Page 8 - La Gatineau 2 avril 2015
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8 2 avril 2015 LaGatineau
BUDGET LEITÃO
Retour à l’équilibre, mais à quel prix ?
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a confirmé la semaine dernière, dans son discours sur le budget, le retour à l’équilibre budgétaire pour l’exercice financier 2015-2016, après six années consécutives de déficits qui ont alourdi la dette de près de 16 milliards de dollars. L’État devra composer avec des compressions de 729 millions $ cette année.
Selon les députés de la région de l’Outaouais, dont Stéphanie Vallée, «le gouvernement met en place des bases solides pour faire avancer le
Québec sous le signe de la croissance, de l’investissement et de la création d’emplois». Ils mettent en avant plusieurs
mesures qui prouvent selon eux que le gouvernement n’oublie pas les régions : l’abolition de la contribution santé, la bonification de l’incitation au travail pour les travailleurs d’expérience et la mise en place d’un bouclier fiscal, la prolongation du crédit d’impôt à l’investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation pour les régions, la réduction additionnelle de la taxe spécifique sur l’essence pour les régions frontalières, des investissements de plus de 2,2 milliards de dollars pour la réalisation de
projets d’infrastructures publiques.
Le budget a été bien reçu par le milieu des affaires du Québec, dont la Fédération des chambres de commerce. En effet, il est prévu des baisses d’impôt en 2017 pour les entreprises, une baisse de la taxe sur la masse salariale, une bonification des crédits d’impôts, 500 millions de dollars pour valoriser la forêt. Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui représente des petites et moyennes entreprises, c’est un budget qui envoie des signaux positifs aux PME.
Mais du côté des syndicats, ils se disent inquiets de voir une destruction massive des services, en particulier en région. Les budgets de la Santé et de l’Éducation augmentent légèrement en 2015-16, mais à un rythme inférieur aux coûts de système. Avec un maigre 1,4 %, le ministère de la Santé connaîtra cette année la plus faible hausse de croissance des dépenses des dix dernières années.
Réaction du préfet
Comme le souligne le préfet de notre MRC, Michel Merleau, ce budget est sans surprise et «confirme que le gouvernement entend prendre des mesures pour atteindre le déficit zéro. Le gouvernement doit prendre les mesures nécessaires pour qu’on arrête de vivre au-dessus de nos moyens. Mais l’opération ne peut pas se faire sans douleur et malheureusement oui les régions vont écoper. On le savait déjà avec les coupures en santé qui risquent de causer des pertes d’emplois et de richesse qu’on devra combler autrement. Je pense qu’on doit s’y attarder le plus vite possible par la création d’emplois en entreprises privées. On doit se retrousser les manches et c’est une occasion d’innover. J’y vois un défi et quelque soit le
parti au pouvoir le gouvernement devait s’y rendre».
Michel Merleau souligne que plusieurs mesures semblent intéressantes : pour stimuler l’emploi dans les PME ; pour stimuler la recherche et l’innovation ; une augmentation des budgets pour les infrastructures, dont pour plusieurs projets hospitaliers en région alors que la nôtre attend toujours un nouveau CHLSD ; des fonds pour valoriser la forêt et la faune, dont 10 millions pour l’amélioration des chemins forestiers ; des sommes pour l’amélioration du logement social.
Pour les municipalités et la MRC, il faut attendre l’étude des crédits et la conclusion du Pacte fiscal pour connaître tous les tenants et aboutissants des réformes, notamment au niveau de la gouvernance et de la gestion du développement économique des régions. «Pour l’instant, on est toujours dans l’attente de confirmation des montants qui seront mis à la disposition des régions, explique Michel Merleau. Et on ne connaît pas les critères.»
À noter que Québec devra encore trouver 853 millions $ l’an prochain pour éviter de retomber dans le rouge.
Centre de santé : dix postes abolis et un million de coupures
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Au Centre de santé et de services sociaux de la Vallée-de-la-Gatineau, depuis le 31 mars, le conseil d’administration n’existe plus et dix postes, dont celui de la directrice générale Sylvie Martin et un poste vacant, ont été abolis. Toutes les personnes concernées ont choisi le replacement, sauf la directrice qui a décidé de quitter le réseau de la santé.
Les postes abolis sont les suivants : directrice des services professionnels, directrice des finances, directeur des ressources humaines, adjoint à la direction générale, directeur des soins infirmiers (vacant), direction des services communautaires et hébergement, commissaire local aux plaintes, deux postes de cadres intermédiaires (hygiène, salubrité, buanderie et services alimentaires ; chef de bâtiment).
«Les cadres touchés vivent une période difficile, explique Sylvie Martin. Mais ce sont des gens engagés, loyaux envers l’organisation et je souhaite fortement que ces personnes vont être confirmées ici car on a besoin d’elles. On n’a pas un taux d’encadrement élevé, contrairement à ce que la croyance populaire peut dire. On a le plus bas taux du réseau de la santé avec 4%, alors que la moyenne provinciale est autour de 5 à 6%. Les cadres qui travaillent ici ont deux, trois, quatre chapeaux différents, ils gèrent beaucoup d’employés.»
À partir du 1er avril, même s’ils sont en période de replacement, les cadres concernés continuent de faire leur travail quotidien. «Mais personnellement c’est très insécurisant pour eux, explique Sylvie Martin. Ils n’ont plus leur poste mais sont encore en fonction. Pendant les trois prochains mois, l’organigramme va se placer et on va leur dire c’est quoi les attentes par rapport à eux. Il faut que ça se fasse selon les règles qui dictent les
conditions de travail du personnel d’encadrement. Il faut que ça soit selon leurs compétences, leur classe salariale, leurs habilités, etc. Comme on n’a pas un taux d’encadrement excédentaire, que nos cadres sont opérationnels, je crois fermement qu’ils vont être confirmés ici. Peut-être dans un autre type d’emploi, mais leur quotidien ne changera pas tant que ça.»
Concernant la direction, pour la période de transition, le PDG du nouveau CISSSO a nommé Robert Giard, directeur des ressources humaines, pour assurer le lien jusqu’à ce que l’organigramme soit officiellement mis en place.
Côté budget, l’année s’annonce encore difficile. Au CSSVG, on estime les compressions de la prochaine année à au moins un million, le déficit étant d’environ 650 000$. «C’est énorme, insiste Sylvie Martin. Il faut voir comment faire autrement en maintenant les services. On regarde à faire des projets
comme le projet de fusion des services alimentaires qui nous permet de faire des économies de 150 000$ par année tout en maintenant les services. Le fait d’être maintenant tous intégrés ensemble avec le CISSSO, il va y avoir des opportunités d’économies d’échelle car on va arrêter de travailler en silo.»
Sylvie Martin espère que dans la nouvelle réforme «les territoires puissent avoir encore une marge de manœuvre et que la nouvelle gouvernance, qui est quand même centralisée, avec un pouvoir important au ministre, ait une écoute pour les territoires, surtout en région. J’ai une préoccupation par rapport à ce qui risque d’arriver dans les régions si c’est trop centralisé. Mais je souhaite que les gens qui vont être nommés à la tête de la nouvelle gouvernance maintiennent dans les territoires ce qui va bien et améliorent les services. On a droit à la même qualité de service que dans les centres urbains».
Fin du programme Bouffée d’oxygène : deux postes abolis
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Un programme essentiel axé sur la persévérance scolaire n’existera plus à partir de septembre : Bouffée d’oxygène, aussi appelé BO2. Dans la Vallée-de-la- Gatineau, les deux animateurs, Sabin Parent Johnson, à la Cité étudiante de Maniwaki, et Chris Morin, à l’école Sacré-Coeur de Gracefield, se retrouveront sans emploi.
BO2 a vu le jour initialement à Papineau. La Table jeunesse Outaouais avait alors accordé du financement afin d’exporter le projet dans les autres MRC outaouaises. Dans la Vallée-de-la-Gatineau, la Fondation le Terrier en assure la gestion. «BO2 vise à travailler sur le sentiment d’appartenance du jeune à l’école, sur la relation avec les profs, etc,
explique la directrice de la fondation, Caroline Marinier. Il y a un animateur dans chaque école secondaire. Chris et Sabin sont là depuis le début. Ils font du pour et par les jeunes, ils montent des projets avec et pour eux. En dehors de l’école, ils font de la zone d’animation dans des municipalités, dont Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau, Blue Sea, Cayamant. L’été ils sont au Camp le Terrier.»
BO2 est financé par plusieurs bailleurs de fonds. Il y a la commission scolaire, le centre de santé et, le principal, le CAPS (Comité d’amélioration de la persévérance scolaire) Outaouais. Celui-ci apportait sa contribution par le biais de Réunir Réussir qui arrêtera en juin.
Dans la Vallée-de-la-Gatineau, BO2 recevait aussi une aide de Québec en forme, géré par Vallée-de-la-Gatineau en santé, qui doit prendre fin en 2017. Québec en forme vise à promouvoir les saines habitudes de vie, en
particulier auprès des jeunes. Ce sera deux autres postes abolis.
Autre programme coupé : Avenir d’enfants, géré également par Vallée-de-la-Gatineau en santé, qui devrait prendre fin en 2019. Sa mission est de contribuer au développement global des enfants âgés de 5 ans et moins vivant en situation de pauvreté.
Un service essentiel
Donc en septembre, Chris Morin et Sabin Parent-Johnson devraient perdre leur emploi. «L’austérité ne touche pas que la santé et l’éducation mais aussi les organismes communautaires et les jeunes, insiste Caroline Marinier. Or, nos animateurs génèrent 7 000 à 8 000 occasions de rencontres avec des jeunes par année. En Outaouais, cela représente 15 emplois en moins. C’est 175 000$ en moins pour soutenir le milieu rural essentiellement.»
Les deux animateurs sont évidement très
déçus. «C’est décevant pour nous mais surtout pour les élèves qui ont accès à nos services, commente Sabin. On a beaucoup de projets de lancés qu’on aimerait perpétuer.» «On a des bons liens avec les jeunes en difficulté, ajoute Chris. Ils sont souvent dans nos bureaux. Personne ne peut vraiment combler ça.»
Les deux animateurs ont une approche communautaire dans les écoles, différente de celle des intervenants en milieu scolaire avec lesquels ils travaillent étroitement. Ils permettent de faire un pont entre ces derniers et les élèves. Ils sont une écoute pour les jeunes qu’ils aident à s’épanouir dans et en dehors de l’école.
Caroline Marinier a donc décidé de se battre pour trouver d’autres sources de financement et ainsi ne pas perdre Chris et Sabin. Elle ne veut en effet pas prendre le risque de voir deux autres jeunes quitter la région, faute d’emploi.


































































































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