Page 13 - La Gatineau 16 mai 2013
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JEUDI 16 MAI 2013 - La Gatineau 13
Levée de l’interdiction de faire des feux
LA GATINEAU - La Société de protec- tion des forêts contre le feu (SOPFEU) vous informe que la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a pris la décision de lever totalement l’inter- diction de faire des feux à ciel ouvert en forêt ou à proximité à compter du ven- dredi 10 mai à 8 h.
Cette mesure était en vigueur depuis le 6 mai dernier. Les précipitations sont iné- gales sur l’ensemble du territoire québé- cois. Toutefois, les conditions météorolo- giques actuelles et les prévisions attendues
ont permis de lever l’interdiction.
La SOPFEU a enregistré une trentaine d’incendies de cause humaine malgré l’interdiction en vigueur. Présentement, 7 incendies de forêt sont en activité, mais les opérations de lutte progressent ronde-
ment, tous les incendies étant maîtrisés. Depuis le début de la saison de protec- tion, 197 incendies ont affecté 220 hec- tares. La moyenne des dix dernières an- nées à la même date est de 107 incendies
pour 121 hectares de forêt. Informations sur www.sopfeu.qc.ca
Deux jours sans manger pour savoir ce qu’est la faim
GRACEFIELD - Félix Laveault-Allard est élève de 5e secondaire à l’école Sacré- Coeur. Cet adolescent a décidé de faire un jeûne de 48 heures pour savoir ce qu’est la faim et à quel point c’est difficile de vivre avec, particulièrement pour les gens qui habitent dans des pays pauvres. Il a ensuite écrit un article qu’il nous a envoyé, afin de partager son expérience. Son but : «Faire connaitre cette sensation désagréable à travers les mots, à travers mes mots.» Voici son texte.
«Si le problème de surpoids frappe au- jourd’hui l’Amérique, on ne peut certaine- ment pas en dire de même pour l’Asie et l’Afrique. C’est bien connu, les occidentaux mangent trop et les autres peuvent bien aller ailleurs pour avoir la part qui leur revient. Pour contrer ce problème, pour- quoi ne pas simplement se demander com- ment on se sent lorsqu’on a faim ? C’est exactement ce que j’ai fait, pendant 2 jours.
Le défi se déroule du 18 au 20 avril, de 8h à 8h. J’ai choisi ces dates, car j’ai des activités qui m’occupent toute la journée. Règle simple : ne rien manger, sous aucun prétexte. Pas de pain, pas de viande, pas de légumes, pas de jus, pas de soupe, rien ! Seulement de l’eau, 2,5 litres par jour, plus exactement. Je pèse 147 livres au début du jeûne.
Je dois garder un certain rythme de vie. En 5e secondaire, je dois garder l’œil sur mes notes et les efforts sont d’autant plus importants maintenant. J’ai deux examens pendant la période de jeûne : un texte ar- gumentatif en français et un oral en an- glais. J’ai également un cours d’éducation physique, que j’évite.
Les premières heures sont normales. Le premier repas que je manque me réserve une grande surprise : je retrouve Alexandre, un ami avec lequel j’ai fait un voyage au Pérou à la fin du mois de février. On se retrouve pour manger (enfin, ne pas manger). L’après-midi débute et j’ai des maux de tête. Je finis mon texte en français et la faiblesse commence à se sentir.
Après l’école, nous sommes quelques-uns à nous rassembler pour peaufiner notre test d’anglais. Quand nous avons terminé, je me rends à un «non» souper avec Alexandre et quelques autres personnes qui sont venues pour le voyage au Pérou. C’est un instant particulièrement difficile, car je suis au restaurant entouré de nourriture...
Après avoir pris trois généreuses
portions de glace, je me rends à la sacristie de l’église de Gracefield pour une pratique de théâtre. C’est la première fois que j’ou- blie mes problèmes de faim depuis long- temps. Étrangement, j’ai très bien dormi, hanté par une extrême fatigue. Mais tout me rattrape quand le moment est venu de déjeuner le lendemain matin.
Je me réveille plus tôt qu’à l’habitude, évidement. Le déjeuner me manque, l’eau me lève le cœur, je suis étourdi. Bref, je regrette de plus en plus de ne pas pouvoir manger, d’expérimenter la faim. La jour- née se déroule lentement. Entre les «pauvre petit gars» et les «mange, mange !», je reste fort, mais gravement déprimé et peut-être un peu agressif. J’apprends également que l’activité de financement destinée à payer une partie des frais pour un prochain voyage au Guatemala est annulée. Je dois donc me résigner à rester chez moi. J’ai également refusé une occasion d’aller sou- per avec la troupe de théâtre. Je végète toute la soirée, combattant une envie de me préparer un sandwich.
C’est pratiquement impossible de rester couché jusqu’à 8h le samedi 20 avril. J’ai les yeux cernés, la bouche sèche, l’estomac vide et mon allure laisse à désirer. Le re- tour à la nourriture fait bizarrement, comme si je devais serrer la main d’un in- connu sans que personne n’ait fait les pré- sentations. Je mange peu pour le déjeuner : une poire. Par contre, je prends deux to- asts 15 minutes plus tard et deux autres une heure plus tard. Je ne suis réellement pas capable de manger comme à mon habi- tude. Par contre, je dois manger plus régu- lièrement. J’ai perdu 8 livres pendant cette période, que mon corps s’empresse de stoc- ker durant la semaine d’après.
Ce que j’ai retenu pendant cette expé- rience, c’est qu’un Canadien qui ne mange pas pendant deux jours fait plus pitié qu’un Péruvien, qu’un Guatémaltèque, qu’un Chinois, qu’un Sri-lankais ou qu’un Congolais qui n’a pas mangé pendant deux semaines. Ce n’est pas vrai, mais c’est clai- rement ce que les gens pensent, d’après ce que j’ai vu et entendu. Et c’est exactement ce qui me dégoûte le plus. Nous devons simplement faire quelques gestes pour arrê- ter de surconsommer, en achetant moins, en achetant des produits locaux et en éli- minant certains luxes. C’est simple et peu coûteux, mais l’opinion générale s’en fiche.»


































































































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