Page 6 - La Gatineau 6 novembre 2014
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6 6 novembre 2014 La Gatineau
PROJET DE RÉFORME DES CLD
«Ça a eu un effet de choc !»
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Après l’annonce de la réforme de santé, les changements qui attendent les commissions scolaires, ça serait au tour des Centres locaux de développement (CLD) d’être la cible du gouvernement, au nom de l’équilibre budgétaire. Selon une information révélée par La Presse, le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, envisagerait de supprimer les 120 CLD du Québec dans l’espoir de réaliser 40 millions de dollars d’économies annuellement, sur un budget de 72 millions de dollars.
Pierre Moreau a présenté ses plans aux représentants des municipalités. La moitié du budget des CLD irait aux MRC ou aux muni- cipalités, qui récupèreraient ainsi la mission de développement économique assurée depuis 16 ans par ces instances gouvernementales créées par le Parti québécois.
Interrogé sur le sujet, le directeur du CLD de la Vallée-de-la-Gatineau, Marc Dupuis, rappelle qu’il ne s’agit pour le moment que d’une rumeur : «Je n’ai rien de concret pour dire que l’abolition sera effective. Ça a eu un effet de choc mais comment réagir si on n’a pas de message de nos autorités.»
Sans connaître les réelles intentions du gou- vernement, le directeur du CLD reconnaît que la nouvelle diffusée dans La Presse l’a ébranlé ainsi que toute son équipe : «C’est sans précé- dent ce qu’on vit. Le gouvernement a coupé 10% du budget de chaque CLD cette année. Ons’estditquec’étaitnormaldeparticiperà l’effort collectif pour les finances publiques. Mais quand j’ai vu l’article parlant d’abolition, ça a été un choc. Personne ne s’attendait à ça, que le gouvernement puisse penser à abolir les CLD.»
Seule information sûre dont dispose Marc Dupuis : Yves Marais, président de l’Associa- tion des CLD du Québec, a envoyé un
courriel après sa rencontre avec le ministre de l’Économie, le 27 octobre, après la parution de l’article de La Presse. Il y confirme que l’orientation du gouvernement en matière de développement économique local et de soutien à l’entrepreneuriat serait de transférer les res- ponsabilités aux MRC.
«Il faut réévaluer ce qui a été mis en place»
Les CLD ont été créés en 1998 par le Parti Québécois. Depuis la loi 34 sur le ministère du Développement économique, datant de 2003, les MRC ont le mandat du développement économique et de confier à un organisme, comme le CLD, le mandat d’opérer pour elle. La MRC valide les budgets du CLD et les nominations de ses administrateurs.
«On aide les entreprises de notre territoire depuis 15 ans, note Marc Dupuis. On aide les gens à se lancer en affaires. On travaille depuis 8 ans avec Carlos Baez pour la mise en valeur agricole de notre territoire. On a pris en main le dossier de la haute vitesse, celui du PDZA. On travaille avec la commission scolaire pour la formation professionnelle et le maintien du cours d’armes à feu. On travaille avec la Table de développement social, pour la lutte à la pauvreté, on gère le Pacte rural, on favorise le développement culturel, pour ne citer que ces dossiers.» Durant les cinq dernières années, le CLDVG a investi 2 453 733$.
«On comprend qu’il faut assainir les finances publiques mais il ne faudrait pas nous oublier car on est là pour créer de l’emploi, ajoute Marc Dupuis. Ce n’est pas un climat facile. Il faut travailler à avoir un environne- ment propice au développement économique.»
De son côté, le préfet Michel Merleau, éga- lement président du CLDVG, se dit « favo- rable à la plupart des réformes annoncées par le gouvernement. Il est normal de réévaluer dans les structures publiques ce qui a été mis en place il y a plusieurs années, en fonction des besoins actuels car la société a évolué».
▲ Marc Dupuis, directeur du Centre local de développement de la Vallée-de-la-Gatineau.
L’Association des CLD lance une campagne de sensibilisation
LA GATINEAU - Les quelque 200 repré- sentants des 120 CLD étaient réunis à Québec la semaine dernière, à l’occasion de leur rencontre stratégique annuelle. Ils en ont profité pour rappeler «l’importance de main- tenir le soutien aux entreprises des régions du Québec au nom de l’intérêt supérieur de l’économie québécoise». Ils interpellent par ailleurs leaders et entrepreneurs avec la cam- pagne «JAMAIS SANS #MONCLD».
L’Association des CLD du Québec explique que, selon les informations qui filtrent, le gouvernement du Québec jongle avec l’idée d’apporter une modification importante à la gouvernance dans un objectif d’assainissement des finances publiques en donnant le choix aux MRC et aux munici- palités de maintenir l’expertise des CLD ou de rapatrier le développement de l’économie locale sous leur aile, mais avec la moitié du financement.
«On n’est pas en train de défendre une structure, c’est l’avenir de l’économie des régions qui nous intéresse, défend Yves Maurais, président de l’ACLDQ. On ne peut pas être les seuls porteurs d’un enjeu aussi crucial. Tous nos partenaires doivent se mobiliser pour conserver l’expertise en région.»
L’ACLDQ questionne : à qui vont s’adres- ser les entrepreneurs qui dynamisent l’éco- nomie ? Qui va les accompagner dans leurs défis ? Qui va gérer les demandes de finan- cement et dans quelles conditions objectives cela va-t-il se faire ? Le risque d’appauvrisse- ment des régions a-t-il été mesuré ? «Autant de questions auxquelles le gouvernement n’a certainement pas encore pris le temps de répondre dans l’urgence de couper, insiste M. Maurais. À l’ACLDQ , on pense que ce n’est pas avec une ligne 1-800 qu’on accompagne des humains.»
«Jamais sans mon CLD»
L’ACLDQ a donc lancé une campagne de sensibilisation 2.0 visant à interpeller la population, les entrepreneurs, les élus, les 1 350 professionnels et 3 000 bénévoles qui for- ment le réseau des CLD et leurs partenaires, pour contrer activement cette avenue.
«JAMAIS SANS #MONCLD est là pour rappeler l’importance de maintenir l’ex- pertise locale, la connaissance des enjeux locaux et la neutralité des décisions par des professionnels, insiste M. Maurais. Nous en appelons à la résilience de nos membres. La richesse du Québec passe par les petites entreprises et nous devons continuer de les soutenir.»
L’ACLDQ a multiplié ses représentations depuis plusieurs semaines auprès des associa- tions municipales et du cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, jusqu’à la confirmation des intentions du gouverne- ment lors d’une rencontre à Montréal. «On ne peut remettre en question l’universalité des services aux entrepreneurs en région, précise M. Maurais. Ça prend des gens com- pétents et formés pour prendre les meilleures décisions. Les municipalités et les MRC ont toujours été nos alliées. Nous avons toujours maintenu un partenariat solide et nous sou- haitons le maintenir dans ce contexte diffi- cile de négociation des budgets et de la gou- vernance. Nous les appelons à affirmer leur soutien pour le maintien des compétences à l’intérieur des CLD pour le développement de la richesse dans leurs communautés.»
Cela vaut aussi pour les CLD : «Les perfor- mances de notre CLD se comparent avanta- geusement à celles des autres CLD. Mais depuis un an que je suis préfet et président du CLD, je constate qu’il faut prendre un virage terrain.
Il faut absolument que le CLD, et tous les organismes de développement de la région, soientsurleterrain,fassentdesvisitesd’entre- prises et travaillent avec celles-ci pour créer plus d’emplois, favoriser l’extension des entre- prises existantes. Il faut plus de gens sur le terrain pour mettre en place une nouvelle stra- tégie de développement industriel.»
Le préfet assure ne pas être inquiet d’une éventuelle abolition des CLD : «On sera capable de se doter d’une structure adaptée
aux besoins actuels, qu’elle soit intégrée ou non à la MRC. Dans la région, on se dévitalise d’année en année et la seule façon de contrer cela c’est de développer des emplois, de la richesse, en faire profiter l’ensemble de la population.»
Michel Merleau se dit cependant inquiet car «c’est une chose de revoir les structures, les procédésetprocédures,maislegouvernement, par simple souci d’économies, met en place une politique mur à mur qui selon moi ne tient pas compte des disparités régionales». Michel Merleau ne comprend pas que le gouverne- ment décide de couper les moyens financiers aux régions, en particulier celles qui sont dévi- talisées comme la nôtre : «Il faut faire l’évalua- tion avant de couper.»
Sondage
Nouveau sondage en ligne
LA GATINEAU - Nouveau sondage sur notre site Internet lagatineau.com : nous vous demandons cette fois ce que vous pensez des nombreux changements annoncés par le gouvernement de Philippe Couillard.
Vous avez le choix entre trois réponses: c’est une bonne chose, afin d’atteindre l’équilibre budgétaire ; c’est une mauvaise chose, les Québécois vont en faire les frais ; cela m’indiffère, l’ac-
tualité politique ne m’intéresse plus.
Dans notre précédent sondage, nous vous demandions si vous étiez pour ou contre la réforme du système de santé. Sur 179 votes, 58,1% ont répondu oui, il faut s’attaquer à la lourdeur bureaucra- tique ; 9,5% ont répondu non, les patients risquent d’en faire les frais ; 32,4% ont répondu que peu importe cette réforme, cela ne règlera pas les vrais problèmes des patients.


































































































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