Page 2 - La Gatineau 3 avril 2014
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2 3 avril 2014 La Gatineau
PRODUITS FORESTIERS RÉSOLU
À partir du 1er mai, 80 salariés sans emploi
MANIWAKI - Encore un coup dur pour les employés de la scierie de Maniwaki. À partir du 1er mai, Produits forestiers Résolu fermera ses portes à Maniwaki, pour une durée indéterminée.
L’arrêt de la production commencera début mai, lorsque l’inventaire de bois sera complètement écoulé. Ce sont donc 80 tra- vailleurs qui se retrouveront sans travail, sans savoir combien de temps cela va durer. Près de 200 emplois indirects seront aussi fragili- sés par cette fermeture et cela aura des conséquences graves sur toute l’économie de la Vallée-de-la-Gatineau. Comme dit si bien Gaston Carrière, représentant syndical des employés de l’usine de Résolu de Gatineau, dans une entrevue accordée au journal Le
Droit, «Résolu fait travailler beaucoup de monde dans la région, elle met de la nourri- ture sur la table de centaines de pères de familles».
La principale raison de cette fermeture est le problème d’approvisionnement en bois. Pourtant, cela fait plusieurs mois que des acteurs locaux tirent la sonnette d’alarme et tentent d’inciter le gouvernement de modi- fier le nouveau régime forestier, afin de tenir compte de la situation particulière de l’Outaouais.
Si le gouvernement du Québec semble reconnaître la spécificité de la forêt Outaouaise, aucune action concrète n’a été décidée afin d’éviter l’arrêt de la production de la scierie. Surtout, il faudrait une solution
qui assure à long terme la viabilité de l’usine, qui ne compte plus le nombre d’arrêts depuis ces dernières années.
En attendant une décision gouvernemen- tale, les acteurs locaux, dont le préfet Michel Merleau et la députée Stéphanie Vallée, se mobilisent pour que la fermeture soit la moins longue possible. «Je sais qu’on va vivre un autre soubresaut mais on est une équipe, a déclaré le directeur de la scierie de Maniwaki Paul Grondin à ses employés. On va travailler ensemble pour ça fonctionne. On a rencontré les élus, on a bon espoir que les solutions envisagées fonctionnent».
Yves Laflamme, premier vice-président produits du bois, approvisionnement et tech- nologies de l’information, se veut aussi
optimiste : «On sait que le marché américain revient, que les prix vont remonter. Un comité a été formé. Les solutions existent.»
Pierre Cormier, vice-président des opéra- tions forestières, assure qu’il y a «des élé- ments de solutions sur la table. On va s’assu- rer de pousser nos dossiers avec les acteurs du milieu et essayer de stabiliser nos approvi- sionnements, pas juste pour trois semaines mais au moins pour le prochain 5 ans».
Cet arrêt risque d’avoir des répercussions sur l’usine de Résolu à Gatineau, qui a rou- vert il y a un an. En effet, 80% de son appro- visionnement en copeaux de bois provient de Maniwaki.
Sylvie Dejouy
Réaction de Stéphanie Vallée
Réaction de Cédric Sarault
LA GATINEAU - «J’ai passé une bonne partie de l’avant-midi lundi en rencontre avec les dirigeants de l’usine, le président de la Chambre de commerce Denis Bonhomme, le préfet Michel Merleau et les représentants syndicaux. Cette rencontre avait été deman- dée fin janvier pour voir comment le milieu pouvait les soutenir. Mais lundi on nous a informé de l’arrêt en raison d’un manque d’approvisionnement.
Depuis avril 2013, nous avons un nouveau régime forestier. L’approvisionnement passe maintenant par le ministère, qui applique le régime de façon uniforme dans tout le Québec, sans marge de manœuvre pour s’adapter aux particularités régionales, aux types de forêts. On demande depuis un an au gouvernement de reconnaître cette spécificité, de donner à la direction régionale une f lexibilité quand vient
le temps de donner les autorisations et de faire la planification des coupes forestières.
Ce problème, on l’a vu arriver car notre réa- lité est différente de celle des autres régions. On avait eu une rencontre à Québec une semaine avant le déclenchement de la campagne électo- rale. Je veux bien croire qu’ils nous ont écoutés, mais les décisions ont tardé, l’analyse a été trop longue. Même si aujourd’hui on accorde une flexibilité, le temps que ça soit mis en œuvre, avec le dégel, il y aura des mises à pied.
Un comité a été mis en place, présidé par Michel Merleau et sur lequel je siège. On va essayer de limiter les dommages, faire un tra- vail de sensibilisation et de mobilisation à chaque niveau, amener l’ensemble de l’Ou- taouais à se mobiliser. On ne peut pas se per- mettre une fermeture pour une durée indéter- minée dans la région.»
LA GATINEAU - «Le Parti québécois n’a pas l’intention de laisser tomber les travailleurs de cette industrie. On va continuer à travailler pour sauver et créer des emplois. Cela passe par des mesures comme la charte du bois.
Onestaufaitdecequisepasseà Maniwaki. La solution apportée ne semble pas être fructueuse. On s’engage à
réviser cette solution en tenant compte de la particularité des forêts en Outaouais.
Présentement, un comité de tous les acteurs est au travail et leur solution, le gouvernement l’appuiera. On continuera à travailler de paire avec l’industrie fores- tière. C’est plus de 675 millions de dollars sur trois ans que le PQ s’engage à investir dans l’industrie forestière.»
1 250 000 heures
sans accident de travail et 25 000$ distribués
LA GATINEAU - Devant l’inquiétude soulevée au cours des dernières semaines par des industriels forestiers, des leaders syndicaux, des élus municipaux et des employés d’usines de transformation, la Fédération des producteurs forestiers du Québec tient à réaffirmer que d’impor- tants volumes de bois sont toujours dispo- nibles sur le territoire privé québécois, notamment en Outaouais, pour approvi- sionner les usines de produits forestiers.
«Nous disposons de volumes de bois dans tous les groupes d’essences et les qua- lités demandés», indique Jacques Gévry, président du Syndicat des producteurs forestiers de Labelle. «Nous demeurons disponibles pour négocier en tout temps
avec des acheteurs industriels potentiels», ajoute Yvon Parker, président de l’Office des producteurs de bois de la Gatineau. «Cependant, nous croyons qu’un secteur forestier durable repose sur la capacité des compagnies forestières à rémunérer leurs fournisseurs en fibre, notamment dans un contexte où les prix du bois d’œuvre com- mercialisé par les usines sont élevés sur les marchés», conclut Chuck Huckabone, président de l’Office des producteurs de bois du Pontiac.
Les trois représentants de producteurs forestiers estiment que la capacité de mobiliser les bois en forêt privée est liée à la grille de prix offerts par les usines, une évidence dans une relation commerciale.
LA GATINEAU - Malgré la mauvaise nou- velle, l’usine était fière d’annoncer cette semaine qu’elle a atteint le 24 janvier 1 250 000 heures sans accident de travail et de remettre 25 000$ à des organismes de la région.
Une conférence était organisée lundi en pré- sence des employés. Les membres du comité santé et sécurité ont remis les chèques aux organismes : 8 000$ au Club des petits déjeu- ners, 5 000$ à la Fondation du Centre de santé pour le centre d’oncologie, 2 500$ à la Fondation canadienne du rein, 2 000$ au Camp Le Terrier, 2 000$ à Halte-Femme Haute-Gatineau, 2 000$ à l’Entraide de la Vallée, 2 000$ au Comité des loisirs de Sainte- Thérèse-de-la-Gatineau pour installer des jeux dans la cour d’école, 1 500$ au Centre de plein air du lac Grenon.
Produits forestiers Résolu a fait de la santé et sécurité au travail son cheval de bataille. La scierie a d’ailleurs reçu plusieurs prix en récompense de ses efforts. Le directeur, Paul Grondin, a remercié et félicité les employés «pour cet accomplissement. On reste très humbles dans cette démarche car la journée où tu commences à te penser bon, tu l’es moins.
Vous avez réussi à atteindre cet objectif malgré tous les soubresauts qu’on vit. Je me souviens des débuts. Petit à petit on a commencé à déclarer les passé-proche, à régler les pro- blèmes, à instaurer une culture de respect et de travail d’équipe.»
Malgré l’arrêt de l’usine à partir du 1er mai, Paul Grondin a demandé à ses employés de «continuer à travailler en toute sécurité et à garder la même philosophie : traiter une égra- tignure comme une hémorragie».
Francine Lacroix travaille pour la compagnie depuis 20 ans et fait partie du comité santé et sécurité depuis une dizaine d’années. Elle est «fière de ce 1 250 000 heures qu’on a réussi à atteindre tous ensemble, malgré les embuches».
Yves Laflamme, premier vice-président produits du bois, approvisionnement et tech- nologies de l’information, a remis le prix du conseil d’administration au comité santé et sécurité, affirmant que «Maniwaki est une scierie souvent citée en exemple. On comprend l’importance de la santé et sécurité quand on comprend que c’est pour nous-même».
Sylvie Dejouy
▲ Les membres du comité santé et sécurité avec, de gauche à droite, François Richard, Pierre Rozon, Francine Lacroix, Alain Demeules, Marylaine Sylvestre (absent : Richard Fortin). Ils entourent Yves Laflamme (deuxième partant de la droite).
Réaction de la FPFQ


































































































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