Page 8 - La Gatineau 19 novembre 2015
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8 19 novembre 2015 LaGatineau JOUR DU SOUVENIR
La communauté honore ses héros
DANY OUELLET
douellet@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Mercredi 11 novembre, Jour du Souvenir, la communauté a rendu hommage aux frères et sœurs perdu(e)s lors des différentes guerres auxquelles les Premières nations ont participé.
Stephen McGregor, maître de cérémonie, a rappelé que la participation des Autochtones au sein des forces armées remonte à 200 ans, avec la guerre de 1812. À cette époque, raconte-t-il, les guerriers des Premières nations impliqués dans les guerres que se livraient Français et Britanniques, incluant les tribus algonquines, se faisaient rémunérer en biens et denrées plutôt qu’en argent sonnant, selon leur propre volonté.
La participation de Kitigan Zibi commença en 1915 lors de la première grande guerre, avec trois guerriers algonquins qui se joignirent au corps expéditionnaire canadien. Jusqu’à l’aube du 20ième siècle, le monde n’avait jamais connu de guerres d’une telle ampleur et d’une telle dévastation. Avec l’Armistice du 11 novembre 1918, l’espoir que plus jamais un tel conflit n’aurait lieu brilla pour un temps.
Mais nous connaissons la suite et en 1939, un autre conflit majeur prenait naissance sur le continent européen.
L’armée canadienne contribua à la libération des Pays-Bas en 1945, la porte arrière menant vers le cœur de l’Allemagne. Au moins 9 membres de la communauté algonquine y prirent part. Après la Seconde Guerre mondiale, la contribution de la communauté aux conflits de par le monde a continué jusqu’à la guerre en Afghanistan, où un membre de Kitigan Zibi a servi à deux reprises.
Durant la cérémonie, tour à tour ont défilé Peter Decontie et Josée Whiteduck, deux anciens ayant perdu des proches dans ces conflits. Ils ont récité des prières pour le respect des guerriers perdus afin d’en perpétuer le souvenir. Ensuite, Larry Whiteduck et Alison Commanda ont rendu hommage aux soldats de Kitigan Zibi, passés et présents. Cette dernière a aussi souligné la participation des femmes à l’effort de guerre. Même si elles n’étaient pas directement impliquées sur le front, leur contribution n’en fût pas moins essentielle pour assurer une issue favorable aux alliés dans ces guerres.
Soulignons la présence de quelques
▲ Une partie des représentants des forces armées canadiennes présents à la cérémonie entourant deux des orateurs qui ont pris la parole : Alison Commanda et Larry Whiteduck. À droite, le chef de Kitigan Zibi Jean Guy Witheduck.
▲ Le cénotaphe orné de couronnes de fleurs en hommage aux soldats autochtones disparus lors de différentes guerres dans lesquelles la communauté de Kitigan Zibi a été impliquée.
▲ Plusieurs couronnes de fleurs ont été déposées par des membres de la communauté ayant des liens avec des soldats tombés en période de guerre.
▲ Assis en avant plan, John Chabot, le plus vieux vétéran encore vivant à Kitigan Zibi, en compagnie de son fils, John, sa fille Lynn et sa petite fille Alexandra.
John Clarence Chabot : portrait d’un vétéran
militaires canadiens du Centre de recrutement à Ottawa, venus représenter les forces canadiennes, en souvenir des confrères et consœurs qui ont fait le sacrifice ultime de leur vie afin de garantir que la liberté puisse
prendre le dessus sur la dictature et l’asservissement. La cérémonie s’est déroulée au son du tambour traditionnel et celui des enregistrements d’hymnes à la cornemuse, donnant au tout un aspect très solennel.
DANY OUELLET
douellet@lagatineau.com
MANIWAKI - John Clarence Chabot, né en 1931, a servi sous le drapeau canadien de 1954 à 1973. Il n’est pas un vétéran de guerre mais un vétéran des forces canadiennes en temps de paix. Il est le plus âgé des vétérans de l’armée canadienne à Kitigan Zibi.
Son rôle au sein des forces aériennes du Canada en était un de soutien technique, c’est lui, qui comme météorologue, préparait les prévisions du temps à l’intention des pilotes.
▲ John Clarence Chabot assis en avant plan, devant la ligne de représentants des forces armées et de vétérans.
Son travail l’a amené à demeurer à plusieurs endroits d’un bout à l’autre du pays. Il a ainsi été affecté à St-Jean au Québec, à Portage- La-Prairie au Manitoba, à Summerside sur l’Ile du Prince Édouard, à North Bay en Ontario, Cold Lake en Alberta et finalement à Portsmouth en Nouvelle Écosse. Il dit avoir été bien traité dans les forces aériennes canadiennes et n’a jamais connu de ségrégation ou autre forme d’isolement parce qu’il était d’origine autochtone, peu importe l’endroit où il se trouvait.
Ce qui l’a motivé au départ à rejoindre l’armée de l’air canadienne, c’est la possibilité de bénéficier d’une formation technique, afin, comme il le mentionne, d’agrandir ses possibilités dans le choix de la carrière qu’il entendait faire. Sa mère également était très préoccupée par son avenir et tenait à ce qu’il bénéficie d’une bonne éducation. D’ailleurs, là-dessus John Chabot est catégorique : il croit que plus de jeunes autochtones devraient rejoindre l’armée car cela leur apporterait un entrainement et une discipline de vie, tout en leur ouvrant des opportunités par la formation qu’ils peuvent acquérir dans un cadre militaire. Il aimerait que tous les jeunes autochtones puissent bénéficier des mêmes
▲ John Clarence Chabot, accompagné de son fils John, se dirige vers le cénotaphe pour y placer le rituel bâton de cérémonie autochtone à l’effigie de l’aigle à tête blanche et orné de plumes.
opportunités que lui-même a obtenues au cours de sa vie dans les forces armées canadiennes et par la suite. Ainsi, après son service de 20 ans dans l’armée de l’air, il a travaillé conjointement avec les forces canadiennes afin de monter des programmes d’emplois pour les jeunes autochtones et des camps d’entrainement militaires.
John Chabot avait l’habitude d’organiser la cérémonie du Jour du Souvenir à Kitigan Zibi mais aujourd’hui il a passé le flambeau, son âge et sa condition physique ne lui permettent plus d’assumer la logistique d’un tel évènement et les tâches qui y sont associées. John Chabot a 84 ans et la satisfaction d’une vie bien remplie.


































































































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