Page 6 - La Gatineau 27 avril 2017
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6 27 avril 2017 La Gatineau
DROITS COMPENSATOIRES AMÉRICAINS SUR LE BOIS D’ŒUVRE
La région entre l’arbre et l’écorce
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
LA GATINEAU - Les dirigeants d’entreprises forestières d’ici, les leaders régionaux et les députés provincial et fédéral digèrent très mal l’imposition de droits compensatoires américains sur le bois d’œuvre exporté par le Québec, qu’ils considèrent comme la goutte qui fait déborder le vase dans les relations canado-américaines.
«J’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit d’une d’attaque directe
envers le
situation est très sérieuse et c’est pourquoi on demande à Québec et
Ottawa de réagir dans le sens de rassurer les entrepreneurs forestiers en leur accordant des
prêts à la hauteur de 300 millions
$ par année. Il faut comprendre
que les régions sont fortement attaquées par cette décision du département du Commerce américain», lance le maire de Maniwaki, Robert Coulombe.
Ottawa et Québec vont agir
Le député de Pontiac, William Amos, a confirmé dans une entrevue qu’il nous accordait mardi après-midi, que les gouvernements du Québec et d’Ottawa sont prêts à venir en aide aux communautés rurales de la Vallée-de-la-Gatineau et
du Pontiac.
«Le budget 2017 a ouvert plusieurs portes à cet effet. Je sais que les travailleurs forestiers de notre comté ne s’attendent pas à ce qu’on négocie un mauvais «deal» avec les Américains et on ne va pas le faire.»
Le député Amos considère
cette décision du département du Commerce américain comme étant injustifiée. «Et nous sommes convaincus
que les Américains ont tort. Cette décision va nuire à nos communautés rurales en Outaouais, au Québec et au Canada tout entier. Ça va également nuire à nos relations
de même qu’aux consommateurs américains qui devront payer
plus cher pour la construction de
leurs maisons. Je suis en contact
régulier avec mes homologues
André Fortin et Stéphanie Vallée. J’ai parlé
avec André Tremblay, président du Conseil québécois de l’industrie forestière. Nous n’avons pas
l’intention d’en rester là.»
Le député a tenu à préciser qu’il avait reçu plusieurs courriels de municipalités de la Vallée-de- la-Gatineau lui demandant d’intervenir le plus rapidement possible. Il en a pris bonne note. Il a également confirmé que les ministres des Richesses naturelles du Québec, du Canada et de l’ensemble des provinces concernées par cette décision vont se rencontrer pour convenir des mesures à prendre pour assurer la protection des communautés et de leurs travailleurs forestiers directement
concernés par cette affaire.
Un taux de 12 % pour Résolu
quelques années. Mais, pour l’instant, il faut agir dans le sens d’aider notre industrie et les travailleurs qui gagnent leur vie avec la forêt», précise le préfet,
Michel Merleau.
Pas de surprise
Chez Produits forestiers Résolu à Maniwaki, la décision américaine ne surprend guère.
«La compagnie n’est très certainement pas heureuse du dénouement de l’affaire, mais on s’y en attendait. Nous sommes particulièrement heureux de l’engagement de nos politiciens
Ses collègues Luc Blanchette, Dominique Anglade et Christine St-Pierre ont annoncé, mardi après-midi, que le programme Essor sera disponible dès aujourd’hui (mardi) pour soutenir les 200 entreprises québécoises touchées par la décision du Département du Commerce américain. Ce programme de prêts sur une base commerciale pour donner de l’oxygène aux entreprises québécoises qui pourraient manquer de liquidité à court terme.
«Nous avons aussi annoncé une série de mesures qui totalisent à court terme des investissements de plus de 84 millions $ pour soutenir la modernisation et la transformation de l’industrie des produits forestiers. Nous espérons que le gouvernement fédéral participera activement et concrètement au soutien du secteur
▲ Le député de Pontiac, William Amos.
monde rural.
La
locaux. Notre forestière est
supportée par le milieu.
Qu’Ottawa et Québec aient
démontré de l’intérêt à nous aider
à traverser cette période difficile
est une très bonne nouvelle. ▲ Stéphanie Vallée
▲ Jean-Philippe Éthier, surintendant général aux opérations forestières chez Produits Forestiers Résolu à Maniwaki.
Reste à voir maintenant, jusqu’où on pourra aller ensemble», rajoute Jean-Philippe
Éthier, surintendant général aux opérations forestières chez Résolu Maniwaki.
84 millions $ de Québec
En dernière heure, la députée-ministre Stéphanie Vallée a précisé, par courriel, sa position dans le dossier. L’imposition
de droits compensatoires sur le
bois d’œuvre canadien exporté aux Etats-Unis est déraisonnable et injustifiée pour l’industrie. Le régime forestier québécois se démarque par sa rigueur et la qualité de ses pratiques d’aménagement forestier et durable.
«Notre gouvernement va
soutenir concrètement l’industrie forestière. Il en va de notre responsabilité envers les travailleurs de l’industrie, leurs familles, nos communautés et nos régions», d’indiquer Stéphanie Vallée.
forestier québécois.»
Dénonciation
L’Union des municipalités du Québec (UMQ ) et la Fédération québécoise des municipalités
(FQM) dénoncent vigoureusement cette décision du gouvernement Trump. L’UMQ presse également Ottawa de donner suite urgemment à la demande des partenaires forestiers du Québec d’accorder des
garanties de prêts aux entreprises qui subiront les contrecoups, alors que l’impact financier pourrait dépasser les 200 millions $ pour
l’industrie québécoise.
▲ Le préfet Michel Merleau.
au monde rural», affirme le maire de Maniwaki, Robert Coulombe.
«J’ai parlé au maire Robert Coulombe ce matin (mardi). Le taux des droits compensatoires pour Résolu sera de 12 %. Il s’agit du taux le plus bas au Canada. Les taux des autres forestières sont de 19 % et plus. Québec et Ottawa n’ont d’autres choix que de se mouiller financièrement et accorder des prêts à nos entrepreneurs forestiers afin de leur permettre de traverser la crise jusqu’à ce que la cause soit débattue par le Tribunal du commerce international. L’opération pourrait s’échelonner sur
«En ces moments d’incertitudes, nous devons nous serrer les coudes, travailler ensemble. L’aide annoncée aujourd’hui par les ministres Dominique Anglade, Luc Blanchette et Christine St-Pierre en rendant disponible le programme Essor permettra aux communautés forestières de se sentir un peu moins seules face à la menace américaine», affirme le président de la
FQM, Richard Lehoux.
confirme l’engagement du gouvernement québécois.
▲ «C’est une attaque directe


































































































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