Page 4 - La Gatineau 2 juillet 2015

4 2 juillet 2015 LaGatineau PAGAYER ENSEMBLE
Expédition sur la rivière Gatineau
FRANÇOIS ROBERT
frobert@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI - La descente en canots sur la rivière Gatineau en direction d’Ottawa et de l’île Victoria sur les traces de nombreux ancêtres pour les célébrations du premier juillet avec un groupe mixte de jeunes de Kitigan Zibi et de non-autochtones est en train de devenir une forte tradition qui procure beaucoup de fierté aux membres du club de canot dirigé par Céline Whiteduck et Jan Côté.
Vendredi dernier, l’heure n’était plus aux séances d’entraînement, le moment était venu de mettre à l’eau les canots après une prière récitée par une enfant et une courte bénédiction par une dame de la communauté. «Nous ne devons pas oublier nos ancêtres qui ont voyagé sur ces eaux, a indiqué une aînée de Kitigan Zibi. Et aujourd’hui nous demandons à l’esprit des eaux de veiller sur vous et de vous ramener à la maison en sécurité. Et nous disons Meegwetch (merci) au Grand Esprit de nous donner une superbe journée. Et nous
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▲ Dernière photo de l’équipée avant de prendre le large.
espérons que vous aurez un voyage sécuritaire et sans embûches.»
Plus de la moitié du groupe de jeunes de Kitigan Zibi n’en était pas à sa première descente de la rivière Gatineau et fait partie du club de canot de Kitigan Zibi. C’est le cas entre autres de Jennifer Tenasco qui était du voyage l’an dernier. Elle a notamment précisé que l’équipée comptait huit canots et un rabaska et que le groupe visait de parcourir une vingtaine de kilomètres par jour.
Pour sa part, Tobias Commanda Odjick avait rejoint le groupe l’an dernier pour terminer le périple. «Cette année j’ai décidé de le faire au complet, de rencontrer plein de gens et de sentir le support de tout le monde. Le groupe de Chelsea, ils sont formidables, c’est agréable de pouvoir se faire de nouveaux amis et de rencontrer de nouvelles personnes, a-t-il commenté, avant d’ajouter que sa principale motivation pour cette action était de «conscientiser les gens à l’importance de protéger les cours d’eau, il y a trop de pollution, nous voulons que les gens sachent que c’est à nous,etnousvoulonsmontreruneunitéentre les jeunes des deux communautés.»
Leur collègue du club de canot de Kitigan Zibi, Soriya Thusky-Decontie, est là depuis le début de l’aventure il y a trois ans. «Chaque année, je suis motivée parce que c’est toujours une bonne expérience personnellement et pour ma communauté, a raconté la jeune femme quelques minutes avant le départ. J’ai toujours hâte aussi, car c’est une belle occasion de socialiser et rencontrer de nouvelles personnes. Travailler à la conscientisation des gens en suivant le chemin emprunté par mes ancêtres me rend vraiment fière de faire partie des Premières Nations.»
Sa camarade du groupe de Wakefield et Chelsea, Jericho Sanderson-Knight, a entendu parler du projet par Scott Duncan, l’organisateur en chef pour la partie non- autochtone de l’équipée qui a recruté dans plusieurs écoles du secteur. «J’ai tout de suite pensé que c’était une bonne chose de nous rassembler comme ça, a analysé Jericho. J’ai toujours aimé rencontrer de nouvelles personnes et découvrir d’autres cultures. Nous ne sommes pas si différents en réalité, nous avons beaucoup de points en commun et c’est une bonne chose de nous rapprocher encore davantage. C’est bien de savoir que nous avons maintenant des amis à Wakefield et à Kitigan Zibi. C’est ma première visite dans la réserve et vraiment c’est une super belle place!»
Soriya est très reconnaissante envers Céline Whiteduck et son conjoint d’avoir mis sur pied ce projet et le club de canot. «Je crois que c’est quelque chose dont nous pourrons parler à nos enfants. Ma grand-mère a déjà fait le voyage
en canot vers Ottawa et c’est une inspiration pour moi. Je sais que ma participation la rend f ière comme toute ma famille, notamment mes petits cousins.»
Après plusieurs rencontres
de préparation, Céline
Whiteduck, était très fébrile
à quelques minutes du
départ. «Nous voulons
vraiment que ce voyage sur
notre territoire ancestral devienne une partie importante de la portion autochtone des célébrations du premier juillet, a-t-elle souligné. Ces voies navigables sont en quelque sorte les autoroutes sur lesquelles nos ancêtres ont voyagé alors c’est très signifiant pour nous.»
Le premier soir, les jeunes de Chelsea et Wakefield étaient invités à revenir coucher dans des familles de Kitigan Zibi. La deuxième journée, les eaux tumultueuses étaient évitées et le départ fait à Bouchette en direction du campement de Gracefield. Puis, des campements étaient prévus à Lac-Sainte- Marie, Farrellton et Wakefield.
Très sensible à la culture autochtone et à la protection des écosystèmes, l’éducatrice et artiste, Emily Rose Michaud, accompagnait le groupe de Chelsea et Wakefield. Elle respecte profondément l’objectif de communier avec les ancêtres, pagayer dans leur sillon presque encore frais sur une rivière pleine d’histoires et de créer de nouveaux liens et de
▲ Jericho Sanderson-Knight et Soriya Thusky-Decontie ont bien voulu nous accorder une entrevue quelques minutes avant le grand départ.
nouvelles histoires. Elle sait que ce projet va inspirer les jeunes, mais aussi son processus créatif. C’est pourquoi elle a amené dans ses bagages son matériel pour être prête à se laisser imprégner par l’expérience et les sites visités avec le groupe. L’artiste qui a grandi en bordure de la rivière Gatineau considère que celle-ci l’a en quelque sorte forgée profondémentets’ysentvraimentconfortable. «J’ai aussi un grand désir d’apprendre à mieux connaître l’histoire entourant la rivière, particulièrement la période précoloniale, a-t- elle expliqué. C’est quelque chose dont on nous a peu parlé à l’école. Il y a vraiment un besoin de refaire l’unité, il y a trop déconnexion avec cette partie de notre histoire. C’est une belle façon de rendre la réconciliation concrète et de voir que sommes tous dans le même bateau à partager des histoires et des expériences!»
▲ Récitation d’une prière en algonquin un peu avant le départ.