Page 5 - La Gatineau 7 Février 2013
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JEUDI 7 FÉVRIER 2013 - La Gatineau 5
Une séance de conseil municipal houleuse
SYLVIE DEJOUY
MANIWAKI – Il est rare de voir autant de citoyens à une réunion du conseil municipal. Depuis l’affaire du Château Logue, de nom- breuses personnes ont manifesté leur mécon- tentement, en particulier sur les réseaux so- ciaux. Mais seulement une dizaine sont venues en faire part au maire, Robert Coulombe, à la séance du lundi 4 février. Même des journalistes de Radio Canada étaient présents.
Transparence
Premier à prendre la parole, Louis- Philippe Lévesque a ouvert le bal de la pro- testation ainsi : «Je reproche le manque de discussions. C’est à se demander s’il n’y a pas de dictature dans le sens que si le maire dit oui les conseillers disent oui aussi. Beaucoup de gens ont des choses à dire et finalement ils ne disent rien. Ce que nous voyons au conseil municipal, ce n’est pas ce qui est discuté dans l’antichambre. Le public aimerait savoir s’il y a un peu de débat, nous sommes mal infor- més par les médias locaux.»
Réponse du maire : «Je ne répondrai pas pour les membres du conseil et je n’ai rien à répondre à ce sujet.» La conseillère Charlotte Thibault est allée plus loin en affirmant que «jamais on m’a dit de me taire, j’ai toujours pu poser les questions que j’avais à poser et faire les vérifications que j’avais à faire».
Budget en mains, Gaston Robitaille a re- proché le manque d’informations sur la façon dont est géré l’argent des contribuables :
«C’est notre argent que vous gérez et nous sommes en droit de savoir ce que vous faites avec, mais actuellement ce n’est pas le cas. Par exemple dans le budget, on voit des aug- mentations de dépenses, on aimerait savoir
pourquoi.»
Le maire s’est défendu en disant : «Que les
gens viennent poser des questions, quand avons-nous déjà refusé de répondre ?»
Une réponse qui n’a pas satisfait Gaston Robitaille : «Les réponses sont très vagues. Les médias locaux nous informent mal. Nous voulons savoir de A à Z où va notre argent. J’espère que le conseil aura plus d’ouverture et de transparence.» Et Louis-Philippe Lévesque d’ajouter : «Ça prend une bonne dose de courage de venir ici.»
Le conseiller Louis-André Hubert a de- mandé si les contribuables souhaiteraient que les débats au sein du conseil soient publics. Une idée qui a fait l’unanimité parmi les per- sonnes présentes.
Taxes impayées
Très vite, le débat s’est orienté vers le fond du problème, à savoir l’affaire du Château Logue. Mme Vaillancourt notamment a pris la parole : «Les taxes impayées du Château Logue sont un manque à gagner alors que les taxes à Maniwaki sont élevées. Ce compte à recevoir n’est-il pas une perte pour la Ville ?»
Un peu plus tard durant la séance, Hervé Mercier a demandé : «Si j’ai une maison de 150 000 $, quel montant se reflète sur mes taxes à cause de cette affaire ?»
Le maire a expliqué que «d’autres contri- buables ont des arriérés de taxes. Là on cible une entreprise. Mais selon le Mamrot, nor- malement on n’a pas le droit de donner les noms de personnes ou corporations qui n’ont pas payé leurs taxes municipales».
Concernant le Château Logue, il affirme que «ce n’est pas une perte pour la Ville puisque c’est garanti. Aucune taxe n’a été prescrite. Les montants sont de 443 000 $ en taxes foncières et 213 000 $ en intérêts, ce qui est un surplus pour les contribuables. Depuis
2010, il y a eu des paiements de taxes accé- lérés, avec près de 400 000 $ versés jusqu’à maintenant.»
Pour ré-
pondre à la
question
d’Hervé
Mercier,
Robert
Coulombe as-
sure que «cela
n’a aucune
incidence sur
les taxes des
citoyens. La créance est une dette dûe à la ville, cela n’est pas lié aux taxes des contri- buables. Le 15% d’intérêts additionnels per- met au contraire de réduire les taxes. Les in- térêts sont au bénéfice de tous les citoyens.»
Plainte du Mamrot
C’est le ministère lui-même qui a décidé de déposer plainte, afin de faire des vérifications dans la gestion municipale. L’autre possibilité aurait été qu’un ou plusieurs citoyens dé- posent une plainte auprès du ministère. «Mais si personne ne nous tient au courant, comment pouvons-nous décider de déposer une plainte», lance Claire Emond-Lévesque.
En fait, plusieurs personnes auraient appe- lé au Mamrot durant les six derniers mois pour que celui-ci porte son attention sur Maniwaki, mais aucune n’a décidé de dépo- ser plainte. «Suite à la médiatisation du dos- sier, le ministère a décidé de faire des vérifi- cations, commente le maire. S’il y a eu des
Une dizaine de contribuables étaient à la séance du conseil municipal, lundi soir, pour faire part de leur mécontentement.
erreurs, je devrai lire une lettre publiquement qui sera envoyée par le sous-ministre, mais s’il n’y a rien je n’aurai pas de lettre à lire.»
Dernier point abordé, le maire souhaite mandater un procureur. Suite à la médiatisa- tion de l’affaire du Château Logue, «j’ai été attaqué personnellement, il y a eu des com- mentaires préjudiciables envers le maire et certains conseillers. Si le procureur juge per- tinent de faire des poursuites, je demanderai l’autorisation du conseil».
Le conseiller Louis-André Hubert a décla- ré être contre l’idée de mandater un procu- reur aux frais de la municipalité : «Si tu veux, consulte un avocat mais pas aux frais de la Ville.» Le point a été soumis aux votes des conseillers et seul Louis-André Hubert a voté contre.
«C’est inadmissible, commente Gaston Robitaille. On va mandater un procureur, aux frais de la Ville, sans même savoir ce que cela va coûter.»


































































































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