Page 5 - La Gatineau 2 avril 2015
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PATROUILLE DU MONT SAINTE-MARIE
Elle veille sur les skieurs
La Gatineau 2 avril 2015 5
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Si vous avez l’habitude de skier au Mont Sainte-Marie, vous les avez sûrement déjà croisés. Tout au long de la saison, la Patrouille canadienne de ski veille sur les pistes et s’assure de la sécurité des skieurs.
Dans le civil, Martin Hayles est médecin. Durant une partie de son temps libre, il est chef de la patrouille de ski au Mont Sainte- Marie. Son adjoint, François Hummell, qui a été chef avant lui pendant trois ans, alors que Martin était à l’époque son adjoint, est là pour l’épauler.
La Patrouille canadienne de ski, dont les bureaux sont à Ottawa, a des antennes partout à travers le pays. Celle du Mont Sainte-Marie dépend de la zone de Gatineau. Celle-ci est la plus grande en nombre de patrouilleurs au Québec et la troisième au pays, avec environ 350 personnes.
«La patrouille du Mont Sainte-Marie a été créée dans les années 60, expliquent Martin Hayles et François Hummell. Elle compte aujourd’hui 40 à 45 patrouilleurs, tous bénévoles à part une personne qui travaille à temps plein.» Il s’agit de médecins, infirmières, étudiants, géologiste, entrepreneurs, etc. Leur point commun : ils ont tous été formés par la Patrouille canadienne de ski, même ceux et celles qui travaillent dans le domaine de la santé.
Le niveau demandé sur les pistes : être un skieur intermédiaire fort. Mais les moins bons peuvent bénéficier de cours. Pour devenir patrouilleur, il faut par ailleurs suivre 60 heures de cours de premiers soins et 20 heures de pratique sur la montagne, par -10/-15, dans la neige, en testant plusieurs scénarios d’accidents. «Sur la montagne, tout le monde est égal, note François Hummell. Qu’on soit médecin, infirmière ou qu’on ne pratique pas la médecine.»
Les patrouilleurs ne sont pas rémunérés. Ils doivent par ailleurs payer une cotisation de 210$ la première année, ce qui inclut le cours et le sac de premiers soins, puis 180$ par année. En échange de leur dévouement, le Mont Sainte-Marie leur offre un pass de saison afin que, les fins de semaine où les patrouilleurs ne sont pas en devoir, ils puissent skier. Par ailleurs, la station prête un chalet que les patrouilleurs ont rénové afin d’y passer les fins de semaine, bien que un tiers d’entre eux ait un chalet au Lac Sainte-Marie. «Toutes les autres montagnes, les patrouilleurs repartent chez eux le soir, raconte François Hummell. Ici on reste ensemble toute la fin de semaine donc il y a une belle cohésion.»
Le rôle principal de la patrouille : préparer les patients avant qu’ils n’aillent éventuellement à l’hôpital. Les blessures sont aussi diverses que leur niveau de gravité : coupures, cou brisé, blessure au dos, fêlure, crise cardiaque, etc. «Cette année, une femme a perdu le contrôle et a fini dans un ruisseau, explique François Hummell. Elle a frappé une pierre. Elle avait une coupure à la tête jusqu’au crâne, le poigné brisé et des déchirures au foie.» Mais la majorité des accidents sont sans grande gravité et touchent les clavicules, épaules, coudes, poignés, genoux, tibia. Parfois, les
▲ Martin Hayles est le chef de la patrouille de ski au Mont Sainte-Marie. Celle-ci compte 40 à 45 patrouilleurs qui, de décembre à mars-avril, veillent sur la montagne et pratiquent les premiers soins sur les skieurs blessés.
patrouilleurs doivent aller chercher les victimes dans des conditions difficiles, avec des pentes abruptes, dans le bois, etc.
À 8h15, les patrouilleurs vérifient les pistes avant l’arrivée des premiers skieurs. Ils finissent leur journée à 16h. Radios en main, tout au long de la journée ils circulent sur le Mont Sainte-Marie. Ils ont une infirmerie au pied de celle-ci, où ça fourmille continuellement et où ils peuvent pratiquer les premiers soins sur des victimes.
Qu’ils soient arrêtés par des skieurs ou appelés à se rendre sur les pistes, la procédure est toujours la même. «L’un de nous se rend à la personne blessée, expliquent Martin Hayles et François Hummell. Il vérifie la gravité et décide s’il faut un toboggan pour descendre la personne ou une planche dorsale en cas de mal au cou, au dos ou de grosse blessure au visage qui laisse supposer une blessure au cou, donc tout risque potentiel de blessure à la colonne vertébrale.» Une fois les premières constatations faites, les autres patrouilleurs arrivent. Il y a toute une procédure à suivre : contrôler la respiration, le pouls, assurer la sécurité envers les autres skieurs, etc. «On appelle l’ambulance si c’est grave ou si la personne est seule et que sa blessure ne lui permet pas de conduire, ajoute François Hummell. Mais le Mont Sainte-Marie est loin de l’hôpital, il faut 30 à 45 minutes pour aller à Maniwaki, Wakefield ou Masham.»
Le jour de notre rencontre, une adolescente qui avait mal au dos suite à une chute s’est rendue à l’infirmerie. Oxygène, tension, questions. François Hummell la rassure et les patrouilleurs sont aux petits soins avec elle. Ils finissent par l’allonger sur un matelas spécial, afin de l’immobiliser de peur que sa colonne vertébrale ne soit atteinte.
Quand il y a eu le problème de télésiège bloqué, la patrouille est intervenue. «Ça a pris 2h30 pour descendre 103 personnes, raconte François Hummell. 83 personnes sont passées par la clinique. Elles souffraient de froid, d’engelures, on voulait s’assurer qu’elles étaient en bonnes conditions avant de repartir. Il y a eu de l’aide de la communauté, des gens sont venus apporter des couvertures, du café.»
Une vocation
«La plupart des bénévoles sont patrouilleurs pour faire partie d’un groupe, aider, pratiquer les premiers soins, porter l’uniforme, aider la communauté», selon François Hummell.
Il est nécessaire d’être en bonne condition physique pour être patrouilleur, afin de skier toute la journée. «On est pas obligé d’être un excellent skieur, juste de bien tenir sur ses skis, ajoute François Hummell. Il y a quatre moniteurs de ski dans la patrouille donc ils aident ceux qui sont moins bons et après une saison ils s’améliorent énormément.»
Les patrouilleurs, présents de décembre à mars-avril, doivent donner au moins 12 à 14 jours durant la saison. Parfois, en plus des patrouilles, ils doivent être présents lors de compétitions.
Évènements spéciaux
Durant la saison estivale, les patrouilleurs ne chôment pas. Ils quittent leurs skis pour contribuer à assurer la sécurité et les premiers soins lors d’évènements spéciaux comme les festivals à Ottawa, les marathons, etc. Cela permet à la patrouille de recevoir des fonds.
Au Mont Sainte-Marie, la montagne les engage lors d’évènements comme le Festival des couleurs ou le Mountain fest. Participer à ces évènements permet aux patrouilleurs de créditer des dollars pour leur cotisation annuelle.
Support de la communauté
Celle-ci aime la patrouille et lui montre notamment lors de levées de fonds, un peu comme un remerciement. Ainsi, un montant de 20 000$ collecté a permis à la patrouille de construire des cabanes de premiers soins en haut de la montagne.
Chaque année, la patrouille organise aussi une levée de fonds pour Contact femme-enfant. Ainsi, 1 200$ avaient été remis l’an passé avec 350 kg de nourriture.
À noter qu’en 2014, la patrouille du Mont Sainte-Marie a été nommée patrouille de l’année de sa zone, en raison de tous ses accomplissements durant l’année.


































































































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