Page 8 - La Gatineau 2 janvier 2014
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8 2 janvier 2014 La Gatineau
RENDEZ-VOUS ANNUEL DE LA COMMUNAUTÉ MÉTISSE
Célébration du solstice d’hiver
MANIWAKI - 140 personnes se sont réunies à la fête du solstice d’hiver, organi- sée par la Communauté Métis Autochtone de Maniwaki. Un repas traditionnel métis a été servi aux membres de la Communauté après un discours de l’homme médecine, le Sage Claude Jean. Par la suite, des danses algonquines ont été présentées par la troupe de danseurs de Kitigan Zibi de René Racine. «Tout le monde a bien appré- cié la journée» affirme le Chef de la Communauté M. Serge Paul.
La Communauté Métis Autochtone de Maniwaki existe officieusement depuis 200 ans et officiellement depuis 40 ans. Elle comprend environ 3000 membres de par- tout au Canada et aux États-Unis, dont de
1500 à 2000 de la Vallée-de-la-Gatineau. Elle a pour mission de regrouper ses membres dans un esprit de solidarité, elle organise des rencontres et activités sociales et culturelles, aide les démunis autochtones et, en partenariat avec le ministère de la Justice, s’implique lors de sentences légères dans la communauté en coordonnant et administrant les travaux compensatoires. Elle tient aussi un rôle de sensibilisation et de revendications diverses.
La rencontre culturelle du 21 décembre dernier pour célébrer le solstice d’hiver était la 5e édition cette année. «On veut en faire un événement à chaque année, tant qu’on aura la possibilité de le faire» souligne M. Paul.
Janique Robitaille
▲ Fête du solstice d’hiver (photo : Lynda Galipeau)
▲ Le Conseil de direction de la Communauté Métis Autochtone de Maniwaki : Serge Paul, Chef, Pierrette L’Heureux, secrétaire, Jean-Pierre Rondeau et Claude Paquette, conseillers et Claude Jean, Sage. (Absents de la photo : Pierrette Riendeau, Charles Cyr et Michel Clément, conseillers)
L’HISTOIRE DES MÉTIS
Du 16e siècle à aujourd’hui
MANIWAKI - Il y a trois peuples autochtones au Canada. Les Premières Nations, les Inuit et les Métis. Un Métis, selon la définition de la Communauté Métis Autochtone de Maniwaki, est une personne qui a une descendance non-au- tochtone et autochtone, sans regard au nombre de générations ni à la nation autochtone. Le mot métis vient du latin mixtus, le participe passé du verbe mis- cere, qui signifie mélanger, mêler. D’ailleurs l’appellation sang-mêlé a sou- vent été utilisée pour désigner les Métis.
officiels quant au nombre de Métis au Québec, puisqu’ils ne sont pas reconnus comme une nation distincte.
En 1982, la Constitution canadienne a reconnu les Métis comme peuple autoch- tone pour l’Ontario, le Manitoba, l’Al- berta, la Saskatchewan et la Colombie- Britannique. Pourtant, selon M. Paul, «ils viennent tous du Québec. Dans les années 1850, il y a eu un recensement. On a pro- posé des réserves, sur certains territoires donnés, aux indiens et aux métis avec des services en santé, en éducation, etc. Les
▲ Traite de fourrures au Canada en 1777 (photo : Bibliothèque et Archives Canada, William Faden)
seulement, mais ils ont des noms français, parce leurs origines sont du Québec.» explique Serge Paul. Malgré cela, il indique que les Métis de l’Ouest «ont gardé davantage la façon de vivre d’avant. Ici, on a perdu nos coutumes. Mais on est en train de les réapprendre.»
Dans les années 1800, il y avait beau- coup de discrimination au niveau politique et industriel et de nombreux Métis ont renié leurs origines de peuple autochtone pour continuer d’avoir des droits aussi pri- maires que le droit de travailler hors réserve et de suivre des études universi- taires. «Avec les années, ça a changé, on a dit, on va se prendre en mains. Ce qui compte pour les Métis, c’est leur liberté d’action» note M. Paul.
Dans certaines régions du Québec, comme à Maniwaki, il y a une plus forte concentration de Métis, en raison du fait que la région est entourée de réserves. Au nord il y a la réserve du Lac-Rapide, au sud, celle de Kitigan Zibi Anishinabegh, à l’est, celle du Lac-Simon et à l’ouest,
celle du Lac Victorin. Plusieurs commu- nautés et associations à travers le Québec ont entamé des procédures judiciaires pour faire reconnaître le peuple Métis par le gouvernement provincial, «pour une reconnaissance de la communauté métisse contemporaine et nos droits de subsis- tance, dit M. Paul. Le but est que les Métis de l’Ouest et de l’Est devienne un peuple et ne soit pas divisé.»
Janique Robitaille
▲ Pièces d’habillement autochtones
La Nation Métisse au Canada est née d’unions entre Autochtones et Européens, venus au pays pour coloniser le territoire au cours du 16e siècle. Il pouvait s’agir d’Écossais, d’Irlandais, de Français. Selon Serge Paul, Chef de la Communauté Métis Autochtone de Maniwaki, «c’est un mythe de croire que tous les Québécois sont Métis. À l’époque, les Anglais ne se sont pas unis aux autochtones. Sur 8 mil- lions de personnes au Québec aujourd’hui, il y a peut-être 2 millions de Métis.» Bien entendu, ce ne sont pas des chiffres offi- ciels, mais une évaluation approximative. D’ailleurs il n’existe pas de chiffres
métis ont refusé. Ils ont alors été recensés comme des Européens.» Les métis auraient refusé pour ne pas perdre leur tra- vail dans le poste de traite de fourrure de la compagnie de la Baie d’Hudson, à l’ex- térieur des réserves. Les métis travaillaient pour ces compagnies pour faire le lien entre les Européens et les Amérindiens, parce qu’ils connaissaient leur langue et avaient une certaine affinité avec eux. «Après que ça s’est industrialisé ici, cer- tains sont restés ici, d’autres sont partis dans l’Ouest pour la traite de fourrure. Aujourd’hui dans les provinces de l’Ouest, les Métis parlent presque tous en anglais


































































































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