Page 37 - La Gatineau 21 mai 2015
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La Gatineau 21 mai 2015 37
TRAVAILLEUR SOCIAL
Examiner les réalités sans jugement
LA GATINEAU - Suite de notre chro- nique dédiée à l’emploi et présentée en col- laboration avec Mélanie Marchand, agente d’accueil, d’intégration et de rétention de la stratégie Complicité Emploi Vallée-de-la- Gatineau. Nous vous parlons cette fois du métier de travailleur social.
Aider les gens à trouver des solutions efficaces et durables à leurs problèmes sociaux : c’est le point central de la mission du travailleur social, qui est plongé au cœur des réalités humaines.
Le travailleur social aide concrètement les personnes confrontées à des réalités sociales difficiles : la violence familiale, la perte d’autonomie ou la pauvreté, par exemple. Comment ? En leur permettant de trouver eux-mêmes des solutions lors- qu’ils rencontrent ces difficultés.
Les travailleurs sociaux sont formés pour connaître le fonctionnement et les pro- blèmes de la société, mais aussi les compor- tements humains. Souvent, ils se spécia- lisent pour s’adresser efficacement à un groupe précis, les adolescents par exemple. Leur force, c’est de savoir analyser des situations sociales compliquées et construire des programmes d’aide adaptés.
Avec d’autres spécialistes, ils inter- viennent auprès des personnes en difficulté, notamment dans les hôpitaux, les écoles et les centres jeunesse. Ils peuvent aussi agir en tant que médiateurs familiaux. En cas de séparation, ils aident à trouver une
entente qui tient compte des intérêts de chacun des conjoints et de leurs enfants.
Qualités et aptitudes nécessaires
Un travailleur social doit démontrer de la compassion, mais on lui demande aussi de savoir écouter et communiquer pour com- prendre les problèmes des gens et leur pro- poser efficacement des solutions, s’ouvrir aux autres et respecter leurs valeurs. Une partie de son travail consiste à examiner les réalités sociales sans les juger et s’intéresser à la défense des droits de la personne.
Perspectives
Selon Emploi Québec, les perspectives d’emploi sont favorables dans la région de l’Outaouais pour les travailleurs des services communautaires et sociaux. Les débouchés proviendront de la création de nouveaux emplois et de postes qui seront libérés par les travailleurs des services communautaires et sociaux qui prendront leur retraite. Peu de débouchés pourront être comblés par des tra- vailleurs expérimentés en chômage, puisqu’ils sont peu nombreux dans cette profession.
Où exercer le métier ?
Les travailleurs sociaux agissent notam- ment dans les organismes communautaires, les établissements de santé, les centres d’hé- bergement, les centres jeunesse, les prisons et les écoles.
Ils travaillent souvent avec d’autres spé- cialistes : des médecins, des enseignants, des avocats, des psychologues, etc.
▲ Mélanie Marchand (à droite), agente d’accueil, d’intégration et de rétention de la stratégie Complicité Emploi Vallée-de-la-Gatineau, en compagnie de Debbie Moore, travailleuse sociale au CLSC de Maniwaki.tus.
Une profession gratifiante et enrichissante
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Entre les rencontres avec ses clients, les notes évolutives, les rapports, Debbie Moore, travailleuse sociale au CLSC de Maniwaki, exerce une profession peu routinière qui lui permet de s’enrichir quotidiennement sur le plan personnel.
Originaire de Maniwaki, Debbie Moore a suivi son secondaire à la Cité étudiante, dans le secteur anglophone. Son secondaire 5 en poche, elle s’est d’abord orientée vers des études en éducation spécialisée, à Lennoxeville près de Sherbrooke, durant un an. Mais par ces études, Debbie Moore se préparait à travailler essentiellement dans le domaine de la déficience intellectuelle. Elle a donc décidé de devenir travailleuse sociale, «pour travailler notamment avec les personnes handicapées mais autrement».
Après un DEC en sciences humaines au collège Champlain, toujours à Lennoxeville, durant deux ans, puis un bac en sciences appliquées durant trois ans, Debbie Moore a décidé d’aller chercher son bac en travail social à Hull. À l’époque, elle occupait en parallèle de ses études un poste d’intervenante sociale au CLSC Pontiac.
«J’ai toujours su que je voulais travailler avec les personnes handicapées, explique-t- elle. J’avais monté plusieurs projets étudiants sur la déficience intellectuelle. J’ai choisi ce métier car j’aime le relationnel, les dynamiques familiales, ça m’a toujours
passionnée. On est là pour soutenir et aider les personnes, on est des agents de changement, on donne un coup de main dans les difficultés. J’ai déjà fait une seule intervention et le problème était réglé. J’ai toujours aimé aider les gens.»
Depuis 1986, Debbie Moore travaille au CLSC de Maniwaki. Elle a dans les premiers temps de sa carrière été sur la liste d’attente comme intervenante sociale, durant un an et demi. Pendant 10 ans, elle a été dédiée à l’enfance jeunesse puis le soutien à domicile. Depuis 6 ans, Debbie Moore fait partie de l’ordre qui l’autorise à porter le titre de travailleuse sociale.
«Actuellement, je travaille en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme, explique-t-elle. J’ai environ 48 clients. Je suis là pour aider une clientèle vulnérable. Certaines personnes sont en appartement, d’autres vont à Jean-Bosco, St-Eugène. Ce sont des gens de tous âges, je les rencontre à la maison ou à l’école.»
Debbie Moore se définit comme une «intervenante pivot, notamment pour appuyer les parents car il y a beaucoup de démarches. J’aide à l’intégration à l’école ou au travail, je les oriente vers les services dont ils ont besoin. On fait des évaluations, on regarde où sont leurs besoins. On travaille beaucoup en partenariat avec le Pavillon du parc et la commission scolaire».
Selon Debbie Moore, les aptitudes nécessaires pour exercer cette profession sont «aimer le monde, avoir une bonne écoute, de l’empathie, respecter les gens
▲ Debbie Moore (à droite) et sa collègue Martine Lepage, travailleuses sociales au CLSC.
Les études
Pour pouvoir exercer la profession de tra- vailleur social, il faut obtenir un baccalau- réat ou une maîtrise en travail social ou en service social. Plusieurs universités pro- posent ces formations au Québec.
Le titre de travailleur social est un titre réservé. Cela signifie que pour exercer cette profession, il faut être membre de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conju- gaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ ).
Certains étudiants choisissent de faire une technique en travail social plutôt qu’un baccalauréat. Cette formation leur permet de remplir des tâches parfois proches de celles des travailleurs sociaux. Mais ce diplôme ne leur permet pas d’obtenir le titre de travailleur social.
Notons que les services de Complicité Emploi sont possibles grâce à la participa- tion du Centre local d’emploi de Maniwaki.
avec qui on travaille. En déficience intellectuelle, il faut croire au potentiel des gens. Les gens viennent ici volontairement, il faut écouter leurs demandes et ne pas leur imposer.»
Le travailleur social devra aussi être «dynamique, réactif. Tu peux planifier ta journée et ça change. Ce qui ne marche pas avec une personne peut marcher avec une autre. Il faut aussi être capable de travailler en partenariat, ne pas hésiter à demander de l’aide aux autres intervenants. Il faut aussi
pouvoir gérer le stress et les émotions des gens».
Aux jeunes qui envisageraient de faire ce métier, Debbie Moore leur conseille de ne pas rester fixé sur l’idée qu’on avait en tête à la base : «Des fois on peut par exemple vouloir travailler avec les jeunes mais ça sera pas forcément le cas au début. C’est un métier exigeant et on n’obtient pas toujours les résultats que l’on souhaite. Mais c’est un métier qui apporte beaucoup.»


































































































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