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La Gatineau 29 janvier 2015 27 L’avenir de la Vallée-de-la-Gatineau, je m’y emploie !
Médecins : détermination et vocation
LA GATINEAU - Suite de notre chronique dédiée à l’emploi et présentée en collaboration avec Mélanie Marchand, agente d’accueil, d’intégration et de rétention de la stratégie Complicité Emploi Vallée-de-la-Gatineau. Nous vous parlons cette fois du métier de médecin.
Professionnel central du monde de la santé, le médecin examine, établit un diagnostic, ordonne des examens et prescrit le traitement pharmaceutique ou hospitalier qui s’impose. Il suit ses patients et veille à leur santé dans sa globalité. Il y a des médecins généralistes et des médecins spécialistes.
Face aux problèmes de santé (maladie, blessure, choc psychologique, etc). Le médecin doit faire un diagnostic sur la base d’éléments multiples comme l’interrogatoire clinique durant lequel le patient décrit ce qu’il ressent, l’auscultation sous forme d’examen, palpation, prise de tension et autres explorations fonctionnelles.
Perspectives
Être admis en médecine n’est pas simple. Chaque année, seuls 230 candidats sur les 2 500 qui déposent une demande sont admis.
Sur le marché du travail, mis à part une légère diminution vers la fin des années 1990 en raison des effets du programme de préretraite du gouvernement provincial, le nombre de médecins spécialistes a augmenté de façon notable au cours des dernières années. Compte tenu de la croissance des besoins en matière de santé, surtout dans les spécialités, de la priorité des gouvernements dans le domaine de la santé, mais aussi de l’insuffisance du bassin de main-d’œuvre, leur nombre devrait continuer à augmenter de
façon notable au cours des prochaines années.
Qualités et aptitudes nécessaires
Une facilité pour la science et de longues études sont certes des ingrédients importants pour devenir médecin. Mais il faut aussi bien plus que cela. Voici quelques qualités essentielles d’un bon médecin.
Il faut avoir de la détermination, car un médecin doit franchir de nombreuses étapes : étudier à l’université durant de longues années (et avant tout être accepté dans une faculté de médecine), puis compléter une période de résidence d’une durée minimale de deux ans. Cela représente un défi de taille qui peut décourager bien des candidats.
Le médecin doit se préoccuper des gens, car il doit poser des actes médicaux avec patience, empathie et compassion. Mais être au chevet de ses patients n’est pas tout : un médecin est aussi en communication constante avec les autres professionnels de la santé, les techniciens de laboratoire, les membres des familles, etc.
Il doit avoir également un esprit de décision et une pensée rationnelle, car les médecins généralistes, particulièrement, voient beaucoup de gens et beaucoup de problèmes : des gens qui ont parfois du mal à décrire ce qui ne va pas. Il convient alors au médecin de poser un diagnostic et de prescrire un traitement, ce qui demande une grande capacité de décision. Il faut savoir interpréter les explications du patient, identifier ses symptômes et proposer le traitement qui convient. Une certaine humilité est aussi nécessaire dans les cas de doute. Il n’y a rien de mal à demander un deuxième ou un troisième avis. Même les médecins ont parfois
des doutes!
Où exercer le métier de médecin?
Les médecins peuvent décider d’exercer dans des cadres divers, seuls ou au sein d’un groupe ou d’une équipe de santé familiale, dans un hôpital, dans un centre de soins communautaires, un bureau de santé publique, un institut de recherche, un laboratoire, pour le secteur privé ou le gouvernement.
De plus en plus de médecins travaillent en collaboration avec d’autres fournisseurs de soins de santé dans le cadre d’équipes interdisciplinaires pour prodiguer des soins de qualité.
Les études
Au Québec, la formation en médecine, d’une durée de 4 ou 5 ans, conduit à l’obtention d’un diplôme de doctorat de 1er cycle. Elle se divise généralement en deux étapes : la première étape, appelée formation préclinique (ou préexternat), d’une durée approximative de deux ans, se déroule sur le campus et consiste essentiellement en une série de cours. La seconde étape, appelée formation clinique (ou externat), d’une durée approximative d’une année et demie, se passe dans les différents établissements du réseau de la santé affiliés à l’université d’inscription. Au terme de cette formation de 4-5 ans, le candidat est soumis à un examen terminal. Le diplôme de doctorat en médecine permet de postuler à l’un des programmes de résidence qu’il faut compléter afin d’obtenir un droit de pratique. Le diplôme permet également de s’inscrire à une formation de 2e ou de 3e cycle, en maîtrise ou au doctorat.
Pour obtenir un permis d’exercice de la médecine, un médecin doit avoir complété
▲ Claudia Bainbridge-Bérubé, médecin au Centre de santé et de services sociaux de la Vallée-de-la-Gatineau, en compagnie de Mélanie Marchand, agente d’accueil, d’intégration et de rétention de la stratégie Complicité Emploi Vallée-de-la-Gatineau.
une formation postdoctorale (résidence) d’une durée minimale de 2 ans (4 à 8 ans pour les spécialités), au terme de laquelle il doit obtenir une licence du Conseil médical du Canada, réussir les différents examens prescrits en fonction de sa spécialité auprès du Collège des médecins de famille du Canada ou du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, puis en faire la demande auprès du Collège des médecins du Québec.
Notons que les services de Complicité Emploi sont possibles grâce à la participation du Centre local d’emploi de Maniwaki.
Plus qu’un métier, c’est une passion au quotidien
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Depuis juillet, le Centre de santé et de services sociaux de la Vallée-de-la- Gatineau compte un nouveau médecin : Claudia Bainbridge-Bérubé. Du haut de ses 26 ans, blouse blanche sur le dos et stéthoscope au cou, la jeune femme a sans aucun doute trouvé sa vocation.
Originaire de la région, après le secondaire à la Cité étudiante, Claudia a pris la direction du Cegep de Mont-Laurier pendant deux ans en sciences de la santé. «Je savais déjà que je voulais travailler dans le domaine de la santé, explique-t-elle. J’aimais les sciences et je voulais une profession qui me permettrait d’être en contact avec les gens, d’avoir une relation privilégiée avec les patients. C’est un domaine dans lequel il y a toujours quelque chose à apprendre.» Claudia garde un bon souvenir de son passage à Mont-Laurier : «C’est un bon Cegep, on était que 24 dans la classe.»
La suite : cinq ans de médecine générale à l’université de Montréal avec à la clé un doctorat. «C’est après que j’ai choisi de me spécialiser en médecine familiale, explique la jeune femme. Donc j’ai fait deux ans de résidence à l’UMF de Gatineau. J’avais des cours plus un stage supervisé par des médecins.»
Les études de médecine riment avec beaucoup de travail. Dès la quatrième année, il faut combiner cours et stages en CLSC, dans un bureau privé de médecins, en centre de réadaptation ou dans un hôpital. Mais pour
Claudia, «quand c’est un domaine qui nous passionne, c’est 7 ans qui passent vite. Le Cegep c’est un peu plus difficile car il y a des matières qui plaisent moins mais après on entre vraiment dans le domaine de la médecine».
Ses études terminées, Claudia a décidé de retourner dans sa région natale pour commencer à travailler au CSSVG le 8 juillet dernier. En effet, pendant quatre ans elle a bénéficié des Bourses de la relève qui lui ont permis de financer une partie de ses frais de scolarité en échange de quoi elle s’engageait à revenir travailler dans la Vallée-de-la-Gatineau.
Aujourd’hui, son quotidien consiste à faire de l’hospitalisation, c’est-à-dire s’occuper des patients qui sont admis à l’hôpital. «Ici, il y a moins de spécialistes qu’en ville donc il y a beaucoup de collaboration par téléphone avec ceux qui sont en ville, explique-t-elle. C’est une pratique intéressante et stimulante, on apprend vite.»
Claudia fait aussi des visites au Foyer Père- Guinard durant la semaine, participe à des réunions multidisciplinaires et il lui arrive d’être de garde pour les deux CHSLD de la région. S’y ajoute du sans rendez-vous le lundi soir à la clinique située en haut du Familiprix, avec le Dre Audrey Bertrand. «À partir de mars, quand la pharmacie aura déménagé, je commencerai à faire du bureau c’est-à-dire les examens annuels des patients, du suivi, des petites urgences», précise la jeune médecin.
Bilan : les semaines d’hospitalisation peuvent aller jusqu’à 80 heures. Mais il y a aussi des semaines moins occupées qui sont quand même de 40 à 50 heures. Sans compter
le travail administratif et les formations qu’il faut faire régulièrement. «Si tout va bien, il m’arrive de partir à 17h, explique Claudia. Mais si un patient n’est pas bien je pars plus tard. Je vais aussi aux soins intermédiaires, les soins intensifs, qui demandent beaucoup d’attention.»
La somme de travail n’est cependant pas un problème pour Claudia qui adore son métier, et ça paraît lorsqu’elle en parle : «C’est stimulant. On apprend tous les jours. Aider les gens c’est valorisant et gratifiant. Chaque personne est comme une nouvelle rencontre. J’aime aussi travailler en collaboration avec les professionnels. Ce n’est pas un travail routinier.»
La jeune médecin apprend d’autant plus qu’elle a opté pour un centre de santé en milieu rural : «Il y a plus de travail mais j’apprends plus car je suis en contact direct avec les spécialistes».
Savoir écouter
Selon Claudia, l’une des qualités primordiales pour exercer ce métier est l’humilité, d’autant que le médecin a des vies entre ses mains : «Il faut savoir dire qu’on ne sait pas et aller chercher de l’aide. C’est normal qu’on ne sache pas tout.»
Le médecin doit faire face à des situations difficiles, des décès, l’inquiétude et la peine des familles. «Il faut avoir une bonne capacité de communication, apprendre à dire les vraies choses, explique Claudia. Parfois on se demande si on a vraiment fait tout ce qu’on pouvait. Mais ici on a une belle équipe de médecins, on est toujours deux à l’hospitalisation et on est bien entourés.»
Autres aptitudes nécessaires : «Aimer les
▲ Claudia Bainbridge-Bérubé, médecin au Centre de santé et de services sociaux de la Vallée-de-la-Gatineau, en compagnie de Dre Audrey Tinh-Phu, qui a été accueillie en 2010 par Complicité Emploi.
sciences et surtout la biologie, avoir de l’entregent, de la détermination, avoir un bon sens de la communication et de la collaboration, avoir de l’empathie pour les patients et une bonne capacité d’écoute, bien gérer son temps que ce soit pour les études mais aussi après.»
Si un jeune venait la voir avec en tête l’idée de devenir médecin, Claudia lui conseillerait de «croire en ses capacités, faire les cours nécessaires au secondaire, s’impliquer dans les comités, ne pas se décourager au Cegep car ce n’est que transitoire». Et surtout, «ne pas se dire que ce n’est pas un métier accessible».


































































































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