Page 2 - La Gatineau 12 février 2015
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2 12 février 2015 LaGatineau UNITÉS D’AMÉNAGEMENT
Une réforme qui ne fait pas l’unanimité
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Depuis le 19 janvier et jusqu’au 3 avril, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a entrepris une consultation publique simultanée dans 9 régions du Québec afin de présenter son projet de réforme des unités d’aménagement (UA). Cette consultation consiste en une série de rencontres afin d’expliquer le projet de redécoupage des limites territoriales des UA et appeler les participants à transmettre, par écrit, leurs commentaires. Une présentation avait lieu la semaine dernière, à l’Auberge du draveur. Elle a réuni près de 15 personnes, dont le préfet Michel
Merleau, des représentants de Produits forestiers Résolu, de Louisiana Pacific et de la Société sylvicole.
L’UA est une unité territoriale de référence du domaine de l’État pour la gestion des ressources forestières. Ce découpage est effectif depuis le 1er avril 2008 et remplace celui des aires communes. C’est sur la base de ce découpage que l’on définit les stratégies d’aménagement forestier, soit la nature et la quantité de travaux sylvicoles à réaliser, en vue d’y déterminer la possibilité forestière annuelle de coupe à rendement soutenu. Les travaux à effectuer en forêt, tels que la coupe de bois, le reboisement et les éclaircies, sont planifiés pour chacune de ces unités d’aménagement.
On dénombre au Québec 71 UA. Leur
superficie varie de 148 km2 pour la plus petite à 24 447 km2 pour la plus grande. Les modifications proposées ont pour but de réduire leur nombre. Cela permettrait une diminution des coûts de gestion pour le ministère et une simplification de la participation des acteurs régionaux à la planification forestière, puisqu’ils seraient interpellés sur un nombre réduit de plans d’aménagement forestier intégré.
La proposition est de passer de 71 à 55 UA. Neuf régions sont concernées. En Outaouais, on passerait de 6 à 5 UA. Par ailleurs, comme deux autres régions québécoises, on assisterait à un redécoupage, au profit de l’Abitibi- Témiscamingue, alors qu’ailleurs on parle essentiellement de fusions des UA.
À la suite des modifications proposées, une superficie de près de 3 600 km2, actuellement gérée par l’Outaouais, le serait par la région administrative de l’Abitibi-Témiscamingue.
«C’est le pire scénario»
Durant la rencontre à l’Auberge du draveur, uniquement des craintes et du mécontentement ont été exprimés. Les responsables de compagnies forestières ont dit craindre une perte de volume. Le directeur de la Société sylvicole de la Haute-Gatineau, Patrick Feeny, anticipe «des baisses de budget et pertes d’emplois».
Pour le maire de Sainte-Thérèse-de- la-Gatineau, André Carle, «la région de l’Outaouais semble la grande perdante. C’est une perte sèche, avec tout ce que ça implique pour les bénéficiaires, les travailleurs. Pour l’Outaouais c’est trop de changement».
Selon une personne de Produits forestiers Résolu, «c’est le pire scénario. Il y a 20% de volumes qui deviennent complètement incertains».
Le préfet Michel Merleau s’est aussi prononcé contre ce projet : «Les compagnies, les travailleurs sylvicoles, la MRC ne le veulent pas. Comment on fait pour qu’à Québec, dans leur tour de crystal, ils nous entendent. On est une région vulnérable et on nous propose ça. On ne va pas baisser les bras et on va se concerter pour se faire entendre. On a l’impression qu’à Québec on n’est pas considérés comme une région forestière. Il y a une incohérence entre la volonté de vouloir sauver nos usines et cette proposition. Je ne comprends pas qu’on soit la seule région perdante au Québec». Michel Merleau a par ailleurs affirmé qu’il ira chercher l’appui des Premières Nations, directement concernées par ce projet.
Les personnes présentes sont persuadées qu’en perdant du volume au profit de l’Abitibi-Témiscamingue, des usines fermeront. Le processus de consultation a par ailleurs été questionné. Une personne présente se demande «à quel point c’est décidé d’avance».
Les citoyens peuvent transmettre leurs commentaires au moyen du formulaire en ligne ou par courriel à consultation- unites-amenagement@mffp.gouv.qc.ca
Des formulaires sont disponibles sur le site Internet du ministère ou à ses bureaux. Un rapport de consultation sera fourni en mai. Le ministère décidera ensuite s’il va de l’avant avec les modifications envisagées. L’objectif serait de les mettre en œuvre en 2018-2023.
Le public peut consulter une carte illustrant les nouvelles délimitations proposées ainsi qu’une fiche explicative sur le site mffp.gouv.qc.ca/forets/ consultation-unites-amenagement


































































































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