Page 6 - La Gatineau 22 janvier 2015

6 22 janvier 2015 LaGatineau SIROP D’ÉRABLE
De Kitigan Zibi à la Nouvelle-Zélande
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - La réputation du sirop d’érable de la communauté s’étend désormais jusqu’en Nouvelle-Zélande. Du sirop d’érable pur Awazibi a en effet été envoyé dans ce pays du sud ouest de l’océan Pacific, afin qu’un nouveau produit y soit élaboré et mis en vente.
Tout est parti d’une visite d’un homme d’affaire qui voyage souvent au Canada, lui- même Maoris, population polynésienne autochtone de Nouvelle-Zélande. Son idée était de développer un nouveau produit dans un sachet recyclable et biodégradable plutôt qu’une bouteille.
«Trois barils avaient été envoyés, explique le chef de Kitigan Zibi, Gilbert Witheduck. Quand on a débuté tout ça, on a fait le lien par vidéoconférence avec des aînés de Kitigan Zibi et des aînés Maoris. Ils ont fait leur prière et nos aînés la nôtre pour
officialiser le lancement.»
Le sirop d’érable de Kitigan Zibi est sur le marché de Nouvelle- Zélande en petite quantité. Du thé a aussi été conçu. Par la suite, cette opportunité pourrait être développée et d’autres produits élaborés. Gilbert Witheduck envisage même la possibilité que Kitigan Zibi devienne un marché exclusif des produits des Maoris : «Encore une fois c’est une question de ressources pour poursuivre le travail et ça prend du temps.»
Le chef de la communauté de Kitigan Zibi avec dans les mains un exemplaire du sirop d’érable pur Awazibi tel qu’il est vendu en Nouvelle-Zélande. ▶
Le territoire devrait s’agrandir de 24 km2 cette année
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Nouvelle avancée dans le dossier d’agrandissement de la communauté : le décret de la part du gouvernement du Québec est en train d’être rédigé. Une fois signé, les terres seront versées au gouvernement fédéral. Ensuite, il y aura un processus avant que cela revienne à Kitigan Zibi. Un dossier sur lequel la communauté travaille depuis au moins quatre ans et qui constituera le plus grand ajout à la communauté qu’il n’y a jamais eu.
Les terres concernées, 24 km2, se situent au nord de la Forêt de l’aigle et constituent la cour arrière de la communauté. Il y a plusieurs années, le chef de la communauté, Gilbert Witheduck, avait dans un premier
temps proposé de «prendre la gouvernance de toute la Forêt de l’aigle pour mettre en place un plan d’affaire. On allait avoir des partenariats avec toutes sortes d’organismes. Mais ça avait été refusé».
Les longues discussions ont donc abouti à ce compromis : que la partie nord de la forêt réintègre le territoire de Kitigan Zibi. «Tout l’arpentage est terminé et a été accepté, explique Gilbert Witheduck. J’en ai parlé avec Stéphanie Vallée pour savoir si elle pouvait intervenir pour essayer de voir si le décret pourrait être signé le plus vite possible. La raison est qu’il va y avoir une élection fédérale cette année donc vers le mois de mai au plus tard, tout va arrêter au niveau du ministère. Donc si les terres
ne sont pas versées au fédéral et si le fédéral n’a pas pris des actions, ça va être remis à très loin.»
Si tout va bien, Gilbert Witheduck espère que le dossier sera réglé cette année. L’objectif sera ensuite de développer ce secteur. Une étude de marché et un plan d’affaire seront élaborés dans les mois à venir pour voir s’il vaut la peine d’y investir, notamment pour un projet touristique.
Est-ce que Gilbert Witheduck y voit une victoire ? Pas forcément, car «ce sont nos terres. Ça nous appartient. Quand Kitigan Zibi a été créée le 9 août 1853, elle était censée avoir 60 000 acres. Pour toutes sortes de raisons, on se retrouve avec 45 300 acres. Le 5 000 acres qui va être
rajouté va nous ramener à 50 000 acres. Les gens ne comprennent pas bien que c’est notre territoire non cédé, sur lequel il n’y a pas de traité. C’est notre territoire sur lequel on continue d’avoir très peu voire pas de bénéfices ou d’implication pour la protection».
Pour ce qui est de la partie sud de la Forêt de l’aigle, sous la responsabilité de la Coopérative de la Forêt de l’aigle, et actuellement de la municipalité de Cayamant qui gère temporairement la location des chalets du Black Rollway, Gilbert Witheduck explique que «on a eu de bonnes discussions avec la mairesse de Cayamant pour voir comment on pourrait continuer à travailler ensemble».
Visite prochaine du Chef national
Négociations pour des emplois
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - En décembre dernier, Perry Bellegrade a été élu nouveau Chef national de l’Assemblée des Premières nations. La communauté l’a invité à venir la visiter dans les semaines à venir.
«On va voir quelle stratégie il va pouvoir apporter, commente le chef de Kitigan Zibi, Gilbert Witheduck. Le ministre des
Affaires indiennes disait que le Chef national n’a pas beaucoup de pouvoir pour faire avancer les choses car il n’a pas l’appui des chefs au niveau du Canada. Mais le ministre Valcourt ne comprend pas le rôle du Chef national qui n’est pas de négocier pour nous mais d’ouvrir des opportunités puis laisser chaque région développer ses stratégies. Le fédéral pense que le Chef national peut tout négocier.»
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG- Hydro-Québec projette de construire une ligne à 120 kV sur pylônes d’acier et de remplacer le poste actuel de Gracefield à 69-25 kV par un nouveau poste à 120-25 kV, afin de répondre à la croissance de la demande dans la Vallée-de-la-Gatineau et de renforcer le réseau à 120 kV.
La ligne à 120 kV projetée aura une longueur approximative de 70 km et reliera le poste de Maniwaki au poste de Paugan, situé à Low. Une courte ligne de dérivation sera nécessaire pour raccorder au réseau le futur poste, dont le nom reste à déterminer. En outre, des travaux d’intégration devront être réalisés aux postes de Maniwaki et de Paugan. La ligne projetée longera en grande partie la ligne à 120 kV existante. Cette dernière sera par la suite complètement démantelée, tout comme le poste actuel de Gracefield.
Ce vaste projet amène le chef de Kitigan Zibi à se poser plusieurs questions : «Est-ce que ces travaux vont apporter quelque chose à la région en terme d’emplois ? Ou est-ce que c’est des expertises de monteurs de ligne qui viendront d’ailleurs ? Est-ce
qu’il faut développer l’expertise ici pour que les gens d’ici puissent le faire ?»
Gilbert Witheduck travaille fort afin que la communauté soit impliquée dans ce projet et étudie quels emplois il serait possible d’aller chercher pour ses membres.
Autre dossier avec Hydro-Québec, le démantèlement du barrage Corbeau, un vieux barrage presque situé sur la réserve, inutilisé depuis le début des années 80.
«On est en discussion pour s’assurer que le travail de démantèlement soit fait par des gens de la communauté qui ont l’expertise de le faire, explique Gilbert Witheduck. On a un contracteur qui peut faire le travail ou aller chercher de l’expertise. Le travail doit demeurer dans la communauté et si Hydro-Québec nous dit non ou que les gens doivent soumissionner comme tout le monde, les camions ne passeront pas. C’est aussi simple que ça. Avec tous les besoins d’emplois qu’on a, on serait fou de laisser un contracteur de l’extérieur venir. Ça peut représenter quelques millions de dollars de travaux car une fois démantelé il faut nettoyer.»
Des discussions
pour développer des formations
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Des discussions sont en cours avec Stéphanie Vallée et le préfet Michel Merleau pour voir si des formations pourraient être développées dans la région.
«La semaine passée je leur ai mentionné qu’on a un bâtiment ici, celui du Home Hardware, qui pourrait être utilisé, précise le chef Gilbert Witheduck. On a aussi des discussions avec le Collège Héritage
anglophone pour voir s’il pourrait y avoir des formations pour préparer les gens qui veulent se lancer en affaire, et offrir localement des formations collégiales après le secondaire. Plein d’outils sont disponibles aujourd’hui pour des cours à distance.»
Ces discussions visent à multiplier les opportunités de formations pour les jeunes de Kitigan Zibi mais aussi de Lac Barrière.