Page 8 - La Gatineau 22 Novembre 2012
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8 LaGatineau - JEUDI 22 NOVEMBRE 2012
«Le cinéma rural, sur les traces de nos ancêtres...»
ISABELLE A. MARTIN
MANIWAKI – Silence on tourne ! Jeudi 15 novembre marquait l’ouverture officielle du Festival Images et Lieux d’une manière tout à fait originale, à la Cité étudiante. Les fes- tivaliers sont allés «sur les traces de nos an- cêtres au FIL des grands voyagements».
Accompagnés de leur enseignante en art dramatique, Manon Mercier, des élèves de la CEHG ont offert, en ouverture, une re- montée dans le temps, pour rappeler les di- vers chemins empruntés par nos ancêtres. Leur petite représentation théâtrale était filmée par deux passionnés de la caméra : Jacques Yves Gauthier et Patrick Dupont.
S’inspirant de l’œuvre historique de Louis-André Hubert, «Une rivière qui vient du nord», l’équipe jeunesse a fait une large place à nos ancêtres qui ont exploré et em- prunté tous les chemins leur permettant d’ouvrir la Vallée-de-la-Gatineau. Au FIL des chemins d’eau, ils sont descendus sur les rives, y découvrant portages, chemins des fourrures, chemins forestiers et de glace. Les billes portées par le courant se rendaient à
Le président de la Maison de la Culture, Michel Gauthier.
Les élèves qui ont offert en ouverture une remontée dans le temps avec, de gauche à droite, Bella Carmelle Ininahazwe (derrière elle Michèle Leblanc), Andy Scullion, Charles-Antoine Hubert, Lou Félix Larivière, Kevin St-Amour, Carolane Dupras, Maria Letizia Bovinelli et leur enseignante Manon Mercier (derrière elle Guillaume Galipeau).
au même titre que la grande soirée de la Saint-Jean qu’on a fait cette année. Ça per- met de générer des activités culturelles qui sont importantes pour l’ensemble de la popu- lation, mais aussi pour la clientèle étudiante. Je pense que la culture c’est important pour le développement de la personne. C’est im- portant pour le développement socio-écono- mique d’une région. Une région qui n’a pas d’offre socio-culturelle intéressante, c’est une région qui manque d’intérêt pour sa popula- tion et pour attirer les gens de l’extérieur.»
Comité organisateur et partenaires
Le comité organisateur du FIL se com- pose de Lise Joly et Agathe Quévillon, coor- donnatrices du Festival ; Céline Sirois, Julie Lévesque et Rock Carpentier, membres du conseil d’administration de la Maison de la culture ; Christiane Langevin, coordonna- trice de la Maison de la culture.
La maîtresse de cérémonie, Agathe Quévillon, a souligné que «cet événement ne peut pas avoir lieu sans la présence et la gé- nérosité des partenaires».
La soirée s’est poursuivie avec la présen- tation du film Camion, dont le réalisateur, Rafaël Ouellet, était présent (lire ci-contre).
Le groupe Rabaska assurait l’accompa- gnement musical du tournage «Au FIL des chemins d’eau».
Hull. Puis ce fut le chemin de terre et de gravier, de Hull à Maniwaki. C’était en 1830. Les traces d’un circuit de diligence apparaîtront en 1860. Puis, en 1904, le che- min de fer prit une large place pour dispa- raître en 1968. La rivière fut libérée en 1995 et les bolides de nos routes se sont affirmés, les camions.
La maîtresse de cérémonie et l’une des coordonnatrices du FIL, Agathe Quévillon.
Importance de la culture
«Il me fait plaisir de vous accueillir ce soir, de retrouver les amis de la culture, a déclaré le président du conseil d’administra- tion de la Maison de la culture, Michel Gauthier. Le FIL c’est quelque chose d’im- portant, ça fait partie de l’offre culturelle au même titre que les spectacles qu’on organise,
Jacques Yves Gauthier, l’un des caméra- man qui a filmé la représentation des jeunes.
Un cinéaste Québécois des plus prometteurs
ISABELLE A. MARTIN
MANIWAKI – Rafaël Ouellet cinéaste (réalisateur et scénariste) était à la céré- monie d’ouverture du FIL pour présenter son film Camion. Rencontre.
C’est votre premier Festival Images et Lieux ?
Je suis déjà venu à Maniwaki comme directeur photo. On avait fait un court- métrage «Hommage à Gilles Carle» lors de la première édition. J’accompagnais aussi les gens de Kino, on faisait une cu- vée de courts-métrages tournés dans la région et moi j’étais là un peu comme aidant dans le fond pour les jeunes qui commençaient à faire de la caméra, du
montage.
Le FIL est orienté vers le cinéma rural, est-ce que c’est un festival qui vous plaît ? Est-ce qu’on a eu à vous à solliciter à plusieurs re- prises pour vous avoir avec nous ce soir ?
Non! Non! Moi, mes quatre films ont été tournés en région, dans mon coin de pays à moi qui est Dégelis, dans le bas du fleuve, au Témiscouata. Donc, c’est une thématique de festival qui m’intéresse beaucoup. La ruralité, c’est intéressant de la montrer, que ce soit en littérature, au cinéma ou à la télévision, la ruralité des régions éloignées de Montréal ou Québec de façon non caricaturale, de façon hon- nête, de façon précise. Alors, quand on
m’a invité, je suis venu. De toute façon moi j’aime ça rencontrer le public. Je me déplace dès que j’ai une chance. Là, je suis entre deux festivals de films donc quand je peux j’y vais que ce soit à Beloeil ou à Rimouski, dès que j’ai une chance je me déplace. Et raison de plus quand c’est l’ouverture d’un festival comme ça, les gens aiment bien qu’on soit présent.
Parmi les quatre longs-métrages que vous avez réalisés, lequel préférez-vous ?
Je les aime tous mais c’est sûr, Camion m’a amené plus loin dans ma vie, «Le cèdre penché» va rester spécial parce que c’est le premier que j’ai fait à l’arrache avec 5 000 $. Le deuxième, «Derrière moi», ça a été un autre beau projet qui m’a permis de me lancer dans la planète cinéma si on peut dire, j’ai fait des festi- vals partout à travers le monde avec ça, mais c’était plus anonyme un peu. «New Denmark» c’était un laboratoire, c’était un film d’essai, c’était beaucoup plus petit ou de moins grandes ambitions. Là Camion, c’est la première fois que j’ai un vrai budget, j’ai des comédiens profes- sionnels établis, connus comme Julien Poulin, Stéphane Breton et ça m’a amené aux quatre coins de la province, aux quatre coins du pays, aux quatre coins du globe. Je m’en vais en Inde avec ce film- là à Noël. Donc, c’est sûr que Camion m’apporte plus comme cinéaste, m’ap- porte plus comme être humain aussi et si j’avais à choisir un de ces films-là, je ne pourrais pas. Comme je le disais tout à
l’heure, c’est un peu comme des enfants, mais Camion demeure le film qui a le plus grand rayonnement.
Quelles sont les perspectives d’avenir de ce film ? L’avenir! C’est tout le contraire. Camion a commencé sa carrière en juillet au Festival de Karlovy Vary en République Tchèque, qui est dans le top 10 des plus grands festivals de films au monde. Alors, quand on fait un de ces festivals, on ne va pas à Cannes. On en fait un, on en fait pas plein. Après on fait des festivals de deuxième zone, après on fait la tournée des festivals, mais ce top 10 des grands festivals mondiaux, on en fait un seul. J’ai remporté là-bas le prix de la meilleure réalisation et le prix du jury œcuménique alors ça, ça nous a permis de capter l’at- tention des médias québécois donc, ça a mis les gens ensemble. Le film a été en salle du 17 août jusqu’à la semaine der- nière, là il n’est plus en salle, il va sortir
en DVD dans un mois.
Qu’est-ce que vous aimeriez laisser comme message aux Val-gatinois et Val-gatinoises qui vont voir le film? Bien, moi avec Camion, j’avais la préten- tion de dire que c’est un film qui parle de nous correctement. Je trouve qu’on a oublié au Québec, on fait tout le temps des films qui ne parle pas de nous, des films pour nous divertir. Moi, j’ai envie que les gens se divertissent, qu’ils rient, qu’ils pleurent. J’ai envie qu’ils aient l’im- pression que le film leur parle
Rafaël Ouellet.
d’eux-mêmes, que c’est une espèce de miroir, qu’ils puissent se voir dedans d’une certaine façon pas comment moi je les vois, mais qu’eux trouvent une façon de se voir durant le film. J’ai ma vision là-dedans, mais vous allez voir quand vous aller voir le film, il y a beaucoup de liberté d’interprétation. Moi, je voulais faire un film qui parle du Québec. J’avais d’abord envie que les Québécois voient le film et que ça parle d’eux puis ensuite de le présenter ailleurs dans le monde et que ça parle du Québec et que les gens com- prennent. Que les gens voient Camion et qu’ils aient un peu l’impression d’être venus ici.


































































































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