Page 6 - La Gatineau 10 septembre 2015
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6 10 septembre 2015 LaGatineau SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Le glanage, solution anti-gaspillage
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Ce n’est pas parce qu’on a peu de moyens qu’on n’a pas le droit à de bons fruits et légumes frais. Afin d’aider les familles, dans la région le glanage prend de l’ampleur.
À l’origine, c’est un droit d’usage sur la production agricole qui date du Moyen-Âge. Il s’agissait alors par exemple de recueillir les épis de blé restés sur les champs après le passage des moissonneurs.
Même si ce droit d’usage est tombé en désuétude, cette pratique est aujourd’hui remise au goût du jour. Elle consiste à récupérer de la nourriture à la fin des marchés ou les fonds de culture agricole à la fin de la saison, ramasser tout ce qui n’a pas été récolté et/ou vendu et le transformer pour réduire les pertes. Une façon de faire des économies pour se nourrir et d’éviter le gaspillage, par exemple en allant chercher des pommes de terre, quand la récolte est terminée, qui sont passées à travers les machines plutôt que de les laisser pourrir sur place.
Dans la région, une personne croit dur comme fer en cette pratique et tente de la développer : Mélissa Vachon, chargée de projet en sécurité alimentaire, un poste financé dans le cadre du Plan de lutte à la pauvreté et créé pour bonifier l’offre alimentaire des paniers distribués dans les centres de dépannage. Sa mission : aider ces derniers à trouver des solutions à long terme pour mettre des aliments frais dans les
paniers, le problème étant que la fraîcheur coûte cher et que les centres manquent de financement.
«Souvent, les personnes donnent des denrées non périssables, explique-t-elle. Beaucoup de plats préparés en conserves. Sauf que les gens qui reçoivent des paniers veulent eux aussi bien manger. Même s’ils n’ont pas les moyens, ils sont conscientisés, notamment les enfants par l’école, à l’importance des saines habitudes de vie.»
Une des alternatives est donc le glanage, de plus en plus populaire. «La Maison de la famille est membre de la Table de concertation sur la faim et le développement social en Outaouais, explique Mélissa Vachon. L’Entraide de la Vallée aussi. Cette table a été l’instigatrice de l’escouade anti-gaspillage en Outaouais. Des ententes ont été conclues avec des agriculteurs pour récupérer des produits qui ne sont pas assez beaux pour être vendus, comme par exemple des tomates ayant des imperfections.»
D’où l’idée de développer le glanage dans la région. Michael Gainsford, propriétaire des «Vivaces de la Vallée» à Gracefield, a offert aux centres la possibilité d’aller faire du glanage dans ses serres à la fin août, pour prendre les fruits et légumes qu’il ne pourra pas vendre et dont ça lui faisait mal au cœur de les voir perdus. Ce sont des bénévoles qui sont chargés de la cueillette et de la mise en pot. Fèves, tomates, concombres, etc. Le but est aussi de faire de la congélation pour l’hiver avec ces récoltes qui sinon auraient été perdues.
Par la suite, Mélissa Vachon rêve
▲ De gauche à droite : Nicole Lebrun, bénévole qui donne un coup de main pour le glanage au profit des deux centres de dépannage alimentaire ; Michael Gainsford, propriétaire des «Vivaces de la Vallée» à Gracefield, qui a offert aux centres la possibilité d’aller faire du glanage dans ses serres ; Mélissa Vachon, chargée de projet en sécurité alimentaire.
Des repas bons et pas chers grâce à la Popote roulante
d’implanter ce qui se fait ailleurs : des agriculteurs offrent des rangs dont ils ne se servent pas, que les banques alimentaires viennent semer et entretenir.
La sécurité alimentaire est un enjeu majeur dans la région. Les deux centres de dépannage de Maniwaki et Gracefield ont vécu une augmentation de la demande durant les derniers mois. À Maniwaki, 120 clients par mois sont desservis, des familles mais aussi des gens seuls et notamment des aînés. L’objectif est d’offrir mieux et plus aux
usagers, pour aller vers l’autonomie alimentaire.
Pour permettre à l’escouade anti-gaspillage de visiter vos restants de champs, vous pouvez contacter Mélissa Vachon au 819-441-0282 ou par courriel à mvachon@ maisondelafamillevg.com
Contacts pour les centres de dépannage : Pain quotidien à Maniwaki, Rachel Auger, 819-463-4216, ou sœur Suzanne Vallières, 819-449-3113 ; Gracefield, Raymonde Carpentier, 819-463-2857 ou 819-463-2309.
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - – Huit heures, un jeudi, de bon matin. Les bénévoles de la Popote roulante sont au rendez-vous, au local de l’Entraide de la Vallée. Ils mettent les repas à livrer dans leurs voitures, jettent un dernier coup d’œil à la liste des personnes qu’il faut aller visiter et prennent la route pour leur tournée.
Ce service essentiel a existé pendant plus de 15 ans à Gracefield mais les fonds manquaient pour assurer sa survie. «L’Agence de santé m’a contactée pour qu’on reprenne la Popote roulante, explique Nathalie Larche, directrice de l’Entraide de la Vallée. Nous avions le local, le personnel. Donc nous l’avons reprise le 1er février.» Le financement provient du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais, 25 000$ par an, et de Centraide, 4 000$.
La Popote roulante dessert toute la Vallée- de-la-Gatineau. Ce service de livraison vise à assurer la sécurité alimentaire des gens de 55 ans et plus et des personnes en perte d’autonomie temporaire ou permanente. Les repas sont préparés la journée avant la livraison par le personnel de l’Entraide. Au coût de 5$, ils comprennent une soupe, un plat principal et un dessert. Chaque semaine, il y a deux choix de menus frais auxquels s’ajoute une grande variété de plats congelés. Les livraisons sont faites le jeudi matin, par des bénévoles : Michel Cyr et Jacques Bédard. Pour commander, il suffit de donner
▲ Bénévole de la première heure, Michel Cyr est membre fondateur de l’Entraide. Après avoir été coordonnateur, il est devenu président du conseil d’administration jusqu’à tout récemment. Aujourd’hui, il reste un bénévole très impliqué, notamment en faisant les livraisons de la Popote roulante.
son choix de repas au livreur ou d’appeler avant le lundi midi de chaque semaine au 819-441-3596.
Ce service permet donc d’avoir un bon repas pour pas cher, avec un grand choix de menus variés. En moyenne, 60 à 90 repas sont servis chaque semaine. À la clientèle régulière s’ajoute des personnes qui ont par exemple subi une opération et qui ont besoin de la Popote roulante seulement le temps de leur convalescence. Pour certains bénéficiaires, ce service permet de briser l’isolement. Des personnes préfèrent même aller chercher leur repas à l’Entraide car ça leur fait sortir de la maison.
Bénévole de la première heure, Michel Cyr est membre fondateur de l’Entraide. Après avoir été coordonnateur, il est devenu
▲ Nathalie Larche, directrice de l’Entraide de la Vallée, entourée des bénévoles de la Popote roulante, Michel Cyr et Jacques Bédard.
président du conseil d’administration jusqu’à tout récemment. Aujourd’hui, il reste un bénévole très impliqué au sein de l’Entraide. Pour la Popote roulante, il s’occupe de «la petite run», c’est-à-dire Maniwaki et Messines. Le jour où nous l’avons rencontré, il devait livrer des repas à 15 personnes.
Lorsqu’il se rend chez les gens, Michel Cyr ne se contente pas de donner les repas, il jase aussi un peu. Selon lui, il était essentiel que la Popote roulante soit maintenue dans la région. «Étant donné qu’on était organisé, on
a dit oui on va la prendre, explique-t-il. Tout le monde se demandait si ça allait continuer. On a augmenté le nombre de bénéficiaires à Maniwaki car avant cela ne concernait que Gracefield. Les gens sont très heureux de ce service, ils sont très satisfaits. La preuve, on ne perd pas de gens mais il y en a toujours qui se rajoutent.»
En parallèle, l’Entraide de la Vallée continue d’aider les plus démunis en préparant des repas pour les centres de dépannage alimentaire.


































































































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