Page 19 - La Gatineau 27 août 2015
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La Gatineau 27 août 2015 19 Une pollution de plus pour les lacs
FEUX D’ARTIFICE
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Que ce soit pour la St-Jean, la Fête du Canada, le début des vacances, etc. Toutes les occasions sont bonnes de sortir les feux d’artifice. Mais, souvent tirés sur ou aux abords des lacs, ils sont nocifs pour ceux-ci et entraînent une pollution des eaux.
Marc Grégoire, président du Regroupement de la protection de l’eau de la Vallée-de-la- Gatineau, tente de sensibiliser la population à cette problématique. «Les études sérieuses sur les impacts des feux d’artifice ont commencé en 2009, explique-t-il. C’est une problématique qui prend de l’ampleur et qui intéresse de plus en plus d’observateurs.»
Il suffit de lire leur composition pour comprendre que les feux d’artifice sont faits de produits polluants tels que de l’aluminium, arsenic, cuivre, plomb, mercure, etc. «Donc des matériaux toxiques, dépendamment de la quantité utilisée, note Marc Grégoire. Ceux de fabrication chinoise sont les plus toxiques car ce sont les moins contrôlés.» Et le problème est que bien souvent, par réflexe, les gens tirent les feux sur les lacs, se disant que c’est moins dangereux. Or, les métaux lourds vont alors se concentrer dans ces derniers.
Que ce soit sur les sols, l’eau ou l’air, les feux d’artifice ont donc un impact environnemental. «Les personnes les plus vulnérables, comme les enfants, peuvent être aussi incommodées, ajoute Marc Grégoire. Les gens sont de plus en plus conscients des impacts des feux d’artifice selon leurs composition et usages. Des municipalités comme Ste-Adèle dans les Laurentides ont commencé à légiférer. Il faut maintenant un permis délivré par la municipalité et l’utilisateur doit prouver qu’il respecte le manuel de l’artificier, qui comprend toutes les précautions à observer. C’est de plus en plus une source de préoccupation.»
À la pollution environnementale s’ajoute la pollution sonore. Plusieurs personnes sont irritées par les bruits des feux d’artifice, qui se multiplient durant la saison estivale. Cela vaut pour les résidents mais aussi les villégiateurs, qui bien souvent sont en quête de calme. «Selon une étude de la SADC sur la villégiature, celle-ci rapporte plus de 52 millions de dollars de revenus par année dans la Vallée-de-la-Gatineau, explique Marc Grégoire. Il y a 6 500 chalets dans la région dont la valeur foncière moyenne est de 157 800$. La moitié de la MRC est composée de
villégiateurs. À Blue Sea par exemple, 70% des revenus des taxes viennent des villégiateurs. Un villégiateur sur cinq pense s’établir définitivement dans la région au cours des cinq prochaines années. Donc il y a une industrie à protéger. C’est aussi une autre raison de protéger l’eau, même si la protection de l’eau
est un enjeu pas seulement économique mais aussi social, culturel et environnemental. Il faut donc s’en préoccuper et être aux aguets des irritants qui pourraient faire fuir les villégiateurs. Ils choisissent la Vallée-de-la- Gatineau pour la quiétude et le cachet naturel.»
Marc Grégoire nuance cependant que des
villégiateurs peuvent être eux aussi à l’origine des feux d’artifice, tout comme du bruit provoqué par les moto-marines, souff leuses à feuilles, véhicules à moteur, etc. «Il faut être sensible aux gens qui n’aiment pas le bruit, lance-t-il. Il faut penser à son voisin. Cette tranquillité est notre plus grande richesse.»


































































































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