Page 6 - La Gatineau 22 juin 2017
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6 22 juin 2017 La Gatineau
UN LIVRET SUR LES CONDITIONS DE VIE DES VAL-GATINOISES
La parole donnée aux femmes
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - «Où en sommes-nous : analyse des conditions de vie des femmes de la Vallée-de-la-Gatineau 2016-2017». C’est le titre du livret réalisé par le Comité femmes Vallée-de-la-Gatineau et qui a officiellement été présenté la semaine dernière à l’occasion d’une conférence de presse au Club de golf des trois clochers.
Ce livret est plus particulièrement le fruit du travail de six femmes : Diane Blais, Nancy Boudrias, Isabelle Roy, Danielle Beaudry, Mélanie Guénette et Maude Bélair. L’objectif du projet était de mieux faire connaître ces femmes qui souffrent de la rigueur budgétaire en les
consultant directement. Ainsi, 2% de la population féminine val-gatinoise dans chaque municipalité de la MRC, de Low à Grand-Remous, ont été sondées en 2016- 2017 par le biais d’un questionnaire. Il est expliqué en préface que «sachant pertinemment que les femmes étaient et sont toujours un pilier assuré quant au développement économique et social, nous croyons fervemment que les iniquités qui jusqu’ici ont perduré dans le temps ne doivent plus être un frein quant à l’émancipation des femmes. Voilà pourquoi il nous a paru évident de donner une voix à nos consoeurs val-gatinoises via ce projet collectif».
En introduction, des graphiques présentent la situation des femmes qui ont répondu au questionnaire : leurs sources de revenus, leurs catégories d’âge, des données
▲ De gauche à droite, au second plan : Nancy Boudrias, Isabelle Roy, Maude Bélair, Diane Blais, Rachel Lachaine, Danièle Beaudry. Au premier plan : Carole Beaudin, Marie-Thérèse Kazeef, Mélanie Guénette.
sur leur mode d’habitation. Ensuite, plusieurs thèmes sont abordés, appuyés par des témoignages : la satisfaction des besoins de base ; l’accessibilité aux services publics ; autonomie, économie et pauvreté ; conditions de vie des femmes ; développement social et économique ; santé globale des femmes.
On y découvre notamment qu’à la question «Avez-vous l’impression que les conditions de vie des femmes régressent ?», 45% des femmes sondées disent observer une régression et 39% affirment trouver difficile d’être une femme de nos jours. Aussi, à la question «Devez-vous faire des choix fâcheux concernant votre bien-être familial ?», 46% des interrogées ont répondu par l’affirmative.
On y découvre aussi des témoignages touchants, comme par exemple «pas de loisirs, pas de moyens, même pas pour une coupe de cheveux» ou encore «je n’achète jamais de vêtements à mes enfants, c’est difficile de fonctionner sur des dons uniquement».
Le livret termine par une conclusion qui souligne notamment que «les données recueillies témoignent d’elles-mêmes : les conditions de vie des femmes sont à la régression. L’ensemble des coupures gouvernementales ont su freiner ces dernières, autant au niveau de l’emploi que de la santé et l’éducation». Les membres du comité de rédaction déplorent «le manque important d’investissements et de répartition des richesses de la part de l’État pour garantir un avenir sain pour toutes les femmes».
Durant la conférence, trois femmes ont été invitées à témoigner, à commencer par Rachel Lachaine, qui a longtemps été dirigées par les autres, au point de croire que «c’était moi qui n’étais pas correcte et que je n’étais pas capable de rien faire». Jusqu’à ce que, à 30 ans, n’ayant aucune formation, elle décide de retourner aux
études : «À une quarantaine d’années, j’ai réussi mon bac en travail social puis mon DESS en santé mentale. Plusieurs femmes ont été très significatives et m’ont aidée à me battre.»
Cécile Patry a rendu hommage aux nombreux organismes qui ont été mis en place dans la Vallée-de-la-Gatineau afin d’aider les femmes et a salué le travail réalisé pour concevoir ce rapport : «Un rapport différent, qui va chercher des réponses plus justes, plus précises, plus éclairantes, pour nous permettre de continuer, peu importe l’âge, le milieu et les raisons qui font que l’on vit ici. Un rapport qui nous donne des mots, des statistiques, pour dire que la situation est alarmante et que politiquement il faut faire plus.»
Ensuite, Madeleine Lefebvre, a rappelé que dans un pays où les femmes peuvent voter, avorter, marier des femmes, ont accès à la contraception et à l’éducation, «il peut être facile de croire que les enjeux touchant les femmes sont des luttes du passé». Mais, «ce serait oublier que dans ce même pays, les femmes autochtones sont aux prises avec un fléau de meurtres et de disparitions non résolus, les femmes sont victimes de violence de toutes sortes de la part d’hommes majoritairement qui profitent de leur pouvoir physique ou économique, que des femmes continuent d’être victimes de harcèlements de toutes sortes sur leur lieu de travail uniquement parce qu’elles sont femmes, que le Grand prix de Montréal est toujours le bienvenu pour des raisons purement économiques alors qu’il est l’un des exemples internationaux les plus flagrants de l’utilisation des femmes comme objet de marketing et objet sexuel, la violence domestique, la pornographie, la pauvreté. Ce serait aussi oublier ces millions de femmes à travers le monde pour qui voter, avorter, être libre de se marier, avoir accès à la contraception et à l’éducation, c’est encore absolument impensable».


































































































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