Page 4 - La Gatineau 23 janvier 2014

4 23 janvier 2014 La Gatineau SKI MONT STE-MARIE
Achalandage en baisse sur les pistes
LAC SAINTE-MARIE - D’emblée, le directeur général de Ski Mont Ste-Marie, Richard Léveillé, affirme que dans les années 60, on a jugé bon de partir une station de ski sur le Mont Ste-Marie, mais que si c’était à refaire en 2014, un promoteur ne choisirait probablement pas cet endroit pour y installer des pistes. Principalement parce que la région, en raison de sa situation géographique, mais aussi du réchauffement de la planète, manque de neige naturelle et qu’il est très dispendieux de produire de la neige artificielle.
«Dans les années 60, on n’avait pas besoin de neige artificielle, explique-t-il. La première fois qu’on a utilisé de la neige artificielle, c’était en 1976. Ensuite, on a fait une grosse injection en 1988 et on essaie de s’améliorer chaque année avec les canons à neige.» Selon M. Léveillé, qui est en poste depuis 1973, le réchauffement de la planète existe réellement et Ski Mont Ste-Marie en subit les conséquences. «Deux degrés de plus sur la moyenne de température, ça paraît. Ici, on le vit», dit-il.
Mis à part ces facteurs, le facteur psychologique entre en cause également. «Les mentalités changent, souligne M. Léveillé. Les gens font moins de ski, moins de sport. Un grand compétiteur aussi est l’accessibilité aux voyages dans le Sud. Quand on a une semaine de vacances et qu’on peut l’avoir pour 500$ à Cuba en formule tout inclus, on préfère aller au soleil et sur la plage qu’aller faire du ski au
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froid. Le froid est l’ennemi numéro un et il y a un facteur psychologique des Celsius avec le facteur vent. Ce qu’on ressent avec le vent, c’est la peau qui le ressent, quand on est habillé pour le ski, on ne le ressent pas. Aussi, la saison de ski se termine à la mi-mars, mais si ça commence à fondre un peu, si les gens voient leur gazon, ils ne pensent pas qu’ils peuvent encore venir faire du ski. Mais avec la neige artificielle, la saison de ski n’est pas terminée.»
Le début de la saison laissait croire à une excellente année. «Ça a commencé en lion, très fort, mais depuis le 30 décembre, c’est à la baisse», souligne M. Léveillé. Depuis le 30 décembre, des alternances de grand froid et de redoux ont découragé plusieurs skieurs. Présentement, 55 cm de neige sont tombés durant l’hiver, mais il reste environ 25 cm. Pour de bonnes conditions de ski, on aurait besoin d’au- delà de 300 cm de neige. Ski Mont Ste- Marie doit donc remédier à la situation avec de la neige fabriquée pour rendre ses 20 pistes agréables pour les sports de glisse.
M. Léveillé souligne que «en 2002, ça coûtait 50 000 $ en électricité pour faire de la neige artificielle et en 2014, ça coûte 200 000 $. Le hockey est supporté par les argents publics, les municipalités bâtissent des patinoires, des arénas, etc. Mais pas le ski. Il faut naviguer autour de ça sans que le client paye trop, mais que ça reste quand même rentable. Il faut toujours se creuser la tête, la matière grise n’est jamais au repos. Pour nous la saison de ski commence en août et finit en avril. Il faut repenser en profondeur la manière dont on fait les choses, dont on prend les décisions, toujours se remettre en question.»
▲ Richard Léveillé, directeur général de Ski Mont Ste-Marie.
▲ Judith Gripton, propriétaire d’un chalet depuis 15 ans, vient très souvent profiter des pentes de ski.
Une des solutions trouvée par Ski Mont Ste-Marie est la vente de condos, de chalets et de terrains, basés à la station de ski. «Lac Ste-Marie est une place de villégiateurs et non de tourisme», soutient-il. Les dirigeants de la station ne baissent cependant pas les bras. «On est des passionnés, des convaincus, on aime les défis, c’est une ambiance de bonne humeur, une ambiance sociale avec l’après- ski et la musique au bar, les skieurs qui viennent ici sont heureux et on aime ça, ça nous motive», remarque M. Léveillé, qui note d’ailleurs qu’ils sont déjà en train de préparer des activités qui auront lieu pour le 50e anniversaire de la station de ski dans deux ans.
70 % de la clientèle de Ski Mont Ste- Marie vient de l’Ontario, principalement d’Ottawa et 30 % du Québec, principalement de Gatineau. La station a aussi reçu des skieurs Australiens, Russes et Allemands durant la période des Fêtes et elle compte des Polonais parmi ses clients réguliers. On s’attend à ce que l’achalandage reprenne dès le 27 janvier pour une période de 6 semaines durant laquelle la station accueillera des groupes tous les jours, provenant de différents milieux, scolaires, militaires, fonctionnaires, clubs de ski, etc. «La station avait un statut de station huppée dans les années 70, mais plus maintenant, remarque le directeur général. Il faut que les gens sachent que c’est ouvert à tout le monde.»
▲ Ski Mont Ste-Marie fêtera son 50e anniversaire dans deux ans.
Janique Robitaille