Page 4 - La Gatineau 22 septembre 2016
P. 4

4 22 septembre 2016 La Gatineau
JOURNÉE D’ACTION CONTRE LA VIOLENCE SEXUELLE FAITE AUX FEMMES
Les femmes se réapproprient la rue
▲ Le groupe au départ de la marche, sous le gazebo de la rue des Oblats.
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Afin de souligner la 35e Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, le CALACS (centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuelle) organisait vendredi soir une marche sous le thème «La rue, la nuit, femmes sans peur». Comme l’a expliqué Maude Bélair, intervenante communau- taire au CALACS, «le but de cette marche est, en tant que femmes, de se réapproprier l’espace public et de revendiquer des endroits sécuritaires, autant de nuit comme de jour».
Le groupe est parti du gazebo rue des Oblats pour se rendre au Club de golf des Trois Clochers en passant par la passerelle puis le site de La Pointe des Pères. Tout au long du parcours, les femmes ont été invi- tées à accrocher, à l’aide d’épingles à linge, des feuilles sur lesquelles elles avaient écrit
Gatineau
135-B, route 105,
Maniwaki (Québec) J9E 3A9 Tél.: 819-449-1725
Téléc.: 819-449-5108
Réception : Myriam Bélanger L’Écuyer reception@lagatineau.com
Direction : Denise Lacourcière dlacourciere@lagatineau.com
Conseillers publicitaires:
Mélanie L’Écuyer: mlecuyer@lagatineau.com
Cédric Martineau: cmartineau@lagatineau.com Rédaction : redaction@lagatineau.com
Sylvie Dejouy, journaliste sdejouy@lagatineau.com
Émélie Cadieux, journaliste ecadieux@lagatineau.com
Jean Lacaille, journaliste jlacaille@lagatineau.com
Infographie :
Stéfane Bogé, Jessica Robitaille
Atelier de montage :
Fanny Provost
Avis public : avis@lagatineau.com
Comptabilité, encartage, distribution :
Denise Lacourcière
Heures d’ouverture :
Du lundi au vendredi de 8h00 à 16h00. Heure de tombée : Le mardi à 12h.
Votre journal local est la propriété d’un groupe d’actionnaires de la région. Il est produit par une équipe de professionnels qui mettent tout en oeuvre pour vous servir adéquatement.
Conseil d’administration :
Maurice St-Amour, Président
Denis Gendron, Vice-président,
André Lapointe, Secrétaire-trésorier André Benoît, Raynald Hamel, Mathieu Vallières
Publié le jeudi, et monté dans nos ateliers par Les Éditions La Gatineau Ltée, 135-B, route 105, Maniwaki
Imprimé à l’Imprimerie Qualimax
130, Adrien-Robert, Gatineau (Québec)
Courrier de deuxième classe, enregistrement n° 0535
Dépôt légal : Bibliothèque Nationale du Québec.
Tirage : 11 300 copies.
Représentation nationale :
Montréal : 514-866-3131 Toronto : 416-362-4488
pourquoi elles ont peur de marcher seules la nuit.
Comme l’a expliqué Mélanie Guénette, intervenante communautaire au CALACS, «la première marche de ce type a vu le jour sous le thème «Take back the night» à Philadelphie en octobre 1975 à la suite de l’assassinat d’une jeune microbiologiste poignardée à une rue de chez elle alors qu’elle marchait seule le soir. En 1976, durant la tenue du tribunal international des crimes contre les femmes, 2 000 femmes provenant de 40 pays ont marché de nuit dans les rues de Bruxelles. En 1977, des femmes ont pris d’assaut les rues de Rome pour protester contre les agressions à caractère sexuelle et les meurtres des femmes. Au Canada, les premières marches ont eu lieu à Vancouver en 1978 et en 1981. La Canadian association for sexual assault centres a décidé de faire du troisième vendredi de septembre la soirée des marches «take back the night» à la grandeur du pays. Au cours de ces rendez- vous nocturnes, les femmes se réappro- prient l’espace public, dénoncent l’exploi- tation sexuelle, commerciale et réclament le droit de vivre sans la peur et la violence masculine».
Les statistiques concernant les agres- sions à caractère sexuel sont éloquentes. Au Canada, les femmes représentent le plus grand nombre de victimes d’agressions sexuelles et le chiffre de 33 actes par 1 000 femmes n’a pas changé depuis le début des années 90. Parmi les victimes d’agressions
sexuelles signalées à la police, 92% sont des femmes et elles connaissent leur agresseur dans 3⁄4 des cas. Les taux d’actes de violence envers les filles de moins de 12 ans déclarés à la police en Ontario sont seulement de 300 sur 100 000. Par ailleurs, une femme sur trois et un homme sur six vivra une agression sexuelle durant sa vie. À la fin de la marche, des membres de l’équipe d’Halte-Femmes ainsi que Danielle Beaudry, de l’ASEC Haute-Gatineau, ont prononcé quelques mots. «Aujourd’hui, ensemble, continuons à prendre notre place, faisons notre chemin et trouvons des
solutions pour que nos peurs s’envolent à tout jamais», a notamment déclaré cette dernière. Une femme, Diane, a par ailleurs livré un émouvant témoignage (lire ci-des- sous) avant que les autres participantes soient invitées à s’exprimer également.
Les intervenantes du CALACS tiennent à remercier les partenaires locaux, la popu- lation, Danielle Beaudry de l’ASEC Haute-Gatineau, l’équipe de la maison d’hébergement Halte-Femmes Haute- Gatineau ainsi que Coopérative de solida- rité golf Maniwaki.
La
ELLE A QUITTÉ UN HOMME VIOLENT
«Maintenant, je suis bien tous les jours» - Diane Blais
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
MANIWAKI - Ça va bien maintenant pour Diane Blais. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Violentée par sa mère jusqu’à l’âge de 17 ans, elle devait renouer avec la maudite violence avec un homme qui lui avait fait une commande de lui donner cinq enfants. Un jour, elle en a eu marre de se faire prendre à la gorge. Elle s’est sortie de son monde de violence en demandant de l’aide. Vive la liberté!
L’homme est parti. Il s’en est lavé les mains. La femme est restée et en tant que mère monoparentale, elle a pris les moyens pour être à la hauteur de la situation avec l’aide de ses amis de la DPJ et des intervenants du domaine.
«C’était assez. J’ai quitté mon mari en 1996. Je ne suis jamais retournée. J’avais sept enfants dont cinq avec cet homme avec lequel j’ai été en couple une quinzaine d’années. Je ne le connaissais pas véritablement. J’ai vite appris où il voulait en venir. Une fois que tu es dans le pâturage de l’autre, il adopte ses règles et utilise la violence pour dominer. J’ai eu besoin des intervenants de la DPJ de Rimouski. Il y avait sept fusils dans notre chambre à coucher. Qu’est-ce que je fais. J’ai eu de l’aide sinon je n’aurais pas pu m’en sortir.»
Une situation intenable
Le père était également violent avec ses enfants. «Il n’y avait aucun signe précurseur.
Jamais je ne me serais imaginé que cet homme là puisse être aussi violent. C’était un parleur, un communicateur. Puis tout a changé. J’en suis venue à songer au suicide que j’avais planifié d’ailleurs. Je n’en pouvais plus. Je suis devenue sa possession. La mère de ses enfants. Il faisait du chantage. Ont suivi les crises de jalousie. Il n’acceptait pas ce que j’étais,
ce que j’avais été. Je suis une fille de la rue. J’ai été itinérante pendant sept ans. J’ai fait des trips de musique pour me rendre jusqu’à Vancouver.
Les paroles malsaines font place aux mauvais traitements physiques. J’étais enceinte de mon premier enfant avec lui. Nous nous sommes rencontrés dans un parc où j e q u ê t a i s p o u r m a subsistance. C’était un solitaire, tout comme moi.
Puis, elle a trouvé le chemin de la liberté. Après avoir décidé que c’était assez, elle est retournée sur les bancs d’école. Une vraie délivrance. «J’ai repris mes guides. J’ai retrouvé ma liberté, mon autonomie. Ça m’a fait du bien.»
Son ex vit toujours. Il est à St-Hyacinthe. Plusieurs de ses enfants ne lui parlent plus. Elle l’a chassé de sa vie. Elle ne veut plus rien savoir de lui. Et c’est pas le genre de gars qui aurait pu payer une pension alimentaire. J’ai pris mes responsabilités. Nos enfants ne sont pas responsables. Il n’y en a pas
un qui est de trop.»
Il y a deux ans, elle est venue retrouver son jeune frère à
Nous avions des affinités. Il
me courait dans la maison. Il
était devenu agressif. Il m’a dit que j’avais eu deux enfants avec d’autres hommes. Pour balancer les choses, il m’a dit que je devais lui en faire cinq.»
Une commande
Quatre enfants en six ans. Ses enfants lui ont demandé si elle regrettait d’avoir rempli la commande de son homme violent. «Dans la vie, arrangez-vous donc pour savoir à qui vous avez à faire.»
▲ «Il ne faut jamais hésiter à demander de l’aide, précise Diane Blais. Je m’en suis sortie avec l’aide des autres, des gens qui sont là pour toi.»
Maniwaki. Elle a eu un amour dans sa vie. Il vient tout juste de se suicider à cause de l’alcool. Il était dans le gang de Richard Desjardins dans le temps
du Boom Town Café et le groupe Abittibi.
Un conseil aux femmes violentées : «Sauvez- vous !» Elle a vécu enfermée dans un donjon. Elle ne le souhaite à personne. «Il faut appeler à l’aide, se faire humble, admettre qu’on a besoin des autres. Et quand on prend la décision, la première chose à faire, c’est de retourner à l’école. Elle est où ma place. Rester là et torcher le bonhomme ou m’organiser. Protégez-vous. Mettez des balises de sécurité tout autour de vous. Et ne retournez surtout pas».


































































































   2   3   4   5   6