Page 11 - La Gatineau 21 mai 2015
P. 11

La Gatineau 21 mai 2015 11 Appel à l’association des camionneurs
TRANSPORT DU BOIS
FRANÇOIS ROBERT
frobert@lagatineau.com
LA GATINEAU - Les camionneurs artisans de la Vallée-de-la-Gatineau devraient joindre l’Association nationale des camionneurs artisans (ANCAI) et son Regroupement des transporteurs forestiers du Québec (RTFQ ) pour mieux faire valoir leurs intérêts face aux industriels et aux gouvernements, a plaidé Mario Camirand, représentant forestier de l’ouest du Québec à l’ANCAI, devant une cinquantaine de camionneurs réunis le 13 mai dernier au Centre Jean-Guy Prévost de Grand-Remous.
«Pour avoir une meilleure force de frappe et un meilleur pouvoir de négociation afin de tenter d’améliorer la situation des transporteurs forestiers, il faut comprendre que c’est en se regroupant», insiste M. Camirand.
La tournée effectuée par Mario Camirand s’inscrit dans le cadre de l’émergence d’une structure autonome pour les transporteurs forestiers. «Le changement majeur qui a été fait au niveau de l’ANCAI, c’est que le territoire du Québec a été divisé en deux et je suis devenu responsable pour toute la partie ouest, précise M. Camirand. Ce que ça vient faire comme différence, c’est que le regroupement des transporteurs forestiers veut vraiment se donner une structure autonome, mais continuer d’être parrainé par l’ANCAI. Ils subventionnent la structure pour la mettre en place.»
Selon les chiffres fournis par le représentant forestier de l’Ouest du Québec à l’ANCAI, il y aurait environ 2000 transporteurs forestiers pour l’ensemble de la province et 175 pour la Vallée-de-la-Gatineau, dont environ une trentaine étaient membres de l’ANCAI au début de la réunion du 13 mai. «C’est un creux historique, analyse Mario Camirand. La crise forestière et tout ce qui s’est passé dans les dix ou quinze dernières années fait qu’il y en a beaucoup qui ont laissé et d’autres par manque d’intérêt parce qu’ils se sentaient moins impliqués par rapport à leur association. Et peut-être que la structure qui était en place avant n’était pas adéquate?»
Ce qui va dans le sens du témoignage recueilli auprès d’un des camionneurs présents à la rencontre du 13 mai. «J’ai été membre de l’ANCAI une quinzaine d’années, et il n’y avait plus personne qui prenait le temps de s’occuper des transporteurs forestiers du Québec, a indiqué Alain Lamoureux de Mont-Laurier qui travaille aussi souvent dans la Vallée-de-la-Gatineau. Quand j’ai vu que la situation avec les taux de transport qui n’augmentaient pas et qu’il ne se passait rien, j’ai lâché de payer l’ANCAI, ça doit faire une dizaine d’années, mais je peux vous dire que demain matin je recommence à payer l’ANCAI suite à notre réunion de Grand-Remous.»
Mode de rémunération et sécurité
Le mode de financement actuel du transport forestier et les règles entourant la sécurité peuvent difficilement être arrimés, estime M. Camirand. « C’est presque une aberration, s’exclame Mario Camirand. On met tout en place en termes de règlementation pour rendre nos routes le plus sécuritaires possibles, mais on dit au transporteur forestier: «Il faut que tu en fasses beaucoup plus que ce que la loi te permet de faire pour gagner ta vie», ce n’est pas dit de cette façon-là, mais la forme de rémunération qui est en place incite le transporteur à se dépasser et à dépasser ses heures de conduite et les limites de charge par manque de revenu, c’est systématique.
L’entretien du véhicule en est aussi affecté. Par exemple, si un transporteur doit remplacer ses pneus, mais que sa marge de crédit est pleine, il doit travailler pour ne pas perdre son camion. Je pense que pour qu’une meilleure structure de rémunération puisse surgir, il faut que le niveau politique s’implique.»
«Ultimement, nous voudrions que l’on puisse avoir une forme de rémunération qui soit suffisante pour apporter une opération normale avec un contrat qui permet d’éviter le plus possible l’exagération, a précisé M. Camirand. L’entente qui existe dans l’industrie du vrac pourrait être un exemple. Elle apporte un meilleur contrôle et la flotte du transport en vrac est une des meilleures et plus sécuritaires. Ils ont une garantie de tarif à l’heure pour leur véhicule et une garantie de travail. Nous n’avons pas d’équivalent dans le domaine forestier.»
Étude pour étayer l’argumentaire
Une étude est présentement en cours avec dix entrepreneurs en transport forestier pour documenter leur baisse de revenus au cours des dix dernières années. «Ce sera un outil supplémentaire pour faire la preuve que la situation oblige le transporteur à en faire beaucoup plus pour avoir le même résultat, souligne Mario Camirand. Ça fait partie d’un ensemble d’outils que nous sommes en train de bâtir pour être capable d’avoir le plus d’informations possible dans notre portefolio pour répondre aux divers arguments qui peuvent nous être présentés.»
Changements législatifs
Certains transporteurs ont installé un appareil dans chaque camion qui dit au client quand le camion roule, son heure de départ, quand il attend pour décharger, etc. «Cela permet qu’il n’y ait pas d’exagération ni d’un
bord ni de l’autre et que le transporteur soit payé pour les actions qu’il a faites, souligne M. Camirand. Je pense que tous les propriétaires de camion seraient heureux si c’était mis en place dans notre industrie.» Mais pour forcer l’implantation d’un tel système à la grandeur de la province, cela prendrait un changement législatif du ministère des Transports. Le Journal La Gatineau a fait une demande d’entrevue à ce sujet à l’attachée de presse du ministre des Transports, Robert Poëti. Au moment de mettre sous presse, nous n’avions toujours pas eu de réponse positive pour une entrevue avec le ministre sur cette question.
Son attachée de presse a indiqué qu’aucune demande n’avait été reçue pour l’installation d’un tel dispositif à sa connaissance et que ce scénario n’avait pas été évalué. D’autres vérifications devraient être faites au cours des prochains jours.


































































































   9   10   11   12   13