Page 7 - La Gatineau 21 mars 2013
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JEUDI 21 MARS 2013 - La Gatineau 7
Château Logue : Michel Lacroix donne sa version
SYLVIE DEJOUY
MANIWAKI – Après les nombreux articles et reportages qui ont été faits suite à l’affaire du Château Logue, le président Michel Lacroix a souhaité donner sa version de l’his- toire en organisant une conférence ouverte au public, mercredi 13 mars, au Château Logue. «Aux gens ensuite de se faire leur opinion».
A ses côtés, Lee Mc Connery, actionnaire du Château Logue. En face, une salle comble composée de journalistes, de citoyens, de membres de la famille et d’amis de Michel Lacroix. «Ma famille, les organisations que je dirige, ont été ébranlées, a déclaré d’entrée de jeu Michel Lacroix. C’est pourquoi j’ai voulu mettre les choses au point. L’histoire a été affreusement mal racontée. Ça prend 50 ans pour se faire une réputation, je ne laisse- rai personne la détruire en quelques se- maines. Je veux mettre fin aux mensonges qui ont été rapportés sans vérifier.»
Michel Lacroix affirme avoir été victime d’une «tempête médiatique. Faire mal à la ville plus que ça, c’est difficile. Dire que le Château Logue doit à la Ville 700 000 $ de taxes impayées depuis 2006, c’est énorme comme mensonge et j’ai peine à croire qu’on ait répété ça».
La mise à jour de cette affaire a entraîné une enquête du ministère des Affaires muni- cipales, des Régions et de l’Occupation du territoire auprès de la Ville de Maniwaki ; du Commissaire au lobbyisme du Québec ; du syndic adjoint de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec.
Les reproches
Principal point, les 700 000 $ de taxes
Durant sa conférence de presse, Michel Lacroix était accompagné de Lee McConnery, actionnaire du Château Logue.
avant de recourir à une vente pour taxes impayées qui enlèverait et annulerait proba- blement toute valeur à cette créance.»
Michel Lacroix ajoute : «Le refus de la Ville d’accepter un règlement réduisant sa créance non prioritaire conduirait inévitable- ment à la faillite du Château Logue et à une perte monétaire directe beaucoup plus im- portante voire probablement complète pour la Ville à l’égard de cette créance. De plus, elle perdrait également les revenus de taxes provenant des terrains faisant l’objet du bail emphytéotique et elle devrait reprendre à sa charge les installations de la Pointe-des- Pères. Dans le processus de règlement du prêt hypothécaire conclu en 2010 avec la BDC, deux firmes d’évaluateurs professionnelles réputées ont évalué à zéro dollar la valeur des intérêts du Château Logue dans le bail em- phytéotique et des extraits de ces rapports ont été remis à la Ville pour qu’elle en prenne connaissance. Une des deux firmes concluait même qu’il serait plus avantageux pour le château d’y mettre fin étant donné la non rentabilité actuelle et prévisible du parcours de golf, ce qui s’est avéré véridique depuis alors que l’exploitation du golf est déficitaire année après année.»
Concernant le fait que le Cabinet comp- table Piché Ethier Lacroix, dont Michel Lacroix est associé directeur, s’occupe de vérifier les comptes de la Ville, ce dernier nie tout conflit d’intérêt : «Je n’ai jamais parti- cipé à la vérification des livres de la Ville, c’est Kevin Huneault qui s’en charge. Jamais la notion d’indépendance nécessaire à l’exé- cution du mandat n’a été atteinte, perdue ni d’aucune façon menacée. A mois d’avis contraire, le cabinet n’entend pas se désister de mandat d’auditeur de la Ville.»
foncières qui seraient impayées depuis 2006. Faux répond Michel Lacroix : «Depuis 2010, on paye 15 % d’intérêt sur une dette de 600 000$soit12000$parmois,15000$à compter de juin 2013. Les dettes des taxes foncières du Château Logue ne font pas l’ob- jet d’un traitement de faveur de la part de la Ville. Les prescriptions de la loi sont suivies à cet égard et la Ville prend tous les moyens nécessaires pour protéger sa créance, comme elle le ferait pour tout autre contribuable. Non seulement cette situation ne cause aucun préjudice financier à la Ville mais les intérêts annuels perçus d’environ 65 000 $ contri- buent d’autant à la réduction du compte des taxes annuels du contribuable, contrairement à ce que certains ont bien voulu laisser en- tendre. Aussi, les taxes à recevoir de 518 675
$ font partie des surplus de la Ville et ces surplus lui permettent d’aller chercher le fi- nancement nécessaire à la réalisation des travaux et autres activités prévues au budget.»
Autre point : le règlement à des conditions avantageuses d’une dette pour bail emphy- téotique et la location d’une passerelle qui serait de l’ordre de 378 000 $. Faux répond de nouveau Michel Lacroix : «La situation concernant la créance pour le bail emphy- téotique et le loyer pour la passerelle totali- sant 257 069 $, 112 065 en taxes et 145 004 $ en loyers, selon nos livres est différente car cette créance n’est pas prioritaire et la Ville doit s’assurer d’aller chercher le maximum d’argent possible pour celle-ci, ce à quoi elle s’applique et ce qui explique sa patience
Rappels historiques
MANIWAKI - Avant de rentrer dans le vif du sujet, Michel Lacroix a rappelé l’origine du Château Logue. «En 1997, deux amis d’origine suisse m’ont dit qu’ils souhaitaient investir dans la région, explique-t-il. La Ville, qui avait des installations ici, dont le vieux Château Logue, perdait 30 000 $ par an, cela ne lui rapportait rien donc elle souhaitait s’en défaire. Mes deux amis ont vu là du po- tentiel mais ils voulaient que j’embarque. Je n’ai pas dit oui par appât du gain car c’était risqué mais pour le bien de ma région. Il est important de souligner que, bien que je fus désigné dès le départ pour présider le Château Logue, son principal actionnaire était et demeure toujours la SPEQ Château Logue avec 45,66 % des actions volantes à l’époque, 47 % aujourd’hui.»
Après avoir monté un plan d’affaire, cher- ché des investisseurs et autres sources de fi- nancement, le projet s’est élevé à 5 millions de dollars en 2000 plus 1,5 million de dollars en 2002 avec l’ajout du golf.
«Cela a permis de créer 45 emplois, se
justifie Michel Lacroix. Les retombées dans l’économie régionale sont supérieures à 30 millions de dollars depuis 2000, dont plus de 12 millions de dollars en salaires.»
Seulement, depuis plusieurs années le Château Logue connait une situation finan- cière critique, avec des déficits récurrents d’année en année de plus de 3,5 millions de dollars au 31 mai 2012. Il a fallu injecter beaucoup d’argent pour éviter la faillite. Les actionnaires ont abandonné les uns après les autres. Aujourd’hui il ne reste que Lee Mc Connery, Michel Lacroix et la SPEQ Château Logue.
«Pour être en mesure de maintenir le Château Logue en exploitation et de conser- ver plus de 40 emplois, non seulement les actionnaires ont eu à investir près de 4 mil- lions de dollars supplémentaires à leur mise de fonds initiale, mais divers prêteurs et autres intervenants du Château Logue ont également été mis à contribution, à défaut de quoi leurs pertes auraient été encore plus considérables advenant la mise en faillite et
la cessation des activités de l’hôtel, explique Michel Lacroix. Ainsi, la Banque de dévelop- pement du Canada, la Société de diversifica- tion économique de l’Outaouais, le CLD de la Vallée-de-la-Gatineau, la SADC de la Vallée-de-la-Gatineau, le ministère du Revenu du Québec, la Ville de Maniwaki et Investissement Québec, ont tous participé pour permettre la continuité de l’exploitation et ainsi récupérer une partie de leurs inves- tissements ou créances respectives. Bien que ces pertes soient malheureuses, il s’agissait du meilleur dénouement possible pour ces orga- nismes dans les circonstances car ils auraient tous perdu davantage en cas de faillite de l’entreprise, sans compter les emplois perdus. Ce dénouement moins dommageable a ce- pendant été uniquement rendu possible suite aux investissements massifs et répétés consen- tis par les actionnaires, principalement M. Mc Connery et moi, investissements que je continue de consentir afin de maintenir l’hô- tel en activité en attendant des jours meilleurs.»
MANIWAKI - Michel Lacroix ne veut pas envisager une faillite : «Il faudra d’abord travailler à rétablir la réputation. Aujourd’hui, on est pas rentable mais on est moins pas rentable qu’avant. Je re- cherche le financement nécessaire, idéale- ment 1 million de dollars, pour remettre le Château Logue sur les rails. Malgré le tra- vail de démolition et la campagne de salis- sage dont j’ai récemment été la cible, ce n’est pas mon intention d’abandonner le Château Logue maintenant, alors que les dernières ententes obligatoires au maintien des opérations sont sur le point d’être conclues avec la Ville et Investissement Québec. Ces ententes permettront enfin de
pouvoir rechercher et trouver le financement nécessaire pour régler le coû-
teux problème des taxes et autres fournis- seurs en retard.»
Que deviendra le Château Logue ?
La salle était comble, avec des journalistes, citoyens et proches de Michel Lacroix.


































































































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