Page 12 - La Gatineau 12 septembre 2013
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12 12 septembre 2013 La Gatineau SOINS DE FIN DE VIE
Un débat difficile mais nécessaire
MANIWAKI - «On ne prend pas assez le temps de s’asseoir comme ce soir et de dis- cuter de projets importants comme celui-ci.» La députée Gatineau, Stéphanie Vallée, organisait deux soirées d’échanges sur le projet de Loi 52 touchant les soins de fin de vie. La première avait lieu le mardi 3 septembre, à la Légion canadienne de Maniwaki. Près de 60 personnes y ont assisté : citoyens, personnes du milieu médical, du milieu religieux, bénévoles qui accompagnent les mourants, ainsi que le chef de Kitigan Zibi Gilbert Witheduck. La seconde soirée s’est tenue à Cantley, le jeudi suivant.
«Mon but est de prendre le pouls de la population, a expliqué en préambule Stéphanie Vallée. Vous entendre sur la question. Je ne suis pas ici pour faire la promotion de quoique ce soit.»
Le projet
Le projet de loi concernant les soins de fin de vie (PL 52) déposé à l’Assemblée nationale le 12 juin dernier par le gouver- nement du Parti québécois, découle des travaux de la Commission spéciale sur la question du droit de mourir dans la dignité.
Formée de plusieurs députés issus de tous les partis, cette commission spéciale a tenu des consultations publiques qui ont mené à l’émission d’un rapport le 22 mars 2012. Sur réception de ce rapport, le
gouvernement libéral avait donné le man- dat à une équipe de juristes de pousser plus loin l’analyse sur les aspects juridiques de la question.
A noter que les députés libéraux pour- ront se prononcer librement sur la ques- tion. Le chef libéral, Philippe Couillard, tient à ce que le vote sur ce projet de loi se fasse selon la conscience de chaque élu de sa formation politique.
Les points de vue
Principal point qui fait débat dans ce projet de loi : la sédation palliative termi- nale, qui s’appliquerait à une personne majeure, capable de donner un consente- ment libre et éclairé, atteinte d’une maladie incurable, dont la souffrance physique et/ ou psychologique est trop intolérable pour continuer à vivre. Plusieurs balises seraient posées, notamment l’obligation d’avoir l’avis de deux médecins et la mise en place d’une commission pour s’assurer du bon fonctionnement de cette loi.
Durant la soirée, plusieurs personnes ont pris la parole. Voici une synthèse des points de vue exprimés. Marie-Thérèse Kazeef milite depuis 30 ans «pour que chaque per- sonne puisse dire ce qu’elle veut pour elle- même. Je suis outrée qu’on puisse vouloir diriger ma vie si je n’en veux plus et que je suis dépendante de tout le monde». Dorothée St-Marseille estime qu’il faut
«penser aux malades. Ce serait une bonne chose que l’euthanasie légale existe pour soulager la fin de vie».
André Riopel, atteint de la maladie de Parkinson, adore la vie, «mais si un jour la médication n’a plus d’effet sur moi, je pense que je préfèrerais partir». Francine Guy, présidente de l’Areq Haute-Gatineau, appuie la position de son organisme qui estime qu’il faut «privilégier les soins pal- liatifs, ensuite c’est un choix personnel qui doit appartenir à la personne concernée».
Cécile Patry a parlé au nom des aidants naturels «qui s’occupent de proches qui bien souvent n’ont plus personne. On devrait avoir des droits en tant que per- sonne mais on devrait aussi se soucier des gens qui n’ont plus personne auprès d’eux».
Le docteur Audrey Bertrand est venue avec des collègues du centre de santé qui sont pour le projet : «Nous côtoyons tous des personnes en soins palliatifs. Certains nous demandent de prolonger leur vie. Pour d’autres, la souffrance physique et morale est insoutenable malgré les progrès de la science. Il faut permettre aux gens de faire un choix.»
Moins nombreux dans l’assistance, cer- taines personnes se sont prononcées contre le projet de loi. Isabelle O’Connord, d’Al- batros, qui accompagne les personnes en fin de vie, estime que le projet est «rempli
de confusions délibérées. La plupart des médecins sont contre car c’est accepter la logique de la mort. Les soins palliatifs vont vraiment souffrir de ça. C’est sûr qu’ils prennent beaucoup de temps et d’énergie mais c’est humain les soins palliatifs». Isabelle O’Connord pousse plus loin sa logique, se demandant si ce projet n’est pas arrivé volontairement à un moment où les foyers de personnes âgés sont surchargés.
Pour le docteur Guy O’Reilly, «des abus, il en existe déjà. Comment va-t-on pouvoir les juger quand la loi sera passée ?» Il craint que cette loi ne se dirige «vers une pente glissante avec le temps. Dans mon expé- rience, bien souvent quand une infirmière rassurait le patient, la demande de mourir disparaissait».
Egalement médecin, Luc Tardiff a expliqué qu’en fin de vie «la personne est vulnérable. Son état peut varier beaucoup d’un jour à l’autre. C’est la qualité de l’en- vironnement qui va faire en sorte que des gens vont maintenir leur choix de vie». Sa crainte est que la personne en fin de vie, plus vulnérable, ne décide d’en finir afin de ne plus être un fardeau pour sa famille.
En attendant le vote, les citoyens peuvent faire parvenir leurs commentaires aux députés et au gouvernement sur ce sujet.
Sylvie Dejouy
VOIX ET SOLIDARITÉ
Une aide de 54 000$
LA GATINEAU - C’est avec grand plaisir que l’organisme Voix et solidarité des aidants naturels de la Vallée-de-la- Gatineau a rencontré Jean-Yves Lord, directeur général de L’Appui Outaouais, pour signer une entente de subvention. Un premier versement des 54 000$ octroyés a été versé à l’organisme lundi 9 septembre.
Cet argent servira, entre-autres, à la mise en place de cafés-rencontres à travers la Vallée-de-la-Gatineau afin que lesaidantsnaturelspuissentserencontrer et échanger entre eux. Ces fonds serviront aussi à offrir des formations sur différents thèmes ainsi qu’à la production d’un
dépliant et d’infolettres qui contribueront à la visibilité de l’organisme.
Dans un deuxième temps, Voix et solidarité des aidants naturels de la Vallée-de-la-Gatineau veut amener les gens à entrer en contact avec l’organisme. «Tout d’abord, il faut que l’aidant puisse se reconnaître, explique Véronik Cadieux-Robillard, chargée de projet. Un aidant naturel est une personne qui s’occupe, sans rémunération, d’un proche fragilisé, en l’aidant pour les tâches ménagères et sa toilette, en l’accompagnant à ses rendez-vous médicaux ou encore en faisant les courses à sa place.»
Si vous vous retrouvez dans une de ces situations, n’hésitez pas à communiquer avec l’organisme afin de pouvoir, vous aussi, avoir une ressource vers laquelle vous tourner. Le bureau de Voix et solidarité des aidants naturels de la Vallée-de-la-Gatineau est situé au 30, rue Principale à Gracefield. Vous pouvez les rejoindre aussi par téléphone au 819-463-1818 ou sans frais au 1-855-448-1818.
◀ Véronik Cadieux-Robillard (chargée de projet), Cécile Patry (membre du conseil d’administration de l’organisme), Jean-Yves Lord (directeur général de l’Appui Outaouais) et Ron Laflamme (trésorier de l’organisme).


































































































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