Page 14 - La Gatineau 14 Juillet 2016

14 14 juillet 2016 La Gatineau
LE CALME PLAT AU CLSC DE LOW
«Votre appel est important pour nous !»
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
LOW - Les coupures du ministre Gaétan Barrette ont des conséquences désastreuses pour le CSLC de Low qui dessert les municipalités de Low, Lac Sainte-Marie, Kazabazua et Denholm.
Trois postes stratégiques ont été éliminés durant la période d’austérité du gouverne- ment Couillard. Il n’y a plus de secrétaire-ré- ceptionniste, l’intervenante sociale en milieu scolaire ne travaille plus que deux jours par semaine au lieu de cinq et l’autre poste en organisation communautaire a été réduit à deux jours par semaine seulement.
Dorénavant, les usagers, même s’ils sont très malades, devront laisser un message après le «bip» sonore en espérant qu’on leur revienne pour fixer un rendez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Ou encore, composer le 911 pour une ambulance en souhaitant qu’il y en ait une disponible.
«Nous avons fait part de nos inquiétudes à M. Benoit Gauthier, adjoint au président-di- recteur-régional du Centre intégré de ser- vices sociaux et de santé de l’Outaouais (CISSO) lors d’une rencontre à Low le 1er juin dernier. Les maires Morris O’Connor, Gary Lachapelle, Gaétan Guindon et Ota Hora en plus des représentants d’Action Santé-Outaouais, de la table des directeurs
de la Fondation santé des Collines et, moi-même, représentante des usagers. Rien n’est prévu pour amé- liorer la situation à Low», précise Mme Colette Boisvert- Canavan, une dame très impliquée dans son milieu au sud de la Vallée-de-la-Gatineau.
Dialogue de sourds
Mme Boisvert-Canavan déplore grandement le fait que la pétition, signée par 647 personnes, l’automne dernier, réclamant de meilleurs ser- vices et le rétablissement des emplois permanents au CLSC de Low, ait été ignorée par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et la dépu- té-ministre de Gatineau, respon- sable de l’Outaouais, Stéphanie Vallée.
«La pétition est tombée dans l’oreille de sourds. Il semble bien que les politiciens ne vivent pas les mêmes choses que nous», ajoute Mme Boisvert-Canavan.
Plutôt qu’à Wakefield, Mme Boisvert- Canavan estime que la super clinique, qui est dans les cartons gouvernementaux, devrait être aménagée à Low, située au centre du sud de la Vallée-de-la-Gatineau et des Collines-de-l’Outaouais.
«Notre «par rendez-vous seulement», a perdu des professionnels dévoués. Les portes sont souvent barrées et la clientèle a perdu espoir. Il semble bien, à la suite de notre
▲ Le bâtiment qui abrite le CLSC de Low est laissé à l’abandon. Il deviendra sous peu un autre taudis étatisé tout comme le Foyer Père Guinard à Maniwaki.
ELLE SOIGNE SON FILS À DOMICILE
rencontre avec le CISSSO, que le sort du CLSC de Low est joué. C’est incompréhen- sible. Si c’était la MRC qui était menacée, je crois qu’on ferait tout ce qui est possible de faire pour la maintenir. La pression politique locale est presque inexistante. Et on parle d’investir des millions de dollars dans la piste cyclable. Que fait-on de la santé publique ?».
Les pertes d’emplois au CLSC de Low n’affectent pas seulement que les patients. Selon Mme Boisvert-Canavan c’est toute l’économie régionale qui est touchée. La revitalisation du secteur rural de l’Outaouais
débute par le maintien des services de santé de base prioritaires et non par la perte d’em- plois de qualité. «Il me semble que la MRC devrait accorder une attention toute particu- lière au sort qui est actuellement réservé aux citoyens de Low, Denholm, Kazabazua et Lac Sainte-Marie.»
Les maires de ces quatre municipalités, selon Mme Boisvert-Canavan devraient intervenir auprès de la MRC et la convaincre d’investir dans le maintien du poste de secré- taire-réceptionniste dont l’abolition crée un énorme vide au CLSC de Low.
«Le ministre Barrette m’a compliqué la vie» - Debra Cameron
▲ Debra Cameron s’occupe de son fils à la maison. Souvent, elle faisait appel au CLSC pour lui venir en aide. Les coupures récentes font en sorte qu’elle doit maintenant se débrouiller avec les moyens du bord.
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
LOW - Mettez-vous dans la peau d’une dame cinquantenaire qui habite Low, qui a un fils qui est atteint de spina-bifida, d’hydrocéphalie, de dysphagie, de quadriplégie en plus d’être diabétique. Ajouter à tout ça, le fait que son CLSC fonctionne coussi-coussa et vous avez tous les ingrédients d’une femme très inquiète qui craint que le pire arrive à son fils qu’elle aime plus que tout au monde.
Cette belle dame s’appelle Debra Cameron. Elle est venue rencontrer le journaliste de La Gatineau jeudi dernier, invitée par Colette Boisvert-Canavan, dans ce qui reste du CLSC de Low. Elle se bat pour que son fils, Nicholas, 33 ans, ne manque pas de services essentiels au maintien de sa santé qui est toujours précaire.
«Je ne comprends plus rien au système de santé québécois. Depuis l’adoption de la Loi 63, dans les années 1970, la création des CLSC a eu pour effet de décongestionner tout le système. Au fil des ans, le service s’est raffermi au point de devenir une nécessité pour les milieux dans lesquels ils ont été implantés. Et voilà que près de 30 ans après, on coupe les services et les emplois dans les CLSC ruraux. Je suis pour le maintien des soins à domicile. Je n’amènerai jamais mon fils dans un foyer, il mourait de faim. Le gouvernement réagit très mal dans le moment. Il coupe là où il ne le faut pas. Il faut augmenter les CLSC sur le territoire et non pas les fermer.»
L’insécurité
Les coupures récentes au CLSC de Low ont eu pour effet d’insécuriser Mme Cameron. Il y a en plus le problème de communication linguistique. Les intervenants à Low ne parlent pas anglais.
Nous nous connaissons tous à Low. Nous arrivons à nous entraider. Mais la coupure de services au CLSC nous fait mal à tous. Étant donné que nous nous connaissons tous, le triage se fait plus rapidement. Mais là, on nous a amputés de quelques emplois permanents qui ont un impact direct sur les services. Je ne comprends pas la philosophie du ministre de la santé.»
Mme Cameron en appelle à la bonne collaboration du CISSO. «Il faut savoir reconnaître les priorités et les appliquer. Nous vivons en milieu rural. Nous avons autant besoin de services de santé que partout ailleurs. Je me suis adressé au responsable des plaintes M. Louis Philippe-Mayrand. J’espère qu’on tiendra compte de mes demandes. Nous avions un si bon service avant que le ministre Barrette ne les coupe. C’est incompréhensible. Le CLSC était vraiment bien implanté dans la population. Nous sommes en train de le perdre. Que ferons-nous après ?»
Le 6 juin dernier, le ministre Laurent Lessard a annoncé la reconduction des investissements de 28,5 millions $ pour 2016-2017 dans le cadre du Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées. Il a par la suite confirmé, le 15 juin dernier, la bonification prévue lors du Discours sur le budget 2016-2017 portant l’investissement total à 34,5 millions $ pour l’ensemble du Québec pour 2016-2017.
MISE EN VALEUR DE LA FORÊT PRIVÉE
«On n’a pas gagné la 6/49» - Mario Couture
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
LA GATINEAU - L’annonce récente de l’injection de 1,4 million $ dans la mise en valeur de la forêt privée n’est pas à dédaigner pour l’ensemble de l’industrie mais ne
représente, dans les faits, qu’une aide financière directe de 15 900 $ pour l’Office des producteurs de bois de la Gatineau (OPBG).
«Nos producteurs n’ont pas coupé depuis avril. Nous ne ferons pas grand chose avec ces 15 900 $. Ce qu’on veut, c’est de la matière ligneuse. Nous ne sommes pas en mesure de la fournir. Nous ne sommes pas contre le fait de mobiliser des bois mais encore faut-il avoir les
moyens de le faire. Ce qui n’est pas le cas dans le moment», précise Mario Couture, directeur général de l’OPBG.
Ce dernier rappelle au ministre Laurent Lessard qu’il est temps de rétablir l’équité envers les producteurs privés. «Ce n’est certes pas avec une si petite somme que nous réussirons à accroître la récolte de bois et les volumes de livraison provenant de la forêt privée.»