Page 2 - La Gatineau 19 juin 2014
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PRODUITS FORESTIERS RÉSOLU
Le gouvernement veut «donner l’heure juste»
LA GATINEAU - Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, la ministre de la Justice et ministre responsable de l’Outaouais, Stéphanie Vallée, et le député de Chapleau, Marc Carrière, tiennent à «donner l’heure juste aux travailleurs et aux familles du secteur forestier de l’Outaouais» relativement aux problèmes des deux usines de Produits forestiers Résolu inc.
L’usine de Maniwaki a cessé ses activités le 16 mai dernier et ses 84 travailleurs sont sans travail depuis. L’usine fait face à un manque de volumes de bois lié à différents problèmes d’ap- provisionnement. Sa réouverture passe par l’ob- tention de volumes de bois de toute provenance, autant de forêts publiques que de forêts privées. «Les problèmes d’approvisionnement de bois de sciage de Maniwaki sont structurels et per- durent depuis de nombreuses années, et n’in- combent pas uniquement au nouveau régime forestier», affirme le ministre Lessard.
Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs a rencontré les acteurs du secteur forestier de la région de Maniwaki le 23 mai dernier afin de solliciter leur contribution pour relancer les activités de la scierie de Produits forestiers Résolu inc. Il leur a demandé de s’asseoir ensemble et de trouver à très court terme un
Courrier du lecteur
compromis acceptable pour chacune des par- ties, pour l’avenir des travailleurs et de l’écono- mie locale.
Le comité «Initiative Maniwaki» a alors été formé. Au début des travaux du comité, trois enjeux conflictuels ont été établis : la récolte de bois provenant du secteur du Lac Barrière doit faire l’objet d’ententes d’harmonisation avec les communautés autochtones ; PFR et les syndi- cats de producteurs forestiers sont en arbitrage auprès de la Régie des marchés agricoles concernant le prix de vente des bois ; les forêts publiques, desquelles proviennent les bois offerts en garantie, comportent une forte pro- portion d’essences feuillues pour lesquelles il y a très peu d’utilisateurs dans la région, ce qui limite la disponibilité de bois résineux pour l’usine de sciage.
Une rencontre de travail du comité «Initiative Maniwaki» s’est tenue le mercredi de la semaine dernière, soit le lendemain de la manifestation des travailleurs. Les membres du comité ainsi que le gouvernement du Québec affirment «mettre tout en œuvre pour trouver des solutions concrètes pour la réouverture à long terme de l’usine de Maniwaki».
«Les membres continuent de travailler,
déclare Marc Carrière. Mercredi, une qua- trième rencontre de travail a eu lieu. Nous invi- tons les parties à continuer leur travail. Des avancées ont déjà eu lieu et il est impératif de trouver des solutions pour permettre aux tra- vailleurs de réintégrer leur emploi. La priorité pour notre gouvernement, c’est de maintenir et même d’augmenter les actifs de l’industrie qué- bécoise de transformation des produits fores- tiers. C’est l’avenir de toute la filière forestière régionale et des centaines d’emplois directs et indirects en Outaouais qui en dépend.»
À la fin de cette rencontre et à mi-étape dans la résolution des conflits, le gouvernement tient à informer la population qu’il a «déjà fait un important bout de chemin pour en venir à une réouverture d’usine dans les meilleurs délais».
«Dans le dossier des discussions avec les communautés autochtones, près de 60 % des surfaces à récolter ont été convenues entre les parties, assure Laurent Lessard. Pour ce qui est de l’arbitrage, les deux parties en conflit se sont entendues pour faire parvenir une demande au tribunal administratif en vue de faire accélérer l’audit de leur dossier. La direction régionale de mon ministère est à pied d’œuvre afin d’élabo- rer des solutions qui nous permettraient d’ac- corder temporairement des volumes
supplémentaires à la compagnie. Le gouverne- ment a fait ses devoirs.»
«Nous avons rencontré les acteurs de l’indus- trie de la région de Maniwaki pour nous assu- rer qu’ils sont mobilisés dans l’atteinte d’un but commun : régler les problèmes d’approvision- nement de l’usine afin que les travailleurs puissent reprendre le travail, ajoute Stéphanie Vallée. Les forêts de l’Outaouais présentent d’importants défis opérationnels, notamment en ce qui concerne l’utilisation des surplus de certaines essences de feuillus dans plusieurs secteurs. Cependant, plus de 50 % des volumes de la forêt publique nécessaires au bon fonc- tionnement de l’usine sont disponibles et res- pectent les ententes avec la communauté autochtone de Lac Barrière. La concertation des acteurs concernés est la voie à privilégier. Nous démontrerons que c’est une stratégie payante.»
Le ministre Lessard est d’avis qu’en «faisant ainsi des avancées sur tous les fronts, la compa- gnie PFR sera suffisamment sécurisée pour procéder à la réouverture de son usine dans les meilleurs délais. Ce n’est pas acceptable que cette usine soit fermée et il n’y a pas de raison qu’elle le demeure».
pour ce bois qu’elle a perdu et qui nous passe maintenant sous le nez pour s’en aller à Ferme- Neuve ? Les défenseurs des autres que les pro- ducteurs privés comprendront-ils que nous avons les mêmes problèmes d’exploitation que la compagnie dans les mêmes forêts mixtes de l’Outaouais ? La CCMVG et ses gens d’af- faires comprendront-ils rapidement que notre pouvoir d’achat est en jeu dans sa prise de position qui apparaît uniquement favorable à la compagnie ? Est-elle capable de se montrer au moins neutre dans ses prises de position publique ? Est-elle capable de calmer le jeu ou tout au moins de ne pas jeter de l’huile sur le feu ? Peut-elle se rappeler que nous voulons tout simplement obtenir un prix juste et équi- table pour notre approvisionnement en bois pour favoriser l’économie locale ? Comprendra-t-elle surtout qu’une clientèle peut se perdre facilement ?
Je demande qu’on répondre honnêtement à mes questions. Je félicite le journal de publier cette opinion qui représente le point de vue de beaucoup de monde.
Jean Giasson, producteur forestier.
des producteurs de bois de la Gatineau et PF Résolu ne les concernent pas du tout. C’est complètement faux que d’insinuer que l’OPBG veut faire fermer l’usine. Au contraire, nous avons besoin qu’ils achètent notre bois mais, comme mentionné un peu plus tôt, pas à n’importe quel prix.
Un dernier commentaire : nous sommes tous des citoyens de la Vallée-de-la-Gatineau et nous méritons beaucoup plus de respect de votre part car nous participons activement à l’économie locale et régionale. Arrêtez de dire que vous comprenez les enjeux et laissez nos représentants faire leur travail.
Les producteurs de bois : Danny Brown, Garry Brown, Marcel Fortin, Azad Lefebvre et Clément Tremblay (Blue Sea), Réjean Barbe, Ginette Lafontaine Barbe, André Crêtes, Steve Crêtes, Jacques Lauriault, Bernard Martin, Christian Pétrin et Serge Rice (Gracefield).
«N’oubliez pas la clientèle de 2 500 propriétaires forestiers!»
Les discussions ont l’air de prendre une mau- vaise tournure, sur l’approvisionnement en bois de l’usine de la compagnie Produits fores- tiers Résolu. Le pire, c’est que quelques-uns sont en train d’oublier l’importance de la clientèle d’environ 2 500 propriétaires fores- tiers en région. C’est une très mauvaise atti- tude pour des hommes d’affaires ou des poli- ticiens locaux.
Des organismes donnent l’impression de ne pas comprendre l’importance économique de tous ces propriétaires privés pour l’économie locale et régionale. Ça peut représenter une dizaine de millions par année. Des gens nous accusent de «vouloir voir mourir notre indus- trie» (La Gatineau du 5 juin). Ils ne devraient pas oublier les conséquences négatives de pro- pos semblables sur une clientèle qui pourrait peut-être s’envoler.
On est d’accord que les dizaines d’employés de l’usine de Maniwaki sont importants pour l’économie, mais on ferait une grave erreur d’oublier l’impact des propriétaires privés qui ont droit à un prix honnête pour leur bois. D’autant qu’ils ont la loi de leur côté quand il
est question de l’obligation pour la compagnie de s’approvisionner d’abord chez les privés.
On lit que des porte-parole de P.F. Résolu et d’autres gens d’affaires invitent les produc- teurs privés à une rencontre de discussions. On lit curieusement que ces gens jugent «irréalistes» les demandes des producteurs. Comment faire une rencontre respectueuse des intérêts des producteurs quand on conclut publiquement contre eux avant la rencontre et qu’on les accuse «d’avoir un agenda caché» ? Comment faire confiance à la CCMVG quand son CA jette le blâme publiquement sur l’Office des producteurs de bois de la Gatineau (La Gatineau page 5, sur les déclarations de la CCMVG, qui a l’air de ne pas comprendre le pouvoir d’achat de tant de propriétaires de boisés privés) ?
De telles déclarations sont décourageantes pour les producteurs qui ont, pendant plu- sieurs années, pris position pour la compagnie. Il y a des années, les producteurs ont marché en foule dans la rue pour appuyer les travail- leurs de la région. À leur tête, le préfet Pierre Rondeau, qui a politiquement payé cher son
appui aux travailleurs de la forêt. Hector Lafrance se souvient certainement qu’il était l’un des leaders de cette marche de solidarité pour les travailleurs. «Venez nous aider et on va vous aider par après», disait M. Lafrance. Actuellement l’aide ne vient pas, pour obtenir un prix juste et équitable de notre bois.
Depuis bien des années, les producteurs ont encaissé une baisse de prix dans le tonnage métrique. Ils ont en plus subi une exigence de nouvelles opérations de séparation des essences de bois. En plus, ils ont accepté de mettre en pile le bois de pâte et de sciage. Cela a représenté plusieurs centaines d’heures de travail que la compagnie ne fait plus, par recherche de profits. Le public peut aussi connaître des faits comme ceux-là.
J’aurais plusieurs questions personnelles à poser dans ce dossier qui touche des milliers de propriétaires, contribuables et électeurs : la compagnie préfère-t-elle sortir les producteurs du dossier pour obtenir à la baisse le bois de la forêt publique qui appartient à vous tous ? Pour le bois vendu aux enchères, pourquoi la compagnie n’a pas offert un prix convenable
«Tout ce qu’on veut, c’est qu’ils achètent notre bois»
Nous sommes quelques propriétaires et pro- ducteurs de bois dans la Vallée-de-la-Gatineau qui se sont regroupés pour vous écrire ces quelques mots.
Tout d’abord, nous sommes très loin de vouloir fermer l’usine de Produits forestiers Résolu. Tout ce qu’on veut c’est qu’ils achètent notre bois à des prix raisonnables. Combien de commerçants et de travailleurs parmi vous ont accepté une baisse de salaire de 16% dans les dernières années, probablement aucun d’entre vous. Et bien nous, ce sont les concessions que nous avons faites depuis 2007 pour notre bois destiné à l’usine que vous défendez tant.
M. Blackburn mentionne que nos demandes sont irréalistes. Trouvez-vous que c’est trop demander de reculer de 7 ans pour le prix de notre bois ? Quand vous allez acheter du bois chez les commerçants, le prix de la planche, lui, n’a pas baissé de 16%. Le marché
pour le prix du bois n’a jamais été aussi élevé depuis 2007 et nous il faudrait qu’on accepte encore de faire des compromis.
Notre réponse à tout ceci est qu’on est réel- lement tannés de faire des concessions et qu’on aimerait une fois pour toutes que les dirigeants de l’usine tiennent leur promesse, soit de nous récompenser pour tous les accommodements réalisés afin de les aider à maintenir l’usine en vie. On veut que dès maintenant notre bois soit payé à sa juste valeur. Les taxes de nos terrains boisés n’ont pas diminué, le coût du carburant augmente sans cesse, le coût d’en- tretien de notre machinerie ne baisse pas et le coût de la vie monte toujours.
Couper et vendre le bois qui provient de nos terrains n’est pas fait pour s’enrichir. C’est plu- tôt pour entretenir nos boisés et assurer l’ave- nir de nos forêts ainsi que payer nos comptes et surtout faire vivre nos familles. Un sapin ou
une épinette, une fois coupé, ne repousse pas l’année suivante. Il faut attendre au minimum 40 ans avant la prochaine récolte donc c’est tout à fait normal qu’on veuille être payé de façon équitable.
Nous avons élu des administrateurs compé- tents pour nous représenter, nous sommes très fiers d’eux et les soutenons fortement. Le dos- sier de PF Résolu est complexe et nous sommes heureux de pouvoir compter sur eux pour nous défendre. Chacun d’entre nous qui gagnons notre vie en coupant du bois sur les terrains privés sait exactement quels sont les enjeux de ces négociations, car notre survie en dépend.
Finalement, nous sommes vraiment décou- ragés de la CCMVG. Qu’ils demandent aux producteurs de bois de rencontrer les représen- tants de l’usine est inconcevable puisque les négociations qui se déroulent entre l’Office


































































































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