Page 2 - La Gatineau 15 décembre 2016
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2 15 décembre 2016 La Gatineau
ACCIDENT PROVOQUÉ PAR UN SUSPECT RÉCALCITRANT
Ouverture du procès
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI -Le 18 août 2015, vers 21h30, sur la route 117 à Grand-Remous, s’est produit un accident impliquant un véhiculedelaSûretéduQuébec.Àbordde celui-ci, deux agents de police et un suspect qui venait d’être arrêté, Robert L’Étoile, accusé aujourd’hui de tentative de meurtre sur les deux policiers de la SQ en ayant provoqué l’accident. Plus d’un an après les faits, le procès s’est ouvert la semaine dernière au palais de justice de Maniwaki. S’il reconnaît qu’il y a eu accident ayant provoqué des blessures, le suspect plaide cependant non coupable.
Âgé de 61 ans, Robert L’Étoile est
originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le jour de l’accident, il était recherché depuis la veille par les policiers pour une agression armée survenue dans la région. L’agent Laplante, l’un des deux policiers impliqués dans l’accident, a expliqué au juge qu’un homme était recherché et avait été localisé dansleparcdeLaVérendrye.Quandles policiers ont tenté de l’arrêter, le suspect a pris la fuite. L’agent Laplante et son collègue, l’agent Bernier, ont alors été demandés en assistance.
L’agent Laplante a expliqué qu’avec son partenaire, ils ont localisé Robert L’Étoile dans un chalet du parc de La Vérendrye. Ce dernier a fini par se rendre. N’offrant aucune résistance, les deux agents l’ont assis à l’arrière de leur véhicule. Ils lui ont attaché les pieds et menotté les mains en
avant, car Robert L’Étoile se plaignait de douleurs en ayant les mains attachées dans le dos.
L’agent Laplante a expliqué que Robert L’Étoile était au début courtois, poli, et ne montrait aucun signe d’agressivité. L’agent Bernier conduisait. Les deux policiers devaient emmener le suspect aux enquêteurs des crimes majeurs, à Mont-Laurier.
Par la suite, Robert L’Étoile aurait commencé à s’agiter et détaché sa ceinture. Les policiers lui ont dit de se rattacher, mais il a refusé, prétextant être claustrophobe. Les agents ont alors fait preuve de compréhension, acceptant qu’il reste détaché de la ceinture de sécurité tant que leur véhicule roulait sur un chemin de
terre, puisqu’il avait les pieds et mains attachés. Mais, arrivés à la route 117, ils lui ont remis la ceinture de sécurité.
Juste avant l’accident, l’agent Laplante, qui était sur le siège passager avant, se souvient avoir senti le suspect derrière son épaule. Ce dernier aurait bondi à deux mainssurlevolantet donnéuncoupvers la gauche. C’est alors que le véhicule de police, qui circulait en direction de Mont- Laurier, est entré en collision avec un poids lourd qui venait en sens inverse. Tout s’est passé en une fraction de seconde, l’agent Laplante, qui ne se souvient pas avoir entendu le suspect déboucler sa ceinture, a seulement eu le temps de saisir les bras de Robert L’Étoile.
Durant l’audience, deux témoins de l’accident ont été appelés. Le premier suivait le véhicule de police. Il a vu celui-ci percuter le poids lourd. Il a expliqué que l’impact a été très violent et que c’est presque un miracle si les personnes à bord du véhicule ne sont pas décédées. Après l’impact, le témoin a vu qu’un policier était à terre, le corps à moitié sorti du véhicule de police. Il lui a demandé s’il était conscient et ce dernier a répondu en clignant des yeux. Par chance, un docteur était sur place et a pu lui porter secours. Le témoin a vu l’autre policier qui maintenait le suspect au sol.
L’agent Laplante a en effet expliqué avoir débouclé sa ceinture avant de sortir du véhicule. Ne voyant pas son collègue, il l’a appelé pour s’assurer qu’il était toujours en vie. L’agent Bernier lui a répondu. Pendant ce temps, le suspect était sur l’asphalte et rampait. L’agent Laplante s’est assis dessus pour l’empêcher de prendre la fuite. Il a ensuite appelé les secours.
L’autre témoin, le conducteur du poids lourd, n’est pas prêt d’oublier cette journée-là. Il conduisait un camion à bois de 60 pieds de long, vide. Il a expliqué que l’accident est arrivé très vite, qu’il n’a pas eu le temps de voir ce qu’il se passait ni d’éviter le véhicule de police.
Le mécanicien qui a expertisé le véhicule a aussi été appelé à témoigner. Il a expliqué que celui-ci n’avait aucune défectuosité avant l’accident.
Pour les deux policiers, il s’agit d’un événement traumatisant, dans lequel il leur est encore difficile de se replonger aujourd’hui. Les conséquences ont été physiques et psychologiques. Pour ce qui est de l’agent Laplante, il s’estime très chanceux et avoue ne pas comprendre comment lui, son collègue et le suspect ont pu s’en sortir. Il a subi une entorse cervicale, des douleurs musculaires aux épaules et dans le haut du corps, une opération à un œil en raison d’un problème à la rétine dû au choc provoqué par la collision. Mais au-delà des blessures physiques, il y a les séquelles psychologiques : un choc post-traumatique qu’il l’a obligé à un arrêt de travail de quatre mois, avec entre temps une tentative de reprise du service qui a été infructueuse.
Faute de temps, le procès a dû être interrompu. Une nouvelle audience est prévue en janvier. L’agent Bernier sera appelé à témoigner de même que le reconstitutionniste de la scène de l’accident et le suspect. D’ici là, ce dernier demeure détenu.


































































































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