Page 14 - La Gatineau 1er Novembre 2012
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14 La Gatineau - JEUDI 1ER NOVEMBRE 2012
Arthur Bruyère, l’homme aux mille et un fils
ISABELLE A. MARTIN
MANIWAKI – Pionnier de la câblodistribu- tion à la radiodiffusion et vis et versants, Arthur Bruyère est un homme dont nous sommes fiers, un homme qui nous rappelle tellement de souvenirs, d’étapes dans notre évolution. Alors qu’il se bat contre la maladie, nous avons voulu lui rendre hommage, avec le souci de livrer avec exactitude les faits mar- quants de sa vie. À la croisée des chemins, un héritage qu’il désire léguer à tous ceux et celles qu’il a eu le plaisir de découvrir au cours de toutes ces années de travail, pour la plus grande satisfaction de ses semblables.
Arthur Bruyère a été mis au monde par son grand-père, le 25 décembre 1930 au Lac Long. «50 % Français de France, 50 % Indien, parce que mon arrière-grand-père, qui venait de France, a marié une Indienne.» Dès son enfance, il sera fasciné par les fils et les possibilités de réseautage.
C’est avec les bobines de fils empruntées à sa mère qu’il débutera cette belle aventure dans le monde des communications, alors qu’il s’ingénue à faire des installations sous le plan- cher de la maison dans un petit espace qui n’avait rien d’un sous-sol. «Patenteux», se qua- lifie-t-il en riant de ses créations de tout acabit. Une passion qu’il transmettra avec toute l’acuité qu’on lui connaît à tous ceux et celles qui voulaient faire rayonner notre culture ici comme ailleurs.
Arthur Bruyère se souvient des débuts de la câblodistribution et de la radiodiffusion sur la bande FM (modulation de fréquence) dans la Vallée-de-la-Gatineau. Les défis ne lui fai- saient pas peur. Au contraire, ils stimulaient son imagination et donnaient lieu à des
réalisations qu’il nous lègue avec le sentiment du devoir accompli.
Difficile de circonscrire la transition qui l’a amené à l’entreprise Maniwaki Télévision. Ce dont il se rappelle le plus, ce qui a marqué ses débuts, ce sont tous ces câbles qu’on lui a d’abord livrés dans sa cour, pour ensuite rece- voir tout ce qui meublait le bureau du câblo- distributeur précédent, qui lui confiait la re- lève de ce service public, le 28 décembre 1968.
Les débuts de CHGA-FM
Pendant 26 ans, il aura câblé plus d’un foyer de nos villes et villages val-gatinois. Arthur Bruyère était la référence par excel- lence en matière de projets de diffusion télévi- suelle et radiophonique. Plusieurs se souvien- dront des débuts de la radiodiffusion de CHGA-FM, alors que feu Jean-René Thibault s’enquit auprès de l’expert local afin de mettre en place une radio qui nous ressemble et qui nous rassemble.
C’est alors que les tenants de la radiodiffu- sion, qui prévoyaient mettre en place une ra- dio sur la bande AM (modulation d’ampli- tude), ont vite bifurqué vers le FM sur les recommandations d’Arthur Bruyère. Celui-ci n’hésita pas à les informer que «le AM c’était dépassé, qu’il fallait communiquer sur la bande FM en stéréophonie. D’autres obstacles devaient également être surmontés. Avec quel argent allait-on pouvoir réaliser ce projet de grande envergure ?»
Arthur Bruyère n’hésita pas à leur offrir le studio qu’il avait dans ses locaux afin de per- mettre à feu Bernard Assiniwi, bien connu à Radio-Canada et qui habitait sur le chemin Montcerf à cette époque, de tenir une levée de fonds qui permit d’amasser 10 000 $. De plus, monsieur Roger Nolan avait entrepris la tour- née des paroisses pour vendre des cartes de
Arthur Bruyère est une figure impor- tante dans la région. Il a été le pionnier de la câblodistribution et de la radiodif- fusion dans la Vallée-de-la-Gatineau.
membres.
Encouragé par cette avancée, Arthur
Bruyère est parti «à la recherche d’une tour dans les Laurentides. Une tour qui s’est avérée inadéquate et dont l’acquisition n’a pu être faite». De retour bredouille de ce voyage, l’expert est parti en prospection au Mont Morissette afin d’élaborer un plan pour l’ins- tallation d’une tour de 50 pieds au sommet. «À cette hauteur, dira-t-il, nous serons à 750 pieds au-dessus du niveau de la mer et notre capacité de rayonnement selon l’angle de la tour nous permettra d’être captés partout dans le monde, selon les ouvertures et les vallons qui permettent aux ondes de rayonner plus loin dans nos terres canadiennes, américaines, européennes et au-delà.
Mais, pour y arriver, cela aura nécessité des hommes forts, des bénévoles, des travailleurs acharnés pour ouvrir un chemin jusqu’en haut du Mont Morissette, sans oublier qu’on devait y transporter et fixer la tour, sous l’œil vigilant du câblodistributeur qui s’y est attaché au point de transmettre : «C’est ma radio !»
En pensant à l’architecture du bâtiment de CHGA-FM et aux installations radiopho- niques d’aujourd’hui sur la rue Laurier, Arthur Bruyère se plait à dire : «C’est in- croyable, c’est ma radio et j’aimerais beaucoup la visiter. Avec la radio communautaire, on fait le tour de la planète de chez soi.»
Une retraite pleine de voyages
En 1994, Arthur Bruyère a vendu son en- treprise pour profiter de sa retraite en compa- gnie de sa précieuse complice de toujours, son épouse Carmelle, ainsi que Ginette et Marc, leurs deux enfants. Ils ont voyagé autour du monde, sont sortis de chez eux pour aller voir tout ce qu’ils n’avaient pu voir sans écran, de leurs propres yeux, pendant toutes ces années de service à la collectivité.
«Quand on fait le tour de la planète de chez soi, ça fait rêver et lorsqu’on peut le réaliser, il faut savoir en profiter.» C’est ce qu’ils ont fait avec beaucoup de plaisir, d’étonnement et d’enchantement, durant tous les voyages que la vie leur a offerts.
Les Bruyères pourraient nous en parler longtemps de leurs voyages sur les continents du monde, en nous captivant comme ils ont su nous le faire en entrant dans nos foyers par le biais de la câblodistribution et de la radiodif- fusion. Les souvenirs défilent, tel un film his- torique dont notre patrimoine bâti et humain témoigne en se tournant vers le futur.
Le plus important dans la vie d’Arthur Bruyère : aider son prochain, ses semblables, contribuer par son implication à la recherche de solutions sans considération pour une pos- sible rémunération.
«L’important, c’est de s’entraider, se soute- nir dans le développement de notre région.» C’est ce qu’il dégage en toute humilité, ex- prime par ses paroles et son regard empreint de sagesse tourné vers nous.
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