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PRODUITS FORESTIERS RÉSOLU
Autour de 60 personnes ont manifesté
MANIWAKI - «On veut travailler» ; «Mr Lessard mettez vos culottes» ; «Mr le ministre on veut vous rencontrer». Les messages sur les pancartes étaient clairs. Une soixantaine de personnes ont manifesté mardi matin, devant les bureaux du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, pour que le ministre Laurent Lessard règle au plus vite le problème de l’approvisionnement en bois de Produits forestiers Résolu. Un problème qui a entraîné la fermeture de l’usine de Maniwaki le 16 mai, laissant près de 80 employés sans travail pour une durée indéterminée. Un problème qui entraînera aussi la fermeture de la papetière de Gatineau, à partir de la troisième semaine de juin, en raison d’un manque de copeaux.
Cette manifestation a été initiée par les employés syndiqués de Résolu. Richard Forest, président d’Unifor pour la scierie de Maniwaki, et Renaud Gagné, directeur adjoint d’Unifor au Québec, n’ont pas eu de difficulté à faire descendre les ouvriers dans la rue, des salariés qui subissent des fermetures à répétition depuis plusieurs années.
Selon les deux responsables syndicaux, si la scierie de Maniwaki a fermé, c’est à cause d’un problème de planification : «Avant, c’était les entreprises qui faisaient la planification des
travaux et des territoires de récolte. Elles sou- mettaient ensuite leurs plans au gouvernement en décembre, afin de les faire approuver pour la saison suivante de coupe qui va du 1er avril au 31 mars de chaque année. Ainsi les compa- gnies forestières avaient le temps de planifier les travaux de construction de chemins fores- tiers pour se rendre sur les territoires de coupe.»
Mais depuis le 1er avril 2013 et le nouveau régime forestier, c’est le ministère qui doit maintenant faire cette planification de la récolte et aviser les compagnies forestières des territoires où elles s’approvisionneront.
«Le problème, c’est que plusieurs retards ont eu lieu, entraînant un manque de ressources équivalent à 43 000 m3 que la scierie Maniwaki n’a pas pu recueillir, commente Renaud Gagné. Même si le ministre Lessard a renouvelé cet agrément, on ne sait toujours pas à l’heure actuelle sur quels territoires se fera la récolte. Et c’est la même chose pour 100 000 m3 compris dans la garantie d’approvi- sionnement de la scierie pour cette année et pour laquelle le territoire n’est pas défini. Si on ajoute à ça le fait que le territoire se compose de forêt mixte et pour laquelle les compagnies forestières doivent se concerter pour faire la
▲ Une soixantaine de personnes ont manifesté mardi matin, devant les bureaux du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, pour que le ministre Laurent Lessard règle au plus vite le problème de l’approvisionnement en bois de Produits forestiers Résolu.
Soutien de plusieurs acteurs de la région
Parmi les manifestants, il y avait aussi le pré- fet Michel Merleau, le maire de Sainte- Thérèse-de-la-Gatineau André Carle, des chefs d’entreprises, commerçants, la Chambre de commerce de Maniwaki et la Vallée-de-la- Gatineau. Tous sont venus exprimer leur appui aux travailleurs de Résolu.
Au sein de la CCMVG, Claude Benoit est responsable du dossier forêt. «Nous sommes là pour les appuyer dans leur démarche,
explique-t-il. Cela concerne tous les proprié- taires d’entreprises de la région car l’industrie forestière est la base de l’économie dans la Haute-Gatineau. Il faut absolument garder nos entreprises ouvertes, c’est important pour tous les secteurs de notre économie.» Or, selon lui, «le gouvernement ne va pas assez vite, ça ne bouge pas. Un comité spécial a été mis en place et il n’y a toujours rien de réglé».
Michel Merleau est d’accord qu’il faut
«indiquer au gouvernement le fait que la région veut maintenir ses emplois industriels et a donc besoin de tout le monde, dont du ministère, pour aller chercher le maximum d’approvisionnement en terre publique, qui représente plus de 70% de l’approvisionnement requis pour opérer».
En revanche, le préfet assure que le comité d’urgence «Initiative Maniwaki», mis en place par le ministre, est très actif : «Il y a plusieurs rencontres par semaine entre les industriels et
Producteurs privés: trouver une solution qui convienne à tous
Des négociations sont actuellement en cours entre les industriels et producteurs privés de bois. La semaine dernière, la CCMVG émettait un communiqué dans lequel elle disait comprendre les revendications de l’Office des producteurs de bois de la Gatineau, mais leur demandant d’arrêter «de vouloir voir mourir notre industrie forestière dans la Vallée-de-la-Gatineau». Un communiqué qui a fait vivement réagir
des producteurs privés (lire ci-contre).
Claude Benoit insiste : «Il faut travailler ensemble pour trouver une solution qui convienne à tout le monde. Je souhaite que les deux parties réussissent à s’entendre une fois pour toute, afin de trouver une solution à long terme. Les producteurs privés sont une part importante de notre économie mais il faut que l’usine reste ouverte sinon ils ne seront pas plus avantagés. Il faut
démontrer une union forte, réussir à s’en- tendre pour avoir une force commune et démontrer au gouvernement que la forêt est importante pour notre région.»
Même son de cloche du côté de Michel Merleau : «On doit travailler à trouver des compromis acceptables pour tout le monde.»
Pour le m oment, aucune date n’est avan- cée concernant la réouverture de la scierie
de Maniwaki. «Il faut qu’elle ait assez de bois en inventaire pour reprendre, explique Michel Merleau. J’espère qu’elle pourra rou- vrir à la mi été.»
À noter que le maire de Maniwaki Robert Coulombe n’était pas présent à la manifestation. Rencontré plus tard dans la matinée, il a expliqué avoir été mis au cou- rant juste avant le rassemblement et qu’il n’a pas pu venir à cause d’autres obligations.
Lettre des producteurs de bois de la Vallée-de-la-Gatineau
Suite à l’article du journal La Gatineau publié le 5 juin dernier, nous (producteurs et proprié- taires de boisés dans la Vallée-de-la-Gatineau) sommes vraiment déçus de la position prise par la CCMVG.
Vous attaquez personnellement un de nos administrateurs (Raymond Johnson, NDLR) qui nous représente depuis plusieurs années de très bonne façon et qui a notre appui sur tous les dossiers nous concernant. Vous savez dans la société, il y a des élus dans plusieurs domaines et dans le nôtre, c’est aussi le cas. Nos représentants ont été élus majoritairement et nous leur faisons entièrement confiance, surtout dans un dossier d’une aussi grande importance pour notre survie à nous tous. Nous trouvons que vous n’avez pas respecté nos intérêts par la façon dont vous vous êtes exprimés et comportés dans ce dossier.
Maintenant, quelques mots sur l’usine que vous défendez sans arrêt, c’est-à-dire Produits
forestiers Résolu. Pensez-vous vraiment que si nous ne livrons pas de volumes des forêts pri- vées à l’usine, ils vont la fermer par notre faute. Ils disent dans votre article que nous fournis- sons 20% de leur approvisionnement annuel. Donc d’après vous, est-ce à cause du 20% man- quant que l’usine fermera ses portes ? NON. Dans les dernières années, nous étions très loin du 20% mentionné et est-ce que l’usine était fermée ? NON. Dans les deux dernières années, nous avons livré du bois 10 mois sur 24, est-ce que l’usine était fermée ? NON.
Saviez-vous que depuis 2007, nous avons fait plusieurs concessions (baisse des prix, séparation des essences, etc.) pour aider l’usine à rester en vie. Depuis ce temps, on a été privés de livraisons à toutes sortes de moments, réduisant nos revenus annuels d’une manière considérable. Dans notre situation, c’est dra- matique étant donné que contrairement aux employés de l’usine, nous n’avons pas droit à
l’assurance chômage parce que nous sommes des travailleurs autonomes.
Tout ce qu’on demande, c’est un juste retour de l’ascenseur, c’est-à-dire les prix qu’on avait en 2007 plus un ajustement pour le coût de la vie qui est d’environ 10% au total depuis 2007.
Ceci est la vérité vous démontrant que les prix qui sont sur la table ne sont pas cachés par nos représentants, tel qu’écrit dans un article du journal La Gatineau du 5 juin dernier. Réveillez-vous et regardez les choses en face, ce n’est pas notre faute si l’usine ferme mais plutôt une façon de faire de l’industriel pour pouvoir avoir tout ce qu’ils veulent du ministère.
Une chose est sûre, quand nous livrons du bois dans de bonnes conditions, c’est-à-dire avec des prix équitables et sans arrêt de livrai- sons par l’usine, nous participons grandement à l’économie régionale parce qu’en plus de payer des taxes municipales, nous dépensons notre argent localement car on habite dans la
région. Nos scies à chaînes et nos débus- queuses ne fonctionnent pas à l’eau, le prix du carburant augmente sans cesse et il y a beau- coup d’investissement à faire pour tenir tout cela en ordre.
Autre chose, si la proposition serait raison- nable comme M. Blackburn le mentionne, pensez-vous vraiment que nos représentants n’auraient pas accepté leur offre, puisque notre survie en dépend fortement.
Suite à ceci, tout ce qu’on demande, c’est que la CCMVG arrête de nuire à nos repré- sentants durant les négociations avec Produits forestiers Résolu. N’oubliez pas que nous sommes des résidents de la région et que nous dépensons nos revenus dans vos commerces.
Signé par les producteurs Mario Langevin et Simon Allen (Aumond), Roger Gascon (Bouchette), Denis Charlebois et Jacques Lafrance (Déléage), Luc St-Jacques, René Côté, Jonathan Lapratte, Réjean Côté et Raymond Paquette (Montcerf-Lytton).
récolte au meilleur coût possible, on n’a pas fini. On nous a promis que cette question serait réglée pour la fin mai, et voilà qu’on vient d’annoncer que la planification du minis- tère ne serait pas prête avant le 23 juin. Aurons-nous un autre délai ? C’est inquiétant.»
Les travailleurs appellent le ministre Lessard à prendre une décision au plus vite, «afin de régler le problème de planification ou bien laisser les industriels la faire temporaire- ment». Le syndicat Unifor déplore de plus le fait que depuis sa nomination, le ministre
Lessard n’a toujours pas répondu à leur demande de rencontre. «Pourtant dans le passé, tant avec le gouvernement du Parti libé- ral que celui du Parti québécois, nous avons toujours eu des échanges et de bonnes relations avec les différents ministres qui se sont succé- dés, indique Renaud Gagné. Nous avons des solutions claires et précises à proposer, nous avons une expertise dans le secteur qui n’est pas négligeable. C’est dommage qu’on ne se donne même pas la peine d’entendre ce que les travailleurs ont à dire.»
Sylvie Dejouy
les gens du ministère. Le dossier est suivi par le ministre, qui veut une solution avant fin juin, et par Stéphanie Vallée, afin de rouvrir au plus vite. Je comprends les frustrations des syn- dicats mais les solutions durables ne sont pas faciles à trouver. Il faut se réjouir que le ministre insiste pour qu’on trouve une solution régionale à un problème régional. Nous on veut une solution à court-terme pour rouvrir vite mais aussi à long-terme.»


































































































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