Page 6 - La Gatineau 8 octobre 2015
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6 8 octobre 2015 LaGatineau
ENTRE VOTES DE GRÈVES ET MANIFESTATIONS
La région exprime son ras-le-bol
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
LA GATINEAU - Des dizaines de milliers de travailleurs sont descendus dans les rues de Montréal samedi pour exprimer leur ras-le-bol et dénoncer l’inaction du gouvernement Couillard. Selon les organisateurs, 150 000 travailleurs du secteur public, qui sont en négociation depuis plus d’un an avec le gouvernement, ont manifesté afin de dénoncer les offres salariales «méprisantes» et les coupes budgétaires.
Parmi eux, des gens de la Vallée-de-la- Gatineau, en particulier des professionnels de l’enseignement et de la santé, qui ont tenu à faire le déplacement afin d’exprimer eux aussi leur colère. Deux autobus se sont en effet rendus à Montréal, l’un contenant des travailleurs du domaine de l’éducation et l’autre 48 travailleur(euse)s du domaine de la santé et des services sociaux.
Alors que les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015 et que les négociations avec le gouvernement peinent à avancer, le Front commun, qui regroupe 400 000 membres, promet un automne chaud. Plusieurs travailleurs se disent à «bout de souffle», en raison entre autres des compressions budgétaires.
Dans le milieu de la santé, le personnel de la val-gatinois doit composer avec des coupures de postes et une réforme qui suscite beaucoup d’inquiétudes, depuis la création au printemps dernier du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais, au point que des membres du personnel auraient préféré démissionner. Le 29 juin, le syndicat recevait de l’employeur un avis de coupures de postes touchant au moins 37 personnes au CSSVG. Plusieurs de ces coupures sont déjà effectives et les autres devraient l’être sous peu. Le syndicat des travailleuses et travailleurs du CSSVG s’est donc prononcé dernièrement à 85 % en faveur de six
▲ Photo prise par Sébastien McNeil, enseignant dans la région, lors de la manifestation à Montréal qui a réuni 150 000 travailleurs du secteur public.
jours de grève tournante cet automne.
«Si la volonté du CISSS de l’Outaouais est, tel qu’entendu par des travailleurs locaux de la part du gestionnaire, de rapatrier les services de la paie, des finances, de l’approvisionnement, etc. vers le secteur urbain de Gatineau, ce sont environ huit personnes de plus qui avec leurs familles pourraient quitter la Vallée- de-la-Gatineau, commentent les responsables syndicaux. Le syndicat des travailleuses et des travailleurs du centre de santé et services sociaux de la Vallée- de-la-Gatineau ne cesse de dénoncer que le gouvernement a provoqué ces nombreuses coupures de postes déjà confirmées et d’autres à venir, et qu’il diminue le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs qu’il représente, ce qui laissera inévitablement des séquelles dans l’économie de la région.»
En effet, chaque suppression de poste de cadre se traduit par une perte de pouvoir d’achat pour la Vallée-de-la- Gatineau et le départ d’une famille entière, les conjoints et conjointes devant
se trouver un autre emploi en ville. C’est le cas notamment de notre réceptionniste à La Gatineau, suite à la mutation de son conjoint à Gatineau. Le gouvernement semble ne pas prendre en considération que des familles, qui avaient le choix de vivre en milieu rural, sont déracinées pour aller vivre en milieu urbain, où le coût de la vie est plus élevé mais avec un salaire égal.
Le syndicat du CSSSVG s’inquiète aussi d’une réforme qui se profile à l’horizon : «Optilab est une autre grande réforme dans le système de santé. Québec revoit le fonctionnement des laboratoires d’hôpitaux et créera un méga laboratoire à Gatineau, où seront centralisés plusieurs tests qui sont pour l’instant réalisés notamment dans le laboratoire de l’hôpital de Maniwaki. Il faut donc prévoir d’autres pertes d’emplois spécialisés dans la Vallée- de-la-Gatineau au profit du territoire urbain.»
Dernièrement, les maires de la MRC ont adopté une résolution à l’unanimité afin de s’opposer aux transfères de postes
de cadres du centre de santé de Maniwaki vers Gatineau. Le maire de Grand- Remous, Gérard Coulombe, avait alors déclaré : «Les emplois les plus rémunérés sont transférés à Gatineau. Il va nous rester quoi à nous dans la région. Les salaires bien rémunérés vont s’en aller, ils vont faire mourir nos régions.»
Une région inquiète
Outre les professionnels, c’est une grosse partie de la population de la région qui se dit inquiète face aux conséquences qu’auront les mesures d’austérité. Car il n’y a pas que des coupures de postes dans le domaine de la santé.
Alors que le directeur du Centre local d’emploi, Charles Sirois, a décidé de prendre sa retraite, ce dernier ne serait pas remplacé et son poste serait supprimé. Le bureau de Maniwaki serait alors géré à distance par la directrice du Centre local d’emploi de Buckingham. Donc encore une perte d’emploi pour la région.
De même, Sylvie Geoffrion, coordonnatrice pédagogique au Centre d’études collégiales de la Vallée-de-la- Gatineau, affilié au CÉGEP de l’Outaouais, ne sera pas remplacée suite à son départ à la retraite. Son travail sera fait par un employé de Gatineau.
Grève dans l’enseignement
Au-delà des chiffres, il y a de réelles inquiétudes de voir de nouvelles coupures imposées à la région, notamment dans le domaine de l’enseignement et des commissions scolaires. Dernièrement, les membres du Syndicat du personnel de l’enseignement des Hautes-Rivières, des commissions scolaires des Hauts-Bois-de- l’Outaouais et Pierre-Neveu, affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ ), ont voté à 87% un mandat de grève légale de six jours à exercer sur une base rotative et régionale ou nationale.
La semaine dernière, le syndicat du personnel de soutien de la CSHBO (ouvriers d’entretien, secrétaires d’école, préposées, surveillants, etc.) a adhéré lui aussi au mouvement : 82 personnes sur environ 200 employés ont participé à une rencontre et la grève a été votée à 78%. Donc en effet, l’automne s’annonce chaud.
▲ Des gens de la Vallée-de-la-Gatineau, en particulier des professionnels de l’enseignement et de la santé, ont participé à la manifestation à Montréal. Deux autobus s’y sont rendus, l’un contenant des travailleurs du domaine de l’éducation et l’autre 48 travailleur(euse)s du domaine de la santé et des services sociaux (photo de Sébastien McNeil).


































































































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