Page 7 - La Gatineau 3 avril 2014

La Gatineau 3 avril 2014 7 Fermeture aux camions à partir du 7 avril
CHEMIN MANIWAKI-TÉMISCAMINGUE
MONTCERF-LYTTON - «Depuis sept mois, c’est du jamais vu, les poids- lourds circulent sur le chemin Maniwaki- Témiscamingue 24h/24.» Une situation qui amène le maire Alain Fortin à opter pour une solution de dernier recours : interdire la route aux camions.
Cela fait quatre ans que le maire tra- vaille sur ce dossier. Le tronçon est emprunté par de nombreux poids lourds. «Auparavant, il y avait 4 000 à 5 000 voyages par an, explique l’élu. Aujourd’hui, on est autour de 10 000 voyages par an.»
Or, le chemin n’a pas été conçu pour recevoir autant de trafic de camions. Les conséquences : un chemin défoncé, une asphalte complètement détériorée, des problèmes de bruit et de sécurité qui amènent beaucoup de plaintes des citoyens. «Certains camions utilisent leurs freins moteur la nuit, note Alain Fortin. Aucune municipalité n’endurerait ce qu’on endure.»
Le maire confirme que la route devrait être totalement refaite «d’un bout à l’autre et on en a pas les moyens». La municipa- lité a déjà mis beaucoup d’argent dans ce 14 km de tronçon qu’elle n’est plus capable d’entretenir, d’autant qu’elle doit gérer au total un réseau routier de 100 km. «L’an passé, nous avons investi 50 à 60 000 dol- lars pour rendre ce chemin plus sécuritaire mais c’est peine perdu, déplore Alain Fortin. On répare mais deux semaines plus
tard l’asphalte est de nouveau brisé.»
Ce dernier a donc monté un dossier et cogné à plusieurs portes afin d’obtenir de l’aide. Il travaille aussi sur un mémoire sur la problématique des chemins forestiers débouchant dans une petite municipalité, qu’il remettra à l’Assemblée nationale. Mais aucune solution ne lui a été proposée, ni de la part du gouvernement ni de la part des compagnies forestières qui utilisent le
chemin.
Alain Fortin se voit donc contraint,
suite aux échecs de ses démarches, d’inter- dire le chemin aux poids-lourds à partir du 7 avril prochain, une interdiction qui ne concerne pas cependant le transport local.
«Le transport forestier utilise trois rues municipales : la rue Maniwaki-Montcerf, le rang 6 et le rang de l’Aigle, explique Alain Fortin. Nous avons compétence sur nos chemins municipaux. Or, on s’est aperçu qu’en 1999, un règlement avait été adopté par la municipalité pour interdire la circulation du transport lourd sur le chemin Maniwaki-Montcerf et il avait été approuvé par le ministère des Transports. La municipalité a toujours toléré depuis le transport forestier. Mais aujourd’hui, légalement, on peut encore l’interdire grâce à ce règlement.»
Celui-ci s’applique par ailleurs égale- ment aux chemins contigus et annexes, dont le rang 6. Et la municipalité va adop- ter un autre règlement afin de bloquer
aussi l’accès au rang de l’Aigle pour les camions.
Le ministère des Ressources naturelles, celui des Transports et le préfet Michel Merleau ont été mis au courant de cette décision. Alain Fortin reconnaît que «c’est malheureux d’en arriver là. On ne veut pas porter atteinte à l’économie locale. Mais, depuis quatre ans que je travaille sur le dossier, jamais personne ne m’a approché pour qu’on s’assoie, avec les deux minis- tères et le secteur forestier, afin de trouver ensemble une solution. Donc on est rendu à cette conclusion, on met notre pied à terre».
Si la nouvelle réglementation n’est pas respectée par les conducteurs de poids- lourds, la Sûreté du Québec a promis d’épauler la municipalité en distribuant des amendes très salées. Une opération est par ailleurs prévue par la SQ avec la Société d’assurance automobile, dès que la municipalité donnera son accord. Et si le règlement n’est toujours pas respecté, Alain Fortin promet d’aller plus loin en bloquant la route aux camions.
La décision risque de faire grincer des dents les compagnies forestières, qui devront alors faire un grand détour. Mais le maire n’est pas fermé à toute négocia- tion: «Si on nous donne les moyens d’en- tretenir le chemin, si on me tend la main pour s’asseoir et trouver une solution, je serai prêt à discuter.»
Depuis que la décision a été rendue publique, le seul appel qu’a reçu Alain Fortin est venu du ministère des Ressources naturelles, à qui la municipa- lité a envoyé une lettre. Celle-ci aurait été transmise aux compagnies forestières. Selon le ministère, le maire devrait rece- voir sous peu un appel des représentants forestiers.
Sylvie Dejouy
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