Page 2 - La Gatineau 2 mars 2017
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2 2 mars 2017 La Gatineau
EAU POTABLE DANS LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES
«Arrêtons de nous blâmer mutuellement»
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Que le problème d’approvisionnement en eau potable de plusieurs communautés autochtones ne soit pas encore réglé étonne le chef Jean-Guy Whiteduck. Il impute cette perte de temps au manque de dialogue et de compréhension des divers intervenants, tant locaux, régionaux que gouvernementaux.
«Nous ne parviendrons jamais à régler le problème si chacun ne joue pas le rôle qu’il a à jouer. Il faut cesser de nous blâmer entre nous. Il faut que ça se règle avec le ministère des Affaires indiennes.»
Le bilan à date
Lors d’une entrevue qu’il nous accordait
dans la matinée de mardi à son bureau du centre administratif algonquin, le chef Whiteduck a indiqué qu’il ne comprenait pas pourquoi on prenait tant de temps à en arriver à un mode de réalisation qui serait bénéfique pour l’ensemble des communautés autochtones tant au Québec qu’ailleurs au Canada.
«La situation diffère selon les régions. Les besoins ne sont pas les mêmes. Le positionnement géographique y est pour quelque chose et il faut bien dire que le gouvernement Trudeau n’a pas rencontré toutes ses obligations dans ce dossier particulier depuis qu’il est au pouvoir. Rien ne s’est fait et les dirigeants des Premières Nations sont frustrés. M. Trudeau a fait des promesses. C’est pour quand et comment ?»
L’eau embouteillée
Plusieurs familles de Kitigan Zibi Anishinabeg (KZA) s’abreuvent à même l’eau embouteillée. Le problème auquel fait face KZA, selon le chef Whiteduck, n’est pas une questiondebactériedansl’eaumaisplutôtla présence d’uranium.
«Et le problème n’est pas unique à KZA. Si on faisait des tests dans les puits de tout le territoire de la MRC, on serait surpris par les résultats. C’est sans compter sur le problème de présence de radon. Nous ignorons ce que la présence d’uranium dans l’eau sur notre territoire a comme impact sur notre santé. Tant qu’il n’y aura pas une étude sérieuse sur la situation, on ne saura pas. C’est pas normal ce que nous vivons mais toutes les communautés font face à diverses situations qui n’ont souvent rien à voir avec le véritable problème.»
▲ «Les ressources sont là. Il suffit de s’entendre sur la façon de les distribuer», précise le chef Jean-Guy Whiteduck.
Le chef Whiteduck parle ici d’orientation politique locale. Les bureaux régionaux du ministère des Affaires indiennes, au Québec comme partout ailleurs au Canada, ont également un rôle à jouer.
«Il y a souvent des frictions entre les intervenants. C’est alors que le leadership local doit jouer un rôle primordial. À KZA, nous n’avons pas les moyens financiers de tout régler à court terme. Mais il faut élaborer un plan global, déterminer nos priorités et nous fixer un échéancier de réalisation. Plusieurs millions de dollars seront nécessaires à la réalisation de ce projet. C’est bien beau de mettre sur pied notre système d’alimentation en eau potable, mais il faudra des gens bien formés pour l’entretenir, s’assurer de la qualité de l’eau. Le ministère des Affaires indiennes doit jouer un rôle dans la formation de la main-d’œuvre. Il y a un manque de bonne volonté de part et d’autre. Les communautés, elles-mêmes, doivent se prendre en main. Il faut une volonté locale ferme de régler le problème.»
Contrairement à ce qui a été véhiculé dans certains médias nationaux, les édifices publics de KZA sont dotés de puits artésiens qui suffisent à l’alimentation en eau potable. Des tests ont été réalisés et la qualité de l’eau a été confirmée.
Les coûts
Le chef Whiteduck évalue le coût du projet d’alimentation en eau potable entre 10 et 15 millions de dollars. «Et vous savez quoi ? J’ai analysé les coûts et c’est souvent moins coûteux d’utiliser l’eau embouteillée que de construire un réseau d’alimentation. Jusqu’à date, nous avons dépensé 15 millions $ et il faudra en ajouter autant pour régler le problème. Nos contribuables sont bien informés de la situation. Laquelle solution est la plus rentable ? C’est un pensez-y bien !»
Les plans sont en voie de réalisation pour trois projets qui seront menés de front à moyen terme à KZA. «Les budgets seront-ils disponibles quand viendra le temps d’agir ? Je ne crois pas. Ce n’est pas un problème qui va se régler à court terme.»
Pour clore l’entrevue, le chef Whiteduck a répété que la solution au problème devait passer par le dialogue et une harmonie entre les intervenants. «Agir autrement équivaut à une perte de temps».


































































































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