’autres alternatives, dont le tourisme. On doit continuellement essayer de trouver de nouvelles entreprises qui pourraient venir s’établir ici dans la région. Il faut in- citer les gens de l’extérieur à venir s’établir
chez nous, les programmes comme Complicité emploi qui visent à aller cher- cher les nouveaux arrivants et à les intégrer sont très importants. Il ne faut pas oublier qu’il y a toujours un crédit d’impôt pour les jeunes qui viennent s’installer en région ressource. Cela nécessite évidemment des emplois à combler. Alors il faut maintenir la cadence au niveau de l’entrepreneuriat, il y a de beaux projets actuellement créa- teurs d’un à quatre emplois, qui ont des effets positifs sur d’autres domaines.
Une des entreprises particulière- ment en difficulté, c’est Produits forestiers Résolu. Où ça en est ac- tuellement ?
L’entreprise avait arrêté ses activités car elle n’avait plus d’endroit pour envoyer ses copeaux. Suite à la fermeture de l’usine de Gatineau, l’entreprise était prise avec un volume de copeaux et fournissait un com- pétiteur, White birch. Lorsqu’il y a eu toute la saga avec Papiers White birch, la com- pagnie a dû mettre un terme à sa livraison de copeaux. Maintenant ils ont repris. L’objectif évidemment c’est la reprise des opérations de l’usine de Gatineau. Là- dessus, pendant la campagne électorale on a appris que la compagnie avait l’intention de rouvrir d’ici décembre donc on espère que ça sera une réalité. On avait travaillé très fort, mon collègue Marc Carrière et moi, à l’intérieur du comité de relance pour que les éléments nécessaires à la réou- verture de Gatineau puissent être autorisés par le conseil des ministres. Reste à voir qui seront les nouveaux ministres respon- sables de l’Industrie forestière, du Développement économique. On est un peu dans l’inconnu. Mais si l’usine de Gatineau peut rouvrir, cela va sécuriser celle de Maniwaki et permettra aussi d’avoir plus d’heures de travail donc, au lieu de travailler seulement sur un shift, les employés pourraient travailler sur deux shift.
Craignez-vous que le Plan nord soit remis en question ?
Il y avait déjà des retombées dans la région car des gens avaient développé des liens d’affaires avec des entreprises. Cela fait partie des dossiers chauds. Est-ce que le gouvernement va maintenir ce grand pro- jet ? Nous, évidemment, on presse Mme Marois d’adopter la loi sur la Société du Plan Nord ainsi que celle sur les mines, car on a une loi qui date des années 1800 et qui doit être renouvelée. Le Plan Nord ce sont de grosses retombées économiques pour le Québec qui permettraient de fi- nancer les réseaux de la santé, l’éducation, etc. C’était notre objectif : créer de la ri- chesse pour mieux la redistribuer.
Passons à l’éducation, notamment les formations offertes ici. N’en fau- drait-il pas plus pour que les jeunes n’aient pas toujours à aller étudier en ville ?
Un travail a été fait entre autre avec le Cegep de l’Outaouais pour offrir une pre- mière année de niveau collégial ici à Maniwaki. Autant en matière d’éducation qu’en matière de santé on n’a pas malheu- reusement le bassin permettant d’avoir notre Cegep et d’offrir toutes les forma- tions car il faut quand même un nombre d’étudiants suffisant permettant de justifier les investissements. Je pense cependant que dans les communautés rurales, on devrait utiliser l’éducation comme une source de diversification économique c’est-à-dire offrir dans certaines régions du Québec des formations professionnelles pour
permettre à des jeunes de l’extérieur de venir découvrir la région. La commission scolaire, en collaboration avec le ministère de l’Education, doit se pencher sur cette façon de faire les choses. Je sais qu’ici l’équipe de formation professionnelle est dynamique et le voit de la même façon. Il faut donc voir comment notre offre de for- mations professionnelles, au niveau secon- daire ou même au niveau collégial, pour- rait inciter des gens à venir s’établir dans la Vallée-de-la-Gatineau, offrir une forma- tion spécifique, devenir un pôle d’excel- lence. C’est un peu ce que fait le Pero, of- frir une formation en récréotourisme, qui va permettre aux entreprises de la région d’avoir des employés compétents mais aussi à des gens de l’extérieur de venir chercher leur qualification ici et qui sait peut-être rester dans la région.
Justement, dans le domaine du tou- risme, vous l’avez dit pendant votre campagne, la région a du potentiel ? On a un potentiel incroyable, on a tout ce qu’il faut pour se développer tout en pré- servant notre environnement. Il faut se faire connaitre. Depuis quelques années, la région fait un sacré beau boulot mais pour bien des gens au Québec l’Outaouais c’est tellement loin. Il faut développer des concepts pour inviter les gens à venir nous voir. L’Outaouais fait partie des trois portes d’entrée du Québec, avec Montréal et la ville de Québec, grâce à l’aéroport international d’Ottawa. Les pourvoiries, c’est un type de tourisme qui a un potentiel incroyable, le regroupement des pour- voyeurs est en train de faire un travail pour voir comment ils peuvent renouveler leur offre, attirer une clientèle familiale, plus de jeunes. Il y a eu bien des années où la ré- gion recevait énormément de touristes, des gens qui venaient ici pour la chasse, la pêche. Le potentiel est encore là, il s’agit de le développer. Au ministère du Développement économique, il y a une branche d’Investissement Québec destinée au tourisme. Cela faisait partie de la vision du dernier budget de M. Bachand. Comme c’est une bonne idée, j’ose espérer que Mme Marois et son équipe maintiendront cette orientation.
Cela nécessite aussi de bonnes in- frastructures routières pour attirer du monde, quels sont vos objectifs ? Evidemment on souhaite que le projet de l’autoroute 5 puisse être complété et par la suite voir comment on peut continuer l’amélioration de la route 105 pour s’assu- rer que l’axe nord-sud soit de qualité. On aura aussi besoin sur le territoire d’infras- tructures et à l’intérieur de la région, selon nos enjeux et priorités, on pourra voir avec les différents maires qu’est-ce qu’on va prioriser. La 107 est aussi une porte d’en- trée importante pour la région, c’est un dossier sur lequel on va continuer de travailler.
Nous allons finir avec la succession au Parti libéral. Espérez-vous que ça soit votre amie Lise Thériault ? Les mises en candidature ne sont pas en- core officielles. Ce sera vraiment à partir du 20 octobre qu’on verra qui se lance ou pas dans la course. Il peut y avoir plein de rebondissements d’ici là. Il faudra voir ce que chaque candidat aura comme vision du Québec. Il est encore trop tôt, énormé- ment de noms circulent. Mais c’est certain que si ma bonne amie devait changer son fusil d’épaule et se porter candidate évi- demment, l’amitié étant pour moi une va- leur importante, je serai à ses côtés.


































































































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