Page 23 - La Gatineau 29 décembre 2016
P. 23

La Gatineau 29 décembre 2016 23 Rencontre inattendue avec le Père Noël
CONTE DE LOUIS MERCIER
LA GATINEAU - Afin de vous plonger dans l’ambiance de Noël, le conteur val-gatinois Louis Mercier a accepté généreusement de nous raconter un conte. Une histoire puisée dans son imagination, pour amener les plus jeunes à rêver et les plus vieux à retrouver leur âme d’enfant. Installez-vous bien confortablement. Voici l’histoire d’une rencontre inattendue avec le Père Noël.
«Le Père Noël, quand il fait sa distribution de cadeaux, il faut qu’il aille vite pis il est pressé. À un moment donné, moi j’étais après me promener en raquettes dans le bois, je me promène toujours en raquettes l’hiver, c’est tellement beau. C’était le 24 au soir pis j’étais un peu triste parce que mes enfants étaient pas là, j’étais séparé, j’étais ben malheureux. Quand t’es triste et tout seul le soir de Noël, je me suis dit moi là, je m’en va en raquettes. Je me suis préparé un p’tit lunch, j’ai emmené des allumettes, un p’tit peu de bois sec d’écorce de bouleau, ma p’tite tente en cas que j’sois pris. Du stock pour rester deux jours dans le bois. Pis là, je m’enligne dans le bois. C’était beau, il y avait un beau clair de lune. Je marchais, pis je marchais, il y avait beaucoup de neige cet hiver-là et comme de fait ils annonçaient une grosse tempête de neige le soir de Noël. Pis moi la neige, j’aime ça.
Tout d’un coup, les nuages ont couvert le clair de lune. Pis là, la neige s’est mise à tomber. Je marchais, je marchais. J’ai monté une montagne, je suis allé en haut, on voyait rien mais c’était beau, je sentais comme la neige tomber sur moi, les gros flocons tu les entendais. Il y en avait partout autour de moi. Il avait tombé quasiment 30 centimètres de neige en une heure. Ça faisait quatre heures que j’étais parti pis une chance que j’avais les grosses raquettes à mon père. C’était des grosses raquettes, pas comme aujourd’hui. Avant c’était fait avec du
bois, ils prenaient du frêne, avec de la vapeur ils le courbaient. On prenait de la babiche. C’est de la peau de chevreuil qui n’a pas été tannée, qui est fraîche, pis qu’on trempe dans l’huile. C’est très, très solide, on peut pas casser ça. Les raquettes étaient immenses, des grosses, grosses raquettes, vraiment des vraies raquettes.
Je marchais encore, pis c’était beau. Je m’enlignais vers une montagne que j’adore beaucoup, je vais toujours méditer là et je vais me reposer là, c’est beau. C’est bizarre, je vais me reposer là pis ça me fatigue d’y aller mais c’est beau. J’étais en haut de la montagne, j’étais bien, je suis tombé endormi. Tout d’un coup, j’entends des clochettes, «ho, ho, ho». Je lève les yeux, je voyais rien. «Attention, plus haut, faites attention les rênes.» J’entends comme un accident d’auto, mais dans le bois ça se peut pas. Je dis, «qu’est-ce qui se passe ?» Là, j’entends «v’nez m’aideeeeer, v’nez m’aideeeer.» J’ai dit, câline, il y a quelque chose qui arrive ici. J’ai remis mes raquettes parce que quand t’enlevais tes raquettes t’arrivais dans le fond, t’avais de la neige jusqu’au nez, ça avait pas d’allure. Ça fait que je remets mes raquettes. Tout d’un coup, je vois des bottes noires dépasser de la neige. Je m’approche de ça. Je commence à déterrer ça, c’était le Père Noël. Hey, le Père Noël était là.
J’ai dit, «hey, qu’est-ce que tu fais là ?» Il avait un bras magané, le nez dans une racine, je le sors de là, je le secoue un peu. Je dis «qu’est-ce qui se passe Père Noël ?» Il en a perdu son chapeau. Je lui nettoie la barbe, je lui dis «qu’est-ce qui se passe Père Noël ?» Il me dit «j’ai mal au bras». Je lui mets une écharpe. Il me dit «mais mes rênes sont où ? Mes rênes, mes rênes.» J’ai dit «la reine, je sais pas où est-ce qu’elle est, la reine d’Angleterre elle est en Angleterre.» «Mais non, pas la reine, mes rênes.» «Ho, oui, oui, oui.» Je vois une petite queue qui dépassait de la neige. Les rênes étaient maganés. Il y en avait un qui avait une patte de cassée, l’autre une corne tournée par en arrière, l’autre le nez tout arraché. Il y en avait six ou sept, je suis pas sûr. En tout cas, ils étaient maganés toute la gang. J’ai dit, «câline de bean». J’ai pris mes raquettes en babine. J’ai dit, «là, je fais un sacrifice Père Noël». Je fais un bon, bon feu. Je mets de la neige sur mes raquettes pour que la neige rentre dans la babiche pour
qu’elle redevienne molle. Là, j’ai défait la moitié pour faire de la corde pour réparer les pattes des rênes. J’ai r r é é p p a a r r é é u u n n e e p p a a t t t t e e d d ’ ’u u n n r r ê ê n n e e a a v v e e c c u u n n morceau de bois, j’ai déchiré même mon parka pour faire des pansements. Ça m’a pris comme deux heures. Le Père Noël disait «ça presse, ça presse, j’ai des
cadeaux à aller mener». Une chance, il y avait des sapins dans le coin. J’ai pu recoller les cadeaux avec de la résine de sapin. Il y a des petites cloches après les sapins, tu peux les péter pis là ça coule et ça colle. Ça fait que j’ai tout réparé et j’ai dit «Père Noël, tu peux décoller.»
Mais il y avait ben trop de neige. Ça fait que j’ai tapé la neige. Je tape une trail. Il y avait comme un étang que les castors avaient inondé dans le passé et quand les castors font quelque chose les arbres ils meurent tous et quand les castors s’en vont ça fait comme un grand champ parce que les arbres sont tombés. Tout d’un coup, les rênes essayent de courir mais ils peuvent pas voler, ils étaient trop maganés. J’ai dit «Père Noël qu’est-ce qu’on va faire ?» «Je l’sais pas, trouve une solution, ça a pas d’allure, faut livrer les cadeaux.» Le Père Noël, il braillait. Je lui ai dit, «t’en fais pas, je vais trouver une solution». Là, je me suis mis à réfléchir. Je me suis dit, je vais caller l’orignal. L’orignal ça a des grandes jambes, ça va être bon pour ça. Là, je me mets à caller l’orignal : «orignaaaal, orignaaaal». Comme je suis un gars de bois, ils me connaissent les animaux. J’entends des bucks arriver. Vingt orignaux sont arrivés autour. J’ai dit, «ils vont décoller, avec ton p’tit esprit magique de Noël ils vont décoller.» On attelle les orignaux, j’ai été obligé de défaire une autre partie de mes raquettes parce que l’attelage était ben trop petit. Ça fait que j’ai refait l’attelage avec de la babiche partout. La babiche c’est très, très fort. J’ai tout défait mes raquettes en fin de compte. Je me suis même servi des raquettes pour faire un collier pour l’un des orignaux pis l’autre aussi. J’ai dit
«Père Noël, tu vas être correct, ça va ben aller. Tu vas voir dans la grosse neige, c’est bon.» «T’es-tu sûr ?» «Oui, oui, oui, ils vont décoller, t’as qu’à te servir de la magie de Noël. Les orignaux c’est pas ben beau mais c’est fort.» On leur a donné chacun un nom : orignal 1, orignal 2, orignal 3... Le Père Noël était pas ben ben créatif, il était fatigué.
Ça fait qu’il part. Les orignaux ont décollé et le Père Noël m’a dit «merci Louiiiis». Là, il est parti et il a fait sa tournée. Deux jours après, j’étais chez nous. Moi ma maison est à côté d’un lac. J’aperçois le Père Noël atterrir avec les orignaux. Comme j’avais pas mes raquettes, j’ai été obligé de percer un tunnel tout le long jusque chez nous. J’avais soigné les rênes, deux jours après ils étaient moins magagnés parce qu’il y a des herbes naturelles qui sont comme miraculeuses. Mais l’hiver, c’est plus dur à trouver, faut que tu creuses. Tu fais bouillir ça, tu fais une gomme et tu mets ça sur la plaie. Les rênes étaient presque guéris. Le Père Noël était content, il m’a donné le plus beau cadeau du monde. Il m’a dit «toi, Louis ton cadeau va durer toute la vie. J’va t’donner le cadeau du conteur». J’ai dit «quoi?» «Oui, oui, j’va t’donner le cadeau du conteur.» «C’est quoi ça Père Noël le cadeau du conteur?» «Ben, tu vas avoir un talent. Tu vas conter des histoires, pis ça va toujours venir les histoires, tu vas toujours être inspiré pour conter des histoires, pour que tu recrées la magie de Noël, parce que les gens ils croient plus beaucoup en l’imaginaire des fois. Pis toi, ton talent, ça va être ça.»
J’ai remercié le Père Noël, il est reparti avec ses rênes pis les orignaux sont repartis dans le bois.»
F
NANCEMENT DE PROJETS STRUCTURANTS
le Fonds de développement des territoires : 2 000 dollars au projet À la découverte du patrimoine de l’Outaouais en vélo ; 3 000 dollars à la Pakwaun, à condition que l’édition 2017 comprenne un événement en lien avec les Premières Nations.
FI
IN
O
ctroi de deux montants
O
c
s
dejouy@lagatineau.com
s
d
SYLVIE DEJOUY
des maires de la MRC, une résolution a été adoptée afin d’autoriser le versement d’une aide financière à deux projets, dans le cadre de la Politique de soutien aux projets structurants pour améliorer les milieux de vie et en vertu des sommes disponibles via
GATINEAU - Durant la
r r
L
LA
AG
é é
u u
n n
i
ion de décembre du conseil


































































































   20   21   22   23   24