Page 28 - 60e anniversaire La Gatineau
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28 7 avril 2016
Un peu de l’histoire des gens d’ici
En 1955, il n’y avait pas de route 105, on avait accès au parc de La Vérendrye par une barrière au sud. Les Beatles vivaient leur enfance à Liverpool. L’homme s’arrêtait dans les champs et se recueillait quelques secondes pour l’Angélus. Il n’avait pas encore marché sur la lune et la femme s’extériorisait de plus en plus. Marilyn Monroe défrayait la manchette des journaux à potins et Judy Garland trônait toujours au sommet des plus grandes actrices du cinéma américain qui s’était mis à parler, au grand dame de l’ineffable Charlie Chaplin. L’Union nationale de Maurice Duplessis dominait toujours le Québec. Plusieurs de ces histoires ont marqué l’humanité à tout jamais.
L’Union catholique des femmes rurales (UCFR) a marqué le pas des femmes dans la région. Autant à Maniwaki qu’à Gracefield, leurs revendications ne laissaient pas les hommes indifférents à leur cause. Le Cercle des Fermières de Maniwaki a grandement contribué à l’émancipation des femmes, leur offrant la possibilité de développer leurs innombrables talents. Elles se sont impliquées dans les affaires sociales, le monde des affaires et très bientôt en politique. Elles venaient d’obtenir le droit de vote et ne cachaient plus leurs aspirations, n’en déplaise à la classe dirigeante religieuse qui y voyait une perte graduelle de son pouvoir.
C’était également le temps des familles
nombreuses. Il n’était pas rare de voir les douze membres d’une même famille assis à table pour le dîner qui débutait par le bénédicité. C’était aussi dans les mœurs du temps de s’entraider. De grandes corvées locales étaient lancées pour reconstruire une maison, une grange ou un entrepôt qui avaient été la proie des flammes. Pour récompense, les volontaires étaient invités à souper et se mouiller le «gorgoton» et se raconter des histoires qui ne se tenaient pas debout.
Des dizaines de gens se rencontraient sur le parvis de l’église pour discuter un peu avant la messe du dimanche. Quelqu’un allait-il se marier bientôt ? Un baptême à venir ? Puis on se parlait de la partie de la veille chez le voisin Fred là où l’alcool avait coulé à flots et que les chansons à répondre, au son de la guitare, de l’accordéon et du violon, faisaient danser les bougalous. Une soirée pour flirter. Une femme qui vous tombe dans l’œil n’est pas commun. Autant prendre le temps de la charmer avec nos plus beaux atours. S’il réussissait à la charmer, il n’hésitait pas à s’en vanter à ses copains. Le cas contraire, c’était motus et bouche cousue. Le taux de natalité était élevé.
Le temps des fêtes était particulièrement souligné un peu partout. La parenté arrivait pour ne repartir que quelques jours plus tard. Et on en profitait pour se payer toute une traite : ragoût de pattes de cochon, fèves au lard, soupe au pois, gâteau aux carottes,
tartes aux pommes, au sucre, etc. Et tout ça arrosé d’un petit vin de cerise qui n’était pas piqué des vers. Pendant toutes ces activités, on prenait le temps de consulter «not’ p’tit papier».
Et le samedi soir, quand il y avait un téléviseur à la maison, c’était la soirée du hockey avec les Richard, Béliveau, Blake, Moore et Plante. Ça cognait fort à l’époque. C’était au temps des six équipes. La crème de la crème. Le Canadien de Montréal était très populaire. Il remportait souvent la Coupe Stanley. Le défilé suivait sur la rue Ste-Catherine. Les amateurs s’en donnaient alors à cœur joie.
Puis, la Vallée-de-la-Gatineau suit la vague urbaine. Elle se modernise. De plus en plus d’automobiles circulent dans la région. La sinueuse route 11 fait la place à la route 105. Les gros tracteurs routiers de l’entrepreneur Daniel Lamothe refont la route du sud au nord. Des villages sont détournés par un tout nouveau tracé qui laisse des séquelles économiques irréparables pour certains commerces le long de la nouvelle route 105. Soudainement, tout se passe plus rapidement. Les écoles poussent tels de petits pains chauds.
Chaque été, les villégiateurs reviennent occuper leurs chalets, triplant ainsi la population dans la région. Les commerçants font des affaires d’or. Les hôtels sont bondés de gens, surtout les fins de semaine. Il n’est pas rare qu’ils soient à guichets fermés les
samedi et dimanche. Les filles portent leurs mini-jupes et les jeunes garçons en ont plein les yeux. La femme fume maintenant. Elle conduit même sa propre automobile. Elle est de plus en plus indépendante financièrement et elle résiste de plus en plus aux faveurs masculines. Elle se donne du temps pour décider. Rien ne presse.
Dans les années 70, l’exposition de Maniwaki fait courir les foules sur le terrain où est maintenant construite la Cité Étudiante de la Haute-Gatineau. L’inondation de 1974 a laissé des traces dont on parle encore aujourd’hui.
En 1978, les Braves de Maniwaki remportent le Championnat provincial de hockey Junior B du Québec à Rimouski. Marc Secours marque le but gagnant avec six secondes à jouer dans le match. Il a déjoué la vigilance de Steve Penny, le cerbère des Patriotes de St-Eustache, pour donner la victoire aux Braves par la marque de6à5.
Carol-Ann Alie fait un tabac dans l’épreuve de la planche à voile à Barcelone en Espagne dans les années 1990. Caroline Calvé se distingue mondialement en planche à neige dans les années 2000. Mont Ste-Marie baptise une piste en son nom.
L’Algonquin Gino Odjick, des Voisins de Laval, est repêché par les Canucks de Vancouver dans la Ligue Nationale de Hockey (LNH). Quelques années plus tard, l’aréna de Maniwaki portera son nom.


































































































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