Page 13 - La Gatineau 23 avril 2015
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La Gatineau 23 avril 2015 13
Le silence parle aussi
Le ministre de l’Éducation a annoncé (en fait, réitéré...) la semaine dernière l’intention de l’actuel gouvernement d’abolir les élections scolaires dans un avenir rapproché et d’ainsi modifier le système de gestion des écoles publiques. Cette annonce ne devait pas nous surprendre: c’est dans l’air depuis quelques années déjà... Ce qui m’a amusée, ce sont les arguments invoqués de part et d’autre pour justifier ou condamner cette volonté
d’abolition des élections scolaires.
Évidemment, la Fédération des commissions scolaires du Québec s’oppose à cette décision. Mais elle dit le faire parce que cela nuirait à la démocratie, les commissaires étant élus. Mme Nault, la présidente de notre commission scolaire francophone dans la région, abonde dans le même sens (bien sûr!), comme elle l’a déclaré dans un article publié dans l’édition du 16 avril de
La Gatineau.
Or, le gouvernement utilise le même argument –entre autres- pour justifier les changements à venir: le système actuel a un faible poids démocratique, dit-il, car avec un taux de participation rachitique de moins de 5% aux élections scolaires (des commissions scolaires francophones), les commissaires n’ont pas la légitimité démocratique de gérer l’un des postes budgétaires les plus importants de l’état, soit deux milliards annuellement.
Donc on préserve les élections scolaires, c’est antidémocratique selon les uns; on les abolit, c’est antidémocratique selon les autres...!
En fait, le gouvernement actuel interprète le très, très, très faible taux de participation des électeurs aux élections scolaires comme un signe de leur rejet du système de gérance actuel des commissions scolaires. Il n’a pas tort... non? Se taire, ça envoie un message aussi... Si la population souhaitait conserver ses commissaires qui, comme le clame les actuels élus scolaires, sont garants de l’accessibilité et de l’équité des services aux élèves, elle voterait massivement lors des élections, non? Il me semble que le taux anorexique de vote d’élection scolaire en élection scolaire est un message clair qu’on envoie... ou bien, si on souhaitait envoyer un signe de considération envers l’actuel système, on a carrément manqué notre coup!
Comment peut-on blâmer le gouvernement de vouloir apporter des changements quand on regarde les faits: l’importance du budget, les élections coûteuses et surtout, la non- participation citoyenne récurrente? Comment des commissaires élus par peu d’électeurs peuvent-ils être de si bonnes garanties de la meilleure gestion possible des fonds publics pour assurer la qualité, l’équité et l’accessibilité des services? Je ne sais pas.
Mais je sais que je crois aux remises en question. Je crois aussi que le silence des citoyens lors des élections scolaires a enfin été entendu.
Les propos et opinions dans cette chronique n’engagent que l’auteure et non la direction et le personnel du Journal La Gatineau.


































































































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