Page 9 - La Gatineau 23 avril 2015
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La Gatineau 23 avril 2015 9
RELATION S. VALLÉE ET R. CHOLETTE
Au Conseil de
presse de statuer,
en cas de plainte
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Les révélations concernant la relation amoureuse entre la députée et ministre Stéphanie Vallée et l’animateur Roch Cholette ont fait vivement réagir dans les sphères politiques et médiatiques.
Toute la question est de savoir où se situe la limite entre vie privée et vie publique ? Bien sûr, les personnalités politiques ont droit elles aussi à leur vie privée. Ce qui pose problème dans ce cas-ci, ce sont des risques de conflit d’intérêts.
Roch Cholette sera donc sous la loupe de ses confrères et consoeurs, qui veilleront à ce que les balises apparemment plantées par son employeur soient respectées. Il faudra veiller à ce que l’animateur accorde un traitement équitable à tout le monde et n’avantage pas systématiquement le parti libéral ou Stéphanie Vallée en particulier.
De son côté, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a déclaré qu’il «revient au Conseil de presse de se pencher sur ce cas advenant qu’une plainte soit déposée. Le rôle de la FPJQ est de défendre la liberté de presse. Elle ne joue pas le rôle de tribunal déontologique». La FPJQ- Outaouais rappelle cependant que le guide de déontologie auquel ses membres adhèrent stipule «que les journalistes doivent éviter les situations de conflits d’intérêts ou d’apparence de conflits d’intérêts, que ceux-ci soient de type monétaire ou non».
Cas similaire
Le Conseil de presse n’a pas souhaité nous accorder d’entrevue sur cette affaire, au cas où une plainte serait déposée plus tard. Mais le conseil a eu à statuer, en mai 2014, sur un cas similaire : Bernard Côté, candidat aux élections municipales en 2013, avait déposé une plainte en septembre de la même année contre les animateurs radio Louis Deschênes et Daniel St-Pierre, pour «conf lits d’intérêts, partialité, manque d’équilibre et caractère diffamatoire de leurs propos».
En effet, Daniel St-Pierre était un ami du candidat à la mairie et maire sortant de Témiscouata-sur-le-lac, Gilles Garon, et Louis Deschênes était son gendre. Or, dans son guide de déontologie, «Droits et responsabilités de la presse (DERP)», le Conseil de presse met en garde contre les conflits d’intérêts et les apparences de conflits d’intérêts : «Les entreprises de presse et les journalistes doivent éviter les conflits d’intérêts. Ils doivent, au surplus, éviter toute situation qui risque de les faire paraître en conflit d’intérêts, ou donner l’impression qu’ils ont partie liée avec des intérêts particuliers ou quelque pouvoir politique, financier ou autre. [...] Les entreprises de presse doivent veiller elles-mêmes à ce que, par leurs affectations, leurs journalistes ne se retrouvent pas en situation de conflit d’intérêts ni d’apparence de conflit d’intérêts. [...] Ces politiques et mécanismes devraient couvrir l’ensemble des secteurs d’information, que ceux-ci relèvent du journalisme d’information ou du journalisme d’opinion.» (DERP, pp. 24-25)
Pour ce qui est de Daniel St-Pierre, qui assurait n’être qu’une connaissance du maire, le grief avait été rejeté. En revanche, pour Louis Deschênes le conseil avait statué qu’il y avait conflit d’intérêts et manquement au devoir de réserve.
De l’avis du Conseil, «l’animateur aurait dû être exclu de toute affectation en lien avec le maire Gilles Garon. Ne pas lui confier l’éventuelle entrevue avec M. Côté, adversaire politique de M. Garon, était la bonne décision à prendre, mais il aurait fallu en outre qu’il se garde de faire des commentaires sur la candidature de M. Garon ou de sa campagne en général».
Le compte-rendu du Conseil souligne par ailleurs que «la force des conflits d’intérêts impliquant des liens interpersonnels est proportionnelle à la proximité de ces liens». On peut donc imaginer quelle serait l’issue d’une plainte similaire concernant deux conjoints.
Sondage sur lagatineau.com
LA GATINEAU - Les médias doivent-ils plus respecter la vie privée des politicien(ne)s ? C’est la question que nous vous posons pour notre nouveau sondage sur lagatineau.com
Vous avez le choix entre trois réponses :
oui, ils ont droit à leur vie privée comme tout le monde ; non, en tant que personnalités publiques ils doivent s’attendre à ce que leur vie privée soit révélée au grand jour ; oui, sauf si cela pose des problèmes de conflit d’intérêts.


































































































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