Page 8 - La Gatineau 31 août 2017
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8 31 août 2017 La Gatineau PÉPINIÈRE DE MESSINES
Des branches qui valent de l’or
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MESSINES - «Branches d’or». C’est le nom des huiles essentielles fabriquées par la Pépinière de Messines et qui connaissent un véritable succès.
Depuis deux ans, la Pépinière de Messines produit des huiles essentielles à partir de branches de résineux. Le principe consiste à les faire bouillir pour récolter l’huile. Denis Côté, propriétaire, et ses employés en produisent plusieurs sortes (pin blanc, pin rouge, épinette blanche, épinette noire, cèdre, etc.) mais il recherche particulièrement des branches de pruche. Il lance donc un appel aux producteurs forestiers de la région.
La pruche du Canada est un arbre indigène
de l’Est canadien qui pousse en association avec d’autres essences comme le bouleau, l’épinette, le pin blanc, l’érable et le hêtre. Normalement, cet arbre atteint de 45 à 60 centimètres de diamètre et jusqu’à 21 mètres de hauteur, bien qu’on trouve souvent des arbres de plus grande taille. Sa croissance est lente et il peut vivre jusqu’à 600 ans.
Dernièrement, des études ont démontré que l’huile essentielle de pruche a des vertus thérapeutiques, notamment pour les personnes atteintes du cancer, donc il y a une forte demande des consommateurs à travers le monde. Par ailleurs, les branches de pruche permettent d’extraire moins d’huile que celles des autres essences, ce qui fait monter son prix. Pour la Pépinière de Messines, il s’agit d’un marché prometteur. «L’huile de pruche a des vertus qui la rendent populaire, explique Denis Côté. Or, il n’y a pas de pruche en Europe ni
▲ Denis Côté et son fils Adrien près de la machine qui sert à broyer les branches.
dans l’Ouest canadien. Quant à celle des États- Unis, elle est devenue assez rare qu’elle est préservée. Donc il y a un besoin et la pruche pousse dans notre région. Si les producteurs ont de la pruche ils peuvent m’appeler, je vais aller les voir.»
L’huile est vendue en barils à un acheteur avec qui l’entreprise a un contrat exclusif de cinq ans : Cedarome, une très grosse compagnie installée au Québec. Celle-ci vend ensuite les huiles essentielles à l’international.
En plus de l’huile essentielle, trois autres produits sortent des branches. Il y a d’abord l’hydrolat, une eau chargée de composés aromatiques issus de la plante, obtenus en même temps que les huiles essentielles lors de la distillation à la vapeur d’eau. Ensuite, les copeaux. «Chaque fois qu’on bouille trois tonnes, il nous reste trois tonnes de copeaux, explique Denis Côté. On l’étale au pied des arbres fruitiers car ça garde l’humidité, ça chasse les bitittes, ça permet une sorte de mycorhization qui permet les champignons au sol. On a une source de paillis inestimable. Si quelqu’un devait l’acheter, ça lui coûterait 15 000 à 20 000$ de l’hectare.» Enfin, il y a la chaleur. «Il faut une grosse source d’eau froide, explique Denis Côté. C’est un peu comme les alambics qui font de la boisson. Tu fais de la vapeur et tu récupères l’alcool, chez nous c’est l’huile, en refroidissant. Je passe quasiment 1 000 galons, 4 000 litres, d’eau froide qui devient eau chaude. Donc si j’avais un complexe de serres ou des maisons à fournir, j’aurais un réseau de chaleur.»
Denis Côté compte donc continuer à faire grandir son entreprise grâce aux nombreux projets qu’il a en tête. «L’objectif est que tous les produits de la forêt servent et que tous les produits de la transformation soient utilisés.»
▲ Adrien Côté présente le type de tas de branches de pruche que la Pépinière de Messines recherche.
Denis Côté paye 75$ la tonne. «Nous allons chercher les branches chez le
producteur, explique-t-il. Il n’y a
pas de transport à payer. Soit les
gens coupent les branches et je les ramasse ou je peux les couper. Les branches sont broyées sur place. Toute la paye du producteur est garantie par l’Office des producteurs de bois.»
La Pépinière de Messines transforme actuellement 30 tonnes de branches par semaine, toutes essences confondues, mais Denis Côté souhaite s’équiper pour en transformer 100 tonnes. Quatre employés travaillent sur la production des huiles, sur les huit que compte la pépinière. Si tout va bien, quatre pourraient s’ajouter l’année prochaine.
▲ Une fois les branches broyées, le contenu est transporté jusque dans l’alambic pour être bouilli.


































































































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