Page 8 - La Gatineau 4 décembre 2014
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4 décembre 2014 LaGatineau
CLUB DES PETITS DÉJEUNERS
Antenne à la Cité étudiante
«Jingle bells...»
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Depuis lundi, pour 50 sous par matin, les élèves de la Cité étudiante peuvent bénéficier des services du Club des petits déjeuners. Un local a été spécialement aménagé pour ça, en plein cœur de l’établisse- ment. Un endroit convivial dans un style bistrot très moderne. Il a été officiellement inauguré la semaine dernière en présence de partenaires qui ont permis à ce projet de voir le jour.
Cela fait quatre ans que France Boisvenue, coordonnatrice du Club des petits déjeuners dans la Haute-Gatineau, travaille sur cette idée. «Je voulais un local avec assez d’espace et central», explique-t-elle. Son travail acharné et sa force de persuasion lui ont per- mis de collecter le financement nécessaire. Un sondage auprès des jeunes de la Cité étu- diante a aussi permis de voir que sur 500 élèves, 350 étaient intéressés.
Le Club des petits déjeuners permet aux enfants de bien démarrer la journée en leur offrant un solide déjeuner avant le début des cours. En effet, ne pas prendre de petit déjeuner peut poser notamment des pro- blèmes de concentration en classe. Jusqu’ici, le club était implanté dans 14 écoles pri- maires de la Vallée-de-la-Gatineau, dont à Kitigan Zibi. Désormais, ce sont près de 850 enfants qui bénéficieront des services du Club des petits déjeuners dans la
Début décembre ! Noël est à nos portes. Déjà à mon âge, je commence à com- prendre le stress que les (vrais) adultes ont dès le premier chocolat du calen- drier de l’avent. Qu’est-ce que je vais porter aux partys ? Qu’est-ce que j’offre à Maman ? «C’est-tu» assez beau chez nous pour recevoir ? Trois millions de questions à se poser, trois millions de choses à penser pour plaire à tout le monde pour la période des fêtes. Et c’est quand on voit les premières couronnes accrochées aux portes des voisins qu’on se dit : «Ah ! Cette année je ne me ferai pas
prendre. Je vais être à l’avance !».
À ce moment-là, on commence à prendre des trucs à la Ricardo : on fait des pâtés, des soupes, des gâteaux. On les congèle. On est fier de nous : «Yessss! Cette année, je vais passer les fêtes sans stress !».
Donc évidemment, le 23 décembre en après-midi, c’est le congélateur plein de manger festif qu’on part finaliser nos cadeaux, en espérant fort que l’auto téléguidée que notre filleul nous a demandée au mois d’août dernier soit encore en stock.
Qu’est-ce qui est le plus irritant pour un être humain moyen qui est sur le bord de la crise de nerfs à la veille de la veille de Noël ?
La musique de Noël!
Car non, ce n’est pas Garou qui chante «Mon beau sapin» qui me fera aimer le temps des fêtes, alors que je panique à l’idée de devoir offrir un «kit» de chan- delles laid à l’échange de cadeaux fami- lial parce que je suis trop à la dernière minute.
Non, ce n’est pas Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier, en chantant «Petit Papa Noël», qui feront de moi quelqu’un de serein dans le temps des fêtes, alors que la neige de mes bottes fait en sorte que j’ai les bas mouillés, que je vais attraper un rhume et passer un temps des fêtes horrible ! (...)
Mais des fois, quand je m’assois au salon avec un chocolat chaud, avec les lumières du sapin qui brillent jusque dans ma tasse... Y’a comme une voix dans ma tête qui me dit que... «Minuit chrétien» chanté par Ginette Reno, c’est quand même moins pire que bien d’autres bruits. Moins pire que les mauvaises nouvelles, que la révolte... C’est même moins pire que le
silence dans le climat actuel. Joyeux avent à tous!
▲ Une partie des partenaires du projet avec, septième à partir de la gauche, France Boisvenue coordonnatrice du Club des petits déjeuners dans la Haute-Gatineau.
Vallée-de-la-Gatineau.
«Le déjeuner est le repas le plus important de la journée, commente la directrice de la Cité étudiante, Josée Brisebois. Il a un impact sur le travail des élèves.» «Le petit déjeuner est un élément essentiel au départ d’une journée, ajoute le directeur de la com- mission scolaire, Harold Sylvain. Offrir cela à nos jeunes c’est contribuer à leur réussite.»
France Boisvenue tient à remercier les per- sonnes qui ont contribué à ce projet ; les
commanditaires dont les principaux sont la Fondation Branchaud et la Caisse populaire Desjardins ; Yves Hubert, qui a aidé à l’amé- nagement du local ; Jonathan d’Amour qui, avec des élèves du CFER, a fabriqué les tables.
À noter que le Club des petits déjeuners a besoin de bénévoles pour la polyvalente et les écoles primaires de Bois-Franc, Grand- Remous, Gracefield et Cayamant. Il suffit de venir un matin par semaine, de 7h à 9h. Les personnes intéressées peuvent contacter France Boisvenue au 819-465-1533.
AGRESSIONS SEXUELLES
Des victimes brisent le silence
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - L’affaire Jian Ghomeshi, l’animateur vedette accusé d’agressions envers des femmes, a au moins eu le mérite de donner le courage à des victimes de parler, de briser le silence en groupe. Un mouvement s’est mis en place sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter avec le mot-clic #AgressionNonDénoncée. Un mouvement lancé par la Fédération des femmes du Québec, qui s’est inspirée du mot-clic #BeenRapedNeverReported (J’ai été violé, je ne l’ai jamais dénoncé), né dans la foulée du scandale entourant Ghomeshi. Pour la première fois, des milliers de femmes ont profité de cette tribune pour raconter les agressions dont elles ont été victimes. Des personnalités publiques ont aussi apporté leurs témoignages.
Au CALACS (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) de Maniwaki, Cathy Marinier, intervenante, accueille avec beaucoup de satisfaction ce mouvement. «Cela a mis en lumière des femmes invisibles et un sujet encore dans l’ombre, commente-t-elle. Ça a permis de montrer que le problème perdure. Comme le disent depuis toujours les CALACS, les agressions sexuelles sont une problème de société.»
Ce mouvement a aussi mis en avant une question complexe : pourquoi les victimes ne parlent-elles pas, ne portent pas plainte ? Il faut comprendre qu’une agression sexuelle ébranle une vie. La peur, la honte, la culpabilité, la volonté d’oublier, incitent souvent à se murer dans le silence. Un jour ou
l’autre, ce traumatisme finit par rattraper la victime, un élément déclencheur va l’amener à en parler à quelqu’un, pas forcément à la police. Les victimes ont un cheminement à suivre, plus ou moins long, qu’il faut respecter.
«C’est difficile de parler car sur le coup la victime a du mal à réaliser, elle est sous le choc, explique Cathy Marinier. De plus, souvent l’agresseur est un proche. La victime a peur des conséquences, se demande si elle n’a pas laissé sous-entendre qu’elle était ouverte à ça, si elle ne va pas être séparée des personnes qu’elle aime.»
Au CALACS, les intervenantes ne poussent pas les victimes à porter plainte. Elles vont les informer de leurs droits, du processus judiciaire, des obstacles qu’elles peuvent rencontrer. «On leur donne toutes les informations nécessaires pour qu’elles fassent un choix éclairé, poursuit Cathy Marinier. La décision revient entièrement à la personne. Si elle décide de porter plainte, on va l’accompagner du début à la fin. Pour certaines, cela fait partie du processus de guérison, elles vont trouver une libération. Mais ce n’est pas automatique, d’autant que le verdict peut ne pas être à la hauteur de ce que voudrait la victime. Il y a d’autres façons de s’en remettre.»
Le problème, diront certains, c’est que sans plainte, un agresseur reste dans la nature. Mais ce poids ne doit pas reposer sur les épaules des victimes. Selon Cathy Marinier, il faut plutôt «revoir le système de justice, comment on peut encourager et aider les femmes à témoigner, que ça leur fasse moins peur, mettre en place un processus plus
flexible et à l’écoute».
Une commission itinérante
Le problème des phénomènes qui prennent de l’ampleur sur les réseaux sociaux, c’est qu’ils finissent par s’essouffler. Mais pour Cathy Marinier, même si ça arrive, cela aura permis «de mettre en évidence ce problème pendant un temps et une prise de conscience collective qu’il y a plus de victimes d’agressions sexuelles qu’on ne pense. Cela a permis d’inciter les femmes à être solidaires et se mobiliser».
Surtout, cette vague de dévoilement a donné naissance à une revendication portée par les regroupements nationaux des groupes de femmes pour la création, par l’Assemblée nationale, d’une commission itinérante spéciale portant sur la violence à caractère sexuel, semblable à celle sur la question de mourir dans la dignité.
Les regroupements nationaux de femmes demandent «la tenue d’une profonde réflexion sur les causes, les conséquences et la prévention de la violence à caractère sexuel. La commission doit également permettre à la société de mieux cerner les autres formes de contrôle et d’oppressions qui entourent trop souvent les violences sexuelles. Une telle commission est nécessaire pour libérer la parole, permettre l’écoute, mais aussi pour identifier les pressions sociales qui renforcent souvent le silence et pour saisir les mécanismes culturels et institutionnels qui permettent à cette violence de perdurer».
À noter que le Regroupement québécois des CALACS attend depuis 2013 le troisième Plan d’action en matière d’agressions sexuelles du gouvernement du Québec.


































































































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