Page 8 - La Gatineau 28 Juillet 2016
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8 28 juillet 2016 La Gatineau
LE CENTRE WANAKI POUR ALCOOLIQUES ET TOXICOMANES
Une approche aux traitements unique au Canada
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Le Centre Wanaki qui offre des traite- ments personnalisés aux alcooliques et toxicomanes aura 20 ans l’automne pro- chain. Il vient tout juste d’atteindre l’âge adulte mais peut se targuer d’être le pre- mier au Canada à marier la spiritualité et la culture amérindienne dans la résolution des problèmes de ses clients.
Nous avons visité le Centre à l’occasion de l’assemblée générale annuelle jeudi der- nier. Nous avons été accueillis par Mme Angela Miljour, directrice générale par intérim, qui s’apprêtait à animer la rencontre.
«Les traitements du Centre Wanaki s’adresse aux alcooliques et toxicomanes membres de l’Assemblée des Premières Nations et des Inuits du Canada. Nous dis- posons de 12 lits qui sont en rotation dans un programme de cinq semaines. Le Centre Wanaki est reconnu pour son excellence puisqu’il a été accrédité par Agrément Canada. Nous faisons appel à des travailleurs de première ligne dans les communautés algonquines.»
Le Centre Wanaki applique le Programme national sur l’alcoolisme et les drogues. Tous les fonds nécessaires aux opérations quotidiennes du centre pro- viennent de Santé Canada. Des ententes quinquennales sont signées antre le gou- vernement et le centre pour assurer la récurrence des budgets dont celui de cette année qui atteint les 914 000 $.
Ajout de personnel
Tout dernièrement, le personnel a été
▲ Une partie des gens qui ont participé à l’assemblée générale annuelle du Centre Wanaki jeudi dernier.
ALCOOL ET DROGUES
Suzie Papatie revient de loin
augmenté en fonction d’une nouvelle orientation du Centre Wanaki. Chad Thusky a été embauché à titre de coordon- nateur culturel. Son travail consiste à mettre l’emphase sur le développement culturel des communautés et directement d’inculquer un sentiment d’appartenance à la culture propre des Premières Nations, une reconnaissance qui, mariée à la spiri- tualité, a un effet direct sur le traitement de celles et ceux qui font appel aux services du Centre Wanaki.
«La clé de notre succès est de continuer d’aller vers les gens. Notre travail est de surveiller nos communautés et d’intervenir là où il le faut en offrant nos services», ajoute Angela Miljour.
Madeleine Paul, présidente du conseil d’administration du Centre Wanaki, s’adressant aux membres lors de l’assemblée générale annuelle, a indiqué que les membres du personnel faisaient de l’excel- lent travail. «Le Centre Wanaki fait une différence dans nos communautés. Je salue
le travail de nos intervenants.»
Gilbert Whiteduck, ex-chef de Kitigan Zibi Anishinabeg, ignorait ce qui l’atten- dait quand il a accepté un poste d’interve- nant au Centre Wanaki. «J’ai rencontré des personnes merveilleuses, soucieuses du mieux-être de leur prochain. Nous déve- loppons tous nos forces intérieures avec les gens avec lesquels nous travaillons. J’ai la nette impression d’aider directement mon prochain. Je me sens bien dans ce que je fais».
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Il était moins une pour Suzie Papatie de Lac Simon. Elle ne donnait pas cher de sa peau quand elle a cogné à la porte du Centre Wanaki, C’est en pleurant toutes les larmes de son corps qu’elle est entrée et qu’à sa grande surprise, on l’a écoutée. Et cette écoute fut salutaire pour elle.
«Je me rappelle ma première journée ici (Centre Wanaki). J’étais venue chercher mon identité. Je n’étais plus rien. Je ne regrette pas d’être venue. Je n’ai pas été jugée. On m’a écouté. J’ai réappris à m’ex- primer. Je ne savais plus comment faire. Je vivais comme sur un nuage, sur un fil. J’ai vidé mon sac. Et on continuait de m’écou- ter. Je me suis finalement retrouvée. Je ne consomme ni alcool, ni drogues depuis 2015. Quand je sens que je vais retomber, j’appelle au centre et il y a toujours quelqu’un pour m’écouter, me réconforter, m’encourager. Je ne sais pas où je serais si
je n’étais pas venue ici.»
Elle remercie son intervenant. Tous savaient qu’il s’agissait de Gilbert Whiteduck qui n’a pu dissimuler sa grande attention au discours de son amie Suzie qu’il a suivie pendant les cinq semaines de son traitement.
Celle qui affirme avoir pleuré toutes les larmes de son corps a tenu à souligner les encouragements et les appuis de ses amis Alyson Moore et Chad Thusky «sans oublier ma fille Marie-Ève. Ma fille Marie-Ève, ma bouée de sécurité. Je me souviens d’août 2015. Aujourd’hui, je suis fière de moi. J’espère que le Centre Wanaki va continuer d’intervenir auprès de gens comme moi. Hier est passé et demain n’est pas encore là. Un jour à la fois, c’est suffisant.»
Applaudie à la suite de son discours à l’assemblée générale annuelle du Centre Wanaki, Suzie Papatie entend profiter de sa deuxième chance et la souhaite à tous ceux et celles qui, comme elle, un jour, a eu besoin d’aide. «Le Centre Wanaki, à tout jamais !»
▲ Dans un français impeccable, Suzie Papatie a témoigné de son expérience avec les intervenants du Centre Wanaki. «Ils m’ont sauvé la vie !»


































































































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