Page 7 - La Gatineau 20 août 2015
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La Gatineau 20 août 2015 7 Vote des Autochtones : enjeu majeur
ÉLECTIONS FÉDÉRALES
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Le Chef national de l’Assemblée des Premières nations, Perry Bellegrade, a appelé au début de l’été tous ses membres à aller voter aux élections fédérales d’octobre, estimant que les Autochtones peuvent influencer les résultats du scrutin dans au moins 51 circonscriptions.
«Traditionnellement, les Autochtones ne votent pas, explique le chef de Kitigan Zibi Jean Guy Whiteduck. On a eu le droit de vote il n’y a pas si longtemps. Pendant longtemps nos gens ont dit, ce n’est pas notre gouvernement c’est le gouvernement des autres. Il y a toujours eu une certaine
participation mais elle était petite. Dans notre communauté, nous avons 2 200 électeurs, il y en a plus de 2 000 qui demeurent dans la communauté. Notre approche a toujours été, c’est à chacun de décider s’il veut participer. On disait dans le passé de ne pas participer mais là on dit c’est à vous de décider.»
Concernant le futur Premier ministre, Jean Guy Whiteduck espère qu’il «traitera nos dossiers de meilleure façon. La question autochtone manque souvent d’attention sérieuse. Il y a des dossiers importants, il y a des choses qui pressent, notamment au niveau de l’éducation. Le financement n’est pas toujours là pour répondre à des besoins essentiels».
Pour ce qui est du gouvernement Harper, le chef de Kitigan Zibi estime que des choses
positives font partie de son bilan en ce qui concerne les Premières nations : «Si on regarde les écoles résidentielles, il y a eu des choses positives.» Mais il note aussi beaucoup d’aspects négatifs : «On a refusé d’augmenter les fonds pour les besoins des communautés. Dans beaucoup de communautés isolées, la question de l’eau, des égoûts, des habitations, c’est difficile et il n’y a pas assez d’argent disponible. Le gouvernement en place, comme les gouvernements précédents, avait la possibilité de régler les choses mais ne l’a pas fait. Il y a un manque de ressources pour les services de base comme la santé, l’éducation.»
Comme bon nombre de ses prédécesseurs et membres de sa communauté, Jean Guy Whiteduck déplore que pour les dossiers majeurs qui touchent aux Premières nations,
les discussions avec les gouvernements s’étirent et n’aboutissent pas à des décisions concrètes : «Cela fait des années qu’il n’y a pas de volonté politique. La question des Autochtones est secondaire. On réagit que quand les Autochtones prennent des action radicales.»
Absence au départ des Oblats
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - La communauté a volontairement décidé de ne pas prendre part à la cérémonie organisée cet été en hommage aux Oblats. «On était supposé être là mais on a décidé de ne pas y aller pour envoyer un message, explique le chef Jean Guy Whiteduck. Je sais que les Oblats ont joué un rôle important dans la formation initiale de la communauté, mais il y a eu beaucoup de mauvaises choses qui ont été faites aussi et qui nous ont touchés, que ce soit les écoles résidentielles dans lesquelles ils ont été impliqués ou d’autres dossiers qui n’ont pas toujours joué en notre faveur.»
Le chef Whiteduck rappelle que les Oblats ont joué un rôle dans la création de la réserve : «On a utilisé la religion pour un but que les gouvernements de l’époque voulaient atteindre. Le régime était là pour déplacer les Autochtones, leur faire oublier leurs coutumes et leurs croyances et ça a fait beaucoup de dommages.»
Le projet Zibi ne fait pas l’unanimité
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Alors que plusieurs manifestations d’opposition au projet de développement immobilier résidentiel et commercial Zibi, sur les îles Chaudière et Albert à Ottawa, ont eu lieu cette semaine, le chef de Kitigan Zibi Jean Guy whiteduck est plus nuancé sur le sujet : «Windmill est un entrepreneur privé. S’il achète des terres, c’est son droit de faire du développement. Quand on parle de développement, chaque communauté est divisée sur cette question. Il y a des visions différentes dans la communauté au niveau de ce projet. Moi je crois que la commission
régionale a mal agi, il aurait fallu consulter les Autochtones avant qu’il y ait vente de ces terres. Mais il n’y pas eu de consultation. On vend les terrains et après on dit allez voir les communautés autochtones, c’est à l’envers.» Le chef Whiteduck dénonce aussi ceux qui disent représenter les Autochtones hors réserve : «D’après moi, pour les communautés établies c’est nous qui représentons le peuple, sur réserve et hors réserve.»
Des personnes, comme le frère de Jean Guy Whiteduck, l’ancien chef Gilbert Whiteduck, et aussi William Commanda, auraient préféré que la nature reprenne ses
droits sur ce site. Pour l’actuel chef, «c’est impossible de démanteler le barrage, l’impact écologique serait énorme».
Si des Autochtones sont contre ce projet, d’autres y voient une opportunité d’emploi. Des ouvriers de Kitigan Zibi devraient être embauchés sur le chantier. Le promoteur assure vouloir faire travailler des Autochtones, sous réserve que les discussions avec la Commission de la construction du Québec aboutissent. Windmill dit vouloir aider les candidats souhaitant suivre le processus de formation et de certification réglementaire, afin qu’ils respectent les normes en vigueur.


































































































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