Page 12 - La Gatineau 13 février 2014
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12 13 février 2014 La Gatineau PRÉVENTION DU SUICIDE
Ranger les armes pour réduire les suicides
MANIWAKI - Dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide, Suicide Détour et plusieurs partenaires ont tenu un kiosque dans les Galeries de Maniwaki. Il s’agissait de sensibiliser les passants à l’entreprosage sécuritaire des armes à feu.
Suicide Détour s’est basé sur les mesures essentielles reconnues par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) pour identifier ses actions prioritaires cette année. Parmi celles-ci, l’organisme a ciblé la réduction des accès aux moyens de s’enlever la vie. Selon l’AQPS, «mener des actions préventives auprès des personnes vulnérables ainsi que réduire l’accès à certaines méthodes de suicide sont des mesures qui s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie cohérente de prévention du suicide». «C’est de là que nous avons eu l’idée de faire la Campagne d’enregistrement et entreposage sécuritaire des armes à feu», explique la directrice par intérim de Suicide Détour, Marie-Ève Tessier.
Dans son mémoire sur le projet de loi C-19, l’AQPS explique que l’ «on dénombre davantage de suicides dans les régions où il y a un taux plus élevé de possession d’armes à feu. Cela transparait dans les taux de suicide de la province». Par exemple, le taux de suicide de Montréal est de 11,5 pour 100 000 comparativement à 19,6 pour l’Abitibi-Témiscamingue ou de 18,8 pour la Côte-Nord. Ici, dans la Vallée-de-la-Gatineau, selon la compilation du Coroner de 2007 à 2011, l’arme à feu fait partie des moyens privilégiés pour s’enlever la vie.
«L’accès aux armes à feu constitue un risque pouvant être fatal pour une personne ayant des idées suicidaires et pour sa famille, note l’AQPS. Les risques de suicide sont cinq fois plus élevés dans les maisons où l’on trouve des armes à feu». Ces risques concernent particulièrement les adolescents en présence d’armes chargées et entreposées de façon non sécuritaire.
En outre, plusieurs suicides sont commis avec une arme dont les personnes n’étaient pas propriétaires. Les mesures de contrôle permettent donc de protéger non seulement le propriétaire, mais tous les résidents de la maison.
«La particularité de l’utilisation de l’arme à feu est sa létalité qui atteint 96,5 %, explique Marie-Ève Tessier. Il n’y a que quelques minutes entre l’idée de se suicider et le moment du passage à l’acte. La tentative de suicide est un geste impulsif, une réaction à une trop grande souffrance. Ainsi, réduire l’accès au moyen, c’est se donner une chance d’une conclusion positive à une crise suicidaire. Parce qu’il y a de l’aide efficace qui existe en pareil cas. Ça donne plus de temps pour intervenir. D’autant plus que la substitution vers un autre moyen est rare.»
Des mesures de protection efficaces
Selon l’AQPS, «l’enregistrement des armes, l’émission de permis renouvelables aux propriétaires d’armes ainsi que la vérification d’antécédents, en plus des efforts déployés afin de sensibiliser la population à l’entreposage sécuritaire de ces armes ont été reconnus pour leur
▲ Au premier plan : Douglas Hébert, du conseil d’administration de Suicide Détour ; Allyson Rodgers, du centre de santé ; Vanessa Larivière, stagiaire chez Suicide Détour ; Cathy Marinier, du Calacs. De gauche à droite au deuxième plan : Chantal Lyons, armurière ; Sylvain Desjardins, de la SQ ; Marie-Ève Tessier, directrice par intérim de Suicide Détour ; Maude Bélair, du Calacs.
Marcher contre le suicide
MANIWAKI - Également dans le cadre de la Semaine de prévention au suicide, une marche était organisée, comme chaque année, par Mani-Jeunes et Suicide détour. Une activité qui a pour but de «rassembler les gens de Maniwaki et marcher ensemble vers un avenir sans suicide».
Les participants étaient invités à signer la déclaration «le suicide n’est pas une option». À Mani-Jeunes, le suicide est un thème qui est parfois abordé avec les jeunes. «Nous proposons des ateliers sur le thème «bien dans ma tête, bien dans ma peau» deux fois par mois, explique la directrice Helen Marga. On parle de suicide, d’estime de soi, de confiance. La problématique du suicide est aussi présente
chez les jeunes. Ils savent qu’ils peuvent venir nous parler si ça ne va pas et qu’on va les écouter.»
Les jeunes ne constituent pas la catégorie d’âge la plus frappée par le suicide. Mais Marie-Ève Tessier, directrice par intérim de Suicide Détour, insiste : «La prévention doit cibler tout le monde, les jeunes, les adultes, enfants, aînés, hommes, femmes. Il faut faire de la prévention avant qu’il ne soit trop tard. Il est bon que des ressources soient là au bon moment pour attraper le jeune ou toute autre personne ayant des pensées suicidaires. Quand une personne dit qu’elle veut se suicider il faut la prendre au sérieux, c’est qu’elle souffre.»
▲ Les participants à la marche organisée par Mani-Jeunes et Suicide Détour (photo Sébastien Mc Neil).
impact important sur la diminution significative du taux de suicide».
En effet, les recherches démontrent que les armes à feu sont moins utilisées pour mettre fin à ses jours depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur les armes à feu en 1995. Le registre des armes à feu permet de protéger les Québécois lorsqu’ils représentent un danger pour eux-mêmes.
«La population de la région aura l’occasion de se procurer un verrou de pontet gratuitement lors d’événements publics au courant de l’année, précise Marie-Ève Tessier. Nous vous attendrons, entre autres, au Salon chasse et pêche en avril prochain. Aussi, nos membres poursuivent leurs efforts d’enregistrement un peu partout sur le territoire.»


































































































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