Page 10 - La Gatineau 4 avril 2013
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La Gatineau - JEUDI 4 AVRIL 2013
Ils étaient plus de 200 «à l’eau de Pâques»
RODRIGUE LAFRENIERE
BOUCHETTE - Le matin de Pâques, nos pionniers disaient qu’ils «allaient à l’eau de Pâques» au ruisseau voisin. Individuellement ou tout au moins en nombre restreint à ceux qui pouvaient se dispenser de l’une ou l’autre des tâches que commandaient la ferme ou la maisonnée, ils poursuivaient fidèlement cette tradition héritée de nos ancêtres, de l’Histoire et des druides gaulois...
Mais en 2013, à Bouchette, à pied de- puis le stationnement, sur environ 300 verges, éclairés par des flambeaux dispo- sés de part et d’autre d’un chemin munici- pal, vers la fin de la nuit froide de Pâques, ils étaient plus de 200 qui sont «allés à l’eau de Pâques», au ruisseau situé à quelques kilomètres à peine de l’église St- Gabriel, sur la terre du pionnier Antoine (Dan) Carle, maintenant propriété du ci- toyen Pierre Desforges qui a bien amicale- ment permis l’accès au ruisseau de sa ferme.
C’était comme féérique
C’était «comme féérique», a résumé Marc Saumure, le coordonnateur de cet événement pascal soulignant l’arrivée du solstice du printemps. Selon lui, «le nou- veau site de collecte d’eau était encore plus fonctionnel que le premier, ce fut un bon succès». Le déjeuner a surpris par son suc- cès les organisateurs qui ont même dû, par manque imprévu de victuailles, diriger
Debellesdécorationsavaientétésoi- gneusement préparées pour l’occasion.
vers le restaurant de la place de nombreux convives revenant du ruisseau.
«Des gens de tous âges se sont rendus à la source avec les contenants de leur choix: des jeunes personnes en nombre surpre- nant,despetitesfamillesjoyeuses,desci- toyens plus âgés attachés aux traditions et qui ne veulent pas rompre avec cette cou- tume qui se perpétue d’âge en âge», a dit l’organisateur Saumure, celui qui coor- donne la fête depuis 5 ans, avec l’aide effi- cace d’une vingtaine d’irréductibles bénévoles.
Un succès qui dépasse toutes les attentes
Pour sa part, Michelyne Bélair, conseil- lère bénévole, a souligné que la fête de l’eau de Pâques a connu cette année un succès qui dépasse toutes les attentes. «On sentait partout, au ruisseau comme dans la salle où se servaient les déjeuners, une ambiance enthousiaste, une énergie pal- pable, une appropriation des lieux, une belle fraternité, une belle réponse à une invitation cordiale, un engouement com- muniqué de bouche à oreille, un plaisir notable de participer à une fête originale, toujours unique dans toute la région», a dit cette élue de Bouchette. Karo Poirier, une autre conseillère de Bouchette, a abondé dans le même sens.
L’équipe a pu vérifier que les gens de l’extérieur étaient nombreux. Il en est venu bien évidemment un bon nombre du terri- toire de la MRC Vallée-de-la-Gatineau, mais aussi de Gatineau-Ottawa, de l’Abi- tibi, des Hautes-Laurentides. Certains participants ont même requis un héberge- ment à l’un ou l’autre de nos deux établis- sements 4-étoiles de Maniwaki.
Une alliance avec le conteur Louis Mercier
Tous et toutes semblent avoir grande- ment apprécié le conteur Louis Mercier, dont la réputation se répand «dans bien grand à la ronde», a constaté l’équipe qui a transigé avec lui.
Ce «petit gars de la Vallée» a pris plai- sir à expliquer sous forme de contes cer- taines traditions de nos campagnes : celles du fer à cheval fixé au dessus d’une porte, des pouvoirs qu’on attribuait au septième garçon de la famille, et de plusieurs us et coutumes du temps comme «arrêter le feu, le sang, la fièvre», etc.
Il s’est construit une alliance entre ce fils d’une vieille famille de la région et les organisateurs de l’événement traditionnel qui désirent que le rendez-vous printanier informe le plus possible quant aux tradi- tions, contes et légendes, dans une municipalitéquiveutsefaireconnaître par un tourisme culturel.
Les enfants sont venus plus nombreux que d’habitude cette année à la fête de l’eau de Pâques. Les organisateurs ont accordé une place privilégiée à ces citoyens de demain.
Les enfants sont venus plus nombreux que d’habitude cette année à la fête de l’eau de Pâques. Les organisateurs ont accordé une place privilégiée à ces citoyens de demain.
Voici un groupe constitué de bénévoles, sents à la 5e édition de la fête de l’eau de
de conseillers municipaux, d’enfants pré- Pâques à Bouchette en 2013.
Il s’est d’ailleurs à la base bâti une al- liance solide entre la fabrique, la munici- palité, la caisse populaire, la Société natio- nale des Québécois, l’Association de la route de l’Eau-Vive, plusieurs gens d’af- faires, bénévoles, artistes et bailleurs de fonds supportant cette fête unique.
L’habile animateur André Patry a d’ail- leurs bien fait voir «la grande collabora- tion qui s’est tramée entre tous ces ci- toyens, ces forces vives de la société bouchettoise qui ont conduit à une réussite majeure et une fierté solide dans le chemi- nement d’un événement qui prend déjà des proportions à l’échelle de l’Outaouais».
Une présence surprenante de jeunes
L’infatigable bénévole Diana Lefebvre a souligné quant à elle la présence grandis- sante des jeunes à cette fête de l’eau vive à «Bouchette village des traditions». Il faut dire que les organisateurs (au nombre d’une vingtaine) leur avaient fait une place de choix, et à la salle municipale où l’on n’a pas hésité pour en maquiller le plus nombre et afficher leurs créations, et dans l’église (presque entièrement remplie pour la messe) où l’on n’a pas été avare de «co- cos de Pâques» et d’attentions apportés aux jeunes. Anecdote spéciale : le hasard a fait que cette organisatrice a gagné un lapin de 3200 grammes de chocolat, lequel lapin a presque entièrement été dévoré sur place par les enfants gourmands.
Le curé Mario Thibault n’a pas
manqué de souligner la présence massive des paroissiens, le travail des nombreux bénévoles, la qualité de la décoration réa- lisée par les jeunes et adultes, «l’ambiance fraternelle» qui régnait partout sur les lieux, la qualité de sa chorale de paroisse et des jeunes qui ont prêté leur voix.
Mais il faut repenser l’organisation
«Toujours sérieux comme un pape ou comme un évêque», au dire de son équipe, le président de la fabrique, Jean-Yves Patry, n’a pas caché que l’ampleur du suc- cès de la fête de l’eau de Pâques a pris l’organisation par surprise.
«Je savais que nous avions une bonne formule. Je savais que le nombre de parti- cipants montait d’une année à l’autre, mais cette année nos prévisions ont été bien dépassées parce qu’il s’est présenté plus de monde qu’on pensait à la salle. Si c’est un problème, c’est un beau problème, a convenu le président Patry. Mais, pas de panique, nous avons des idées pour que l’année prochaine chacun ait sa place au déjeuner et partout», a-t-il certifié.
Des suggestions filtrent déjà. On re- garde du côté de l’église, «ce grand édifice patrimonial construit par nos pères, un si beau bijou de construction qui pourrait davantage servir de maison de rassemble- ment aux citoyens, sans oublier la maison de Dieu... surtout lors d’une fête comme celle de l’eau de Pâques», a-t-on entendu chez deux groupes fiers de leur église.


































































































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