Page 2 - La Gatineau 10 juillet 2014

2 10 juillet 2014 La Gatineau
VISITE DU MINISTRE DES FORÊTS
L. Lessard promet plus de stabilité aux travailleurs
MANIWAKI - Le ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, était de passage à Maniwaki lundi, en compagnie de la députée et ministre responsable de l’Outouais, Stéphanie Vallée. Après une visite de Produits forestiers Résolu, en compagnie du préfet Michel Merleau, ils se sont ren- dus chez Louisiana Pacific.
Chez Résolu, les opérations forestières ont repris la semaine dernière et les 80 employés devraient retourner au travail le 4 août, après un congé forcé de plus de deux mois. Les 125 employés de la pape- tière de Gatineau, fermée depuis mi-juin, devront attendre le 14 juillet avant de reprendre le travail. Les deux usines avaient cessé leurs opérations en raison de problèmes d’approvisionnement en matière première.
«Comme les sources d’approvisionne- ment étaient multiples, on a du demander à tout le monde d’apporter leur contribu- tion, a expliqué Laurent Lessard. Une entente a notamment été signée avec le chef Whiteduck pour 150 et quelques milles mètres cubes, donc ça a sécurisé les approvisionnements.»
Le ministre Lessard estime que le prix du bois aux États-Unis et l’entente de trois ans qui a été conclue entre Québec et PFR devraient offrir un peu plus de stabilité aux travailleurs. Il promet par ailleurs de main- tenir des tables de discussion permanentes afin de connaître les problématiques et qu’il y ait en tout temps des agents respon- sables pour prendre des décisions et éviter des fermetures.
que
ça va être bon!
Concernant le secteur de la forêt privée, «on a essayé de régler le petit conflit passé et de conclure une entente d’approvisionne- ment sur trois ans avec des volumes addi- tionnels. Ils ont accepté d’accélérer la pro- cédure de règlement du différent. Donc on s’attend à avoir une décision rapide et ça pourra avoir une influence sur la prochaine négociation. On veut remettre les parties dans une nouvelle aire de négociation et on est prêts à leur fournir les médiateurs et per- sonnes assistant la prise de décisions.» Le ministre assure que les producteurs privés «font partie de la solution. On ne peut pas opérer ici en se passant de la forêt privée. Tout le monde est mis à contribution».
Maintenant, selon le ministre Lessard, l’objectif est «d’harmoniser pour au moins deux ans, pour que l’industrie sache pour les deux prochaines années là où elle peut aller faire sa récolte, prévoir les déplace- ments de ses camps forestiers et de sa masse de travailleurs, aller voir les essences d’avance», l’objectif étant d’éviter de nou- velles ruptures d’approvisionnement.
Nouveau régime forestier
À Maniwaki comme à Gatineau, les représentants syndicaux ont affirmé que le nouveau régime forestier était responsable des fermetures temporaires des deux usines. L’ancien régime forestier permettait aux entreprises de planifier les travaux et les territoires de récolte, qu’ils soumet- taient ensuite à Québec en décembre pour
De gauche à droite : le préfet Michel Merleau, le ministre Laurent Lessard, la députée et ministre Stéphanie Vallée, le directeur de la scierie de Maniwaki Paul Grondin.
approbation pour la saison suivante, du 1er avril au 31 mars. Depuis avril dernier, le nouveau régime prévoit que le ministère planifie les récoltes et avise les compagnies forestières des territoires où elles s’approvisionneront.
Mais selon le ministre Lessard, le
nouveau régime forestier n’est pas respon- sable de la fermeture temporaire des usines de Maniwaki et Gatineau. Des problèmes d’approvisionnement combinés à une situa- tion économique complexe sont les princi- paux responsables, selon le ministre.
Sylvie Dejouy
Producteurs privés : «une foresterie à deux vitesses»
LA GATINEAU - «Pendant que le gou- vernement libéral augmente les budgets de sylviculture de 23% en forêt publique au Québec, la forêt privée de l’Outaouais écope d’une coupure de 33%.» L’Office des producteurs de bois de la Gatineau dénonce ce qu’elle considère comme
étant «une foresterie à deux vitesses».
L’organisme estime que la forêt pri- vée est en péril : «En effet, pendant qu’il était annoncé triomphalement une augmentation de 18 millions de dollars
de l’enveloppe budgétaire pour des tra- vaux sylvicoles en forêt publique en Outaouais sur une augmentation totale de 42 millions de dollars à l’échelle de la pro- vince, le gouvernement du Québec annon- çait de la façon la plus discrète possible des coupures de budgets de 5,7 millions de dollars pour les travaux sylvicoles en forêt privée sur une enveloppe qui était de 40 188 000$ en 2013. Ces coupures sont les plus importantes dans les 25 dernières
années en forêt privée.»
L’office ajoute que la situation est encore plus critique pour la région de l’Outaouais : «Celle-ci voit son budget de travaux syl- vicoles en forêt privée amputé de 33%. 33% de coupure pour deux des MRC les plus pauvres du Québec soit les MRC de Pontiac et de la Vallée-de-la-Gatineau. En argent cela représente 560 200$. Aucune région du Québec n’a à subir des coupures aussi massives en pourcentage de son bud- get alors que la coupure moyenne est de 14%. De surcroit, en 2013, l’Outaouais
avait déjà subi une coupure de budgets de 12% alors que la coupure pour l’ensemble du Québec était de 2%.»
L’office est d’autant plus déçu que «nous pensions qu’à la lumière des déclarations du nouveau ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, la forêt privée faisait partie de la solution quant au futur de l’industrie forestière de la région. Avec ces annonces, cela n’est plus vrai et surtout pas en Outaouais. Cela ne ressemble pas non plus aux engagements que la ministre régionale, Stéphanie Vallée, avait pris lors de l’Assemblée générale annuelle de l’Office des producteurs de bois de la Gatineau qui s’est tenue le 29 avril dernier à Bois-Franc devant une cen- taine de producteurs forestiers. Celle-ci s’était engagée à travailler à rétablir un meilleur équilibre des budgets de forêt pri- vée entre l’Outaouais et les autres régions du Québec».
L’organisme rappelle que «forestière- ment, parlant selon plusieurs indicateurs, la forêt privée de l’Outaouais représente environ 9% de la forêt privée du Québec alors qu’elle ne recevait que 4,2% des bud- gets provinciaux de travaux sylvicoles. Non seulement le déséquilibre n’est-il pas cor- rigé pour l’Outaouais mais il est plus grand que jamais avec désormais 3,3% des bud- gets provinciaux. Plus de souplesse pour l’industrie en forêt publique, plus de sub- ventions en forêts publique pour des tra- vaux sylvicoles mais moins en forêt privée et encore moins en forêt privée en
Outaouais. Et certains ont quand même l’audace de demander à la forêt privée d’être plus compétitive...»
Interrogé à ce sujet lors de sa visite à Maniwaki, le ministre Laurent Lessard affirme que le financement accordé à la forêt privée est le même que celui d’il y a deux ans (28,5 millions de dollars), soit avant le retrait d’une subvention fédérale de 5 millions de dollars. «L’an dernier, nous avons comblé la subvention échue du fédéral, mais cette année, après l’étude des crédits, c’était impossible», affirme-t-il.
Concernant la répartition des budgets, Stéphanie Vallée admet que «le dossier de l’Outaouais demande une répartition plus équitable, c’est un dossier sur lequel on tra- vaille avec les collègues de l’Outaouais depuis un certain nombre d’années. On a fait part de nos préoccupations au ministre Lessard, des recommandations seront faites». Le ministère des Forêts dit attendre la publication d’un rapport à l’automne sur l’état des forêts privées du Québec, avant de voir s’il est possible de rééquilibrer les budgets alloués à chacune des régions.
À noter que le conseil d’administration de l’Office des producteurs de bois de la Gatineau est composé d’Yvon Parker, Éric Plouffe, Pierre Bénard, Gilles Payette, Raymond Johnson, Bruno Billard et Guy Joly.
À noter aussi qu’aucune rencontre n’était prévue lundi avec des représentants de pro- ducteurs privés, dans le cadre de la visite du ministre dans la Vallée-de-la-Gatineau.
Facebook.com/LeZog