Page 5 - La Gatineau 22 mai 2014
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IncenDIe De Fort McMurray
Deux pompiers d’ici racontent
La Gatineau 16 juin 2016 5
▲ Photo du groupe de pompiers de Maniwaki et de Val-d’Or.
Sylvie Dejouy
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Les feux qui se sont déclenchés à Fort McMurray le mois dernier et qui ont forcé l’évacuation de 2 400 résidences sont maintenant contenus, a annoncé cette semaine le gouvernement de l’Alberta. Le brasier a brûlé environ 590 000 hectares. Il ne devrait plus prendre d’ampleur grâce à la pluie qui s’est abattue sur la province et au travail des centaines de pompiers.
Parmi ces derniers, il y avait notamment Michaël Lapratte et Keven Laroche, pompiers forestiers à la SOPFEU, le premier depuis 15 ans et le second 22 ans. Ils ont été appelés à intervenir du 10 au 26 mai et ont combattu le feu pendant 14 jours, avec notamment sept autres confrères de la base de Maniwaki.
«Quand t’arrives là-bas, il y a un briefing d’accueil pour nous expliquer la situation provinciale, raconte Keven Laroche. Ensuite, t’es déplacé vers un poste de commandement qui est plus local. Le feu est séparé en différentes divisions, donc on nous assigne une division. On rencontre le superviseur de division qui lui va nous assigner une portion de feu dont on est responsable. Moi j’étais chef de section, Michaël chef d’équipe. Notre mandat était de sécuriser un village, où le feu était déjà passé. Pour permettre aux gens de revenir le plus vite possible, on devait éteindre toutes les fumées qu’il restait autour du village. On a fait cette partie là pendant quelques jours. Quand ça a été fini, ils nous ont assigné à une autre division, pour empêcher le feu de se rendre à une réserve de pétrole.»
Dans les médias, il a beaucoup été question de Fort McMurray mais plusieurs villages autour ont aussi été touchés. «Quand on est arrivé, il y avait déjà une division à Fort McMurray, poursuivent les deux pompiers. Ils n’avaient pas besoin de nous là donc ils ont décidé de nous envoyer ailleurs, parce qu’il y a plein d’autres communautés qui ont été touchées, il y a des campements forestiers qui ont été brûlés. Par exemple, le village d’Anzac, où on était, a aussi perdu des maisons et le village avait été évacué.»
Les pompiers ont été amenés à travailler en priorité autour des villages et des infrastructures pétrolières. «Ils ciblaient les interventions par rapport aux vies humaines, aux biens matériels et aux infrastructures pétrolières, précise Michaël Lapratte. Moi j’étais jamais allé sur un gros feu comme ça. Keven est allé sur un feu à la Baie de James d’à peu près la même grosseur
mais pas proche d’une municipalité comme ça.» «Pour le côté feu de forêt, oui on a déjà vécu ça, ajoute Keven Laroche. Mais évacuer une ville de 90 000 personnes c’est unique dans l’histoire du Canada. Pour ça, ça a été une première pour moi.»
Quand les pompiers de Maniwaki sont arrivés sur place, la ville de Fort McMurray avait déjà été évacuée. «Même si on a pas travaillé là, on est quand même rentré dans la ville, racontent les deux hommes. On y est allé à deux reprises pour aller chercher de l’équipement ou se rendre au poste de commandement. On voyait que les gens étaient partis de là rapidement et qu’il y avait eu beaucoup de détresse. Il y avait même des voitures laissées sur le bord de la route. Il y avait beaucoup de policiers pour s’assurer qu’il n’y avait pas de pillages, pour rentrer dans la ville il fallait passer par un barrage de police. Des bracelets nous avaient été donnés pour prouver qu’on était autorisé à rentrer dans le périmètre. Sur la route, il n’y avait que nous et la police, c’était bizarre de circuler sans trafic.»
Keven Laroche se souvient aussi du centre communautaire de Anzac où les gens avaient été installés avant d’être évacués une deuxième fois : «Ils ont pas eu le temps de tout ramasser, on voyait qu’ils étaient partis rapidement. Il y avait beaucoup d’émotion de voir le linge d’enfants, des livres. Voir la détresse dans laquelle les gens avaient dû quitter, c’était émouvant.»
Cette semaine, la GRC a annoncé qu’elle souhaite rencontrer toute personne s’étant trouvée entre le 29 avril et le 5 mai dans le secteur connu sous le nom de Horse River Trail System, au sud-ouest de Fort McMurray, un secteur particulièrement populaire chez les randonneurs et les amateurs de VTT. L’objectif est de tenter de déterminer si le feu est d’origine humaine. La SOPFEU rappelle d’ailleurs régulièrement l’importance de respecter les consignes de sécurité lorsqu’on se rend en forêt, alors que la majorité des incendies qu’elle combat sont allumés par des personnes.
Les premiers feux dans l’Alberta ont été repérés par une équipe des eaux et forêts à 15 kilomètres au sud-ouest de Fort McMurray le 1er mai dernier. En 72 heures, les flammes avaient dépassé les limites de la ville pour se propager aux alentours, contraignant la totalité de la population à partir à la hâte. Au final, 10 % des bâtiments de Fort McMurray ont été détruits. Aujourd’hui, plusieurs milliers d’habitants ne sont toujours pas rentrés chez eux et attendent la reconstruction de leur maison ou de leur entreprise.


































































































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