Page 21 - La Gatineau 15 mars 2012
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JEUDI 15 MARS 2012 - LaGatineau 21
poser dans un milieu d’hommes»
journée, avec un sac à dos, parmi des tas de branches, sous la pluie. Mais avec les remarques sexistes en plus. «Certains hommes ne pensaient pas que j’étais ca- pable de faire ce travail, explique-t-elle. Pour la plupart, une femme devait édu- quer ses enfants et s’occuper de son mari. Certains me disaient que j’enlevais le tra- vail d’un homme, que j’étais là grâce à une promotion canapé. Et puis il y avait les agents forestiers qui ne comprenaient pas pourquoi j’avais un salaire plus élevé qu’eux.»
Un jour, Diane a décidé que s’en était trop : «Je me suis assise et j’ai mis les choses au clair. C’est comme ça que j’ai obtenu le respect. Après 5 ans, les gars étaient habitués de me voir. J’ai montré que j’étais compétente.»
A travail égal, salaire égal
Le reste de l’année, à la pépinière, ce n’était pas beaucoup mieux. Aux femmes les postes d’ouvrières, aux hommes les fonctions à responsabilité. «Nous étions 54 femmes et 5 hommes, raconte Diane. Le dimanche, nous aimions mettre la radio
mais l’un d’eux voulait l’éteindre car il n’aimait pas la musique. Nous avons me- nacé d’arrêter de travailler, c’était la pre- mière fois qu’on se révoltait.»
Les conditions de travail étaient très rudimentaires : pas de chambre de bain ni lavabo, les ouvrières travaillaient à forfait donc sans salaire minimum garanti.
Avec le temps, Diane est devenue tech- nicienne, mais elle a dû se battre pour avoir le salaire qui va avec. «Ce qui me révoltait, c’étaient les inégalités et de s’en- tendre dire que de toute façon nous
n’étions rien que des femmes.»
Depuis 10 ans, Diane a obtenu sa re-
vanche sur les machos. Elle est désormais directrice de la pépinière. Les conditions de travail s’y sont beaucoup améliorées, il y a désormais des filles chefs d’équipe. «La pépinière est devenue un domaine de femmes, sourit Diane. Mais il ne faut ja- mais lâcher. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer pour la condition fémi- nine. Moi-même, je dois encore me battre pour que mon point de vue soit pris en compte.»
«Je me bats contre la violence envers les femmes»
SYLVIE DEJOUY
LA GATINEAU – Depuis 8 ans, Madeleine Petiquay, femme autochtone d’Opitciwan, travaille contre la violence dont sont victimes de nombreuses femmes de sa communauté. Sans apitoiement et la tête haute, elle est venue raconter son his- toire samedi, au centre culturel de Kitigan Zibi, au cours de la manifestation organi- sée par le Calacs pour la Journée interna- tionale de la femme.
«Je suis née dans le bois, explique-t-elle. Pour moi, c’est ce qui m’a sauvé, nous
Madeleine Petiquay et son frère Fernand propagent leur témoignage sur les vio- lences qu’ils ont subies durant leur en- fance et se battent pour aider les autres victimes.
étions loin des problèmes de drogue et d’alcool de la réserve.» Mais son sursis n’a pas duré longtemps. Dès 6 ans, Madeleine a été victime d’abus sexuels de la part de son père. «J’ai aussi subi des violences phy- siques et sexuelles dans le pensionnat d’où je suis sortie à 17 ans, raconte Madeleine. Aujourd’hui, je suis en processus de guéri- son mais ça m’a pris 56 ans.»
Madeleine aide à son tour les femmes de sa communauté, mais aussi et surtout sa fille adoptive de 9 ans, qui a également subi un abus sexuel. «Je veux aider les femmes mais aussi les hommes, même si j’ai encore du mal à leur faire confiance. J’apporte mon témoignage, c’est ma façon d’extérioriser. Désormais, je suis fière de moi. Je me dis que si j’ai traversé tous ces obstacles, c’est que quelque chose de meil- leur maintenant en avant. J’ai gardé l’espoir.»
Toutes unies pour aider les femmes de leur région
SYLVIE DEJOUY
LA GATINEAU – «Le comité a été créé pour que les femmes de la région aient le droit de parole.» Le Comité femmes de la Vallée-de-la-Gatineau organisait une ani- mation, jeudi 8 mars, à l’Auberge du dra- veur, pour célébrer la Journée internatio- nale de la femme.
Une poignée de femmes ont passé l’après-midi ensemble pour célébrer cette journée qui trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle, en Europe et aux Etats-Unis, pour l’égalité des droits, de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Le 8 mars a été officialisé Journée internatio- nale de la femme par les Nations unies, en 1977.
L’animation a commencé par une pré- sentation des organismes qui composent le Comité femmes de la Vallée-de-la- Gatineau : le Calacs, Halte femmes, l’Asso- ciation de solidarité et d’entraide commu- nautaire, Contacts femmes-enfants. Quatre regroupements qui oeuvrent dans la région pour aider les femmes dans une multitude de domaines.
Cette présentation a été suivie par la projection du film «Attention féministes !», réalisé par Rozenn Potin en 2005 et qui témoigne de la vivacité de jeunes militantes féministes. Bilan de l’assemblée après le documentaire : «Le féminisme a permis de remporter plusieurs batailles mais il en
reste encore à gagner pour atteindre l’éga- lité.» L’après-midi s’est terminée par un bingo et une remise de prix.
Rappel
Le Calacs est implanté dans la région depuis 5 ans. Sa mission est triple : aider les adolescentes et les femmes victimes d’agressions sexuelles, sensibiliser la popu- lation, lutter pour obtenir des change- ments. Le Calacs propose une aide directe avec soutien téléphonique, rencontres indi- viduelles, groupes de soutien, rendez-vous les mardis, appui dans les démarches médi- cales, judiciaires, aide sociale, etc. Il fait aussi de la prévention par des ateliers, conférences, kiosques, activités dans les écoles, etc.
L’Association de solidarité et d’entraide communautaire (Asec) est un organisme «qui s’implique dans les revendications, manifestations, pour une lutte sociale et équitable pour tous». Elle organise des dis- cussions de groupe et des cafés rencontres sur les enjeux sociaux comme le logement, la santé, l’éducation, l’environnement. L’Asec offre aussi des services à la popula- tion, selon leurs besoins, notamment un service d’impôt et pour aider à remplir les formulaires gouvernementaux.
Halte-femmes est un centre de jour pour les victimes de violence conjugale où elles peuvent s’informer, échanger et cheminer dans un climat de confiance et de confidentialité.
Contacts femmes-enfants offre des acti- vités de bricolage, lectures, jeux, pour les
parents ou grands-parents et les enfants de 0à5ans,lesjeudisde9h30à11h30,àla salle communautaire de Bouchette. L’organisme propose aussi des animations pour les fêtes comme Halloween, Noël, la St-Valentin, etc.
Conctacts : Calacs, 819-441-2111, ca- lacsmaniwaki@bellnet.ca ; Asec, 198 rue Notre-Dame, 819-449-6779, asec.haute- gatineau@hotmail.com ; Haltes-femmes, 819-449-4545, haltefemme@bellnet.ca ; Contacts femmes-enfants, 819-467-3774.
De gauche à droite : Isabelle Morin-Rozon, agente de bureau à l’Asec ; Danielle Beaudry, coordonatrice de l’Asec ; Carole Beaudoin, intervenante communautaire Halte-Femmes ; Nathalie Seguin, directrice de Contacts femmes-enfants ; Nancy Ringuette, intervenante au Calacs ; Nathalie Rochon, adjointe administrative à Contacts femmes-enfants.


































































































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