Page 4 - La Gatineau 26 novembre 2015
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4 26 novembre 2015 LaGatineau
ENFANTS AUTOCHTONES PLACÉS EN FAMILLES D’ACCUEIL
Des gens de Lac Rapide devant la DPJ
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Une poignée de personnes avaient fait le déplacement depuis Lac Rapide, la semaine dernière, pour manifester devant le bureau de la Direction de la protection de la jeunesse. Leur revendication principale : «Nous voulons que nos enfants reviennent dans notre communauté.»
Plusieurs enfants de Lac Rapide sont en effet placés dans des familles d’accueil. Le motif : assurer leur protection alors que dans leurs familles ils font face à des problèmes de violence, consommation, etc. Selon Kathleen Cayer, intervenante à Lac Rapide, depuis 2007 ce sont 279 enfants qui ont été placés sur une population de 450. Un chiffre contesté par la DPJ qui parle plutôt de 77 enfants depuis les quinze dernières années qui ont été retirés de leur milieu familial temporairement et dont la grande majorité auraient été confiés à des
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▲ Les manifestants venus de Lac Rapide pour manifester devant la DPJ. Ils réclament que les enfants placés dans des familles d’accueil reviennent dans la communauté.
familles autochtones.
Parmi les personnes à l’origine de cette manifestation, nous vous avions parlé dans une précédente édition d’un jeune couple, Kevin Decoursax et Angie Maranda, dont les cinq enfants «ont été placés dans des familles d’accueil différentes et non autochtones». Aujourd’hui, ils souhaiteraient récupérer leur
garde. Kathleen Cayer, qui les aide dans leurs démarches depuis six ans, assure que le père des enfants «a pris toutes les mesures qui lui étaient demandées, comme arrêter de consommer ou aller en thérapie. Mais la DPJ ne le prend pas en considération et ce n’est jamais assez. Il est allé de lui-même à Impact mais l’image d’un homme violent reste toujours malgré les efforts».
Les manifestants avaient en main des feuilles contenant quinze raisons expliquant leur rassemblement. Parmi elles, «trop d’enfants ont été retirés des familles des Premières Nations et placés», «les travailleurs de la DPJ ne sont pas qualifiés pour comprendre notre mode de vie et nos coutumes», «nos enfants ont perdu ou sont sur le point de perdre leur langue, leur identité et n’ont plus de connexion avec leur communauté», «les parents ne sont pas informés et nous avons le sentiment que leurs droits sont violés». Les manifestants disent aussi être victimes de préjugés et vont jusqu’à parler de deuxième phase des écoles résidentielles.
Le chef de Lac Rapide, Casey Ratt, explique
que «nous voulons travailler en collaboration avec la DPJ et que les enfants reviennent dans la communauté, qu’ils soient placés au sein de leur propre peuple. Nous voulons que la DPJ vienne nous consulter, parle avec les familles, pour faire quelque chose dans la communauté pour protéger les enfants. Il y a des bons parents dans la communauté qui peuvent être familles d’accueil».
Les membres de Lac Rapide réclament que la loi sur la protection de la jeunesse soit adaptée aux Autochtones et que des services de première ligne soit mis en place afin d’aider les familles, plutôt que de retirer les enfants.
De son côté, la DPJ assure appliquer la loi sur la protection de la jeunesse de la même manière pour l’ensemble des enfants du Québec, y compris ceux des Premières nations, pour assurer leur sécurité et qu’en tout temps une famille d’accueil autochtone sera priorisée pour s’occuper d’un enfant autochtone. Elle dit aussi essayer tous les jours d’adapter ses pratiques à la culture et aux traditions des communautés autochtones, pour qu’elles puissent notamment développer leurs services de première ligne.
Courrier du lecteur
Les pesticides et l’expansion subventionnée des monocultures
La présence de pesticides dans les cours d’eau n’est pas due à Monsanto, qui n’existait pas en 1955 lors de la commission Héon, mais à la politique agricole des soixante dernières années qui a remplacé les petits agriculteurs qui transformaient sur place l’herbe et les céréales par des monocultures et des élevages hors-sol. Ces pratiques appauvrissent les sols qui produisent les aliments et polluent ceux où se concentre l’élevage. L’essentiel des 500 milliards de subventions mondiales vont à ces pratiques non durables.
Ottawa subventionne la production et le transport de céréales depuis plus de cent ans dans la prairie canadienne qui y a perdu 40% de son humus. Communisme et capitalisme mènent aux même excès. Parc d’engraissement américain de 100 000 bouvillons, ferme laitière sino-russe de 100 000 vaches nourries avec des céréales transportées sur des milliers de km.
La presque totalité des meilleurs sols québécois, même ceux des régions nordiques comme le Lac St-Jean, sont en monoculture et reçoivent chaque année pesticides et engrais minéraux. Sans le support de l’État la monoculture était une opération trop risquée. De mauvais prix ou une mauvaise récolte et c’était la banqueroute. C’est pourquoi toutes les fermes gardaient des animaux. Le prêt agricole et l’arrivée de l’assurance récolte (1976) ont lancé la monoculture : pourquoi travailler 80 heures par semaine quand on peut travailler 80 heures par an?
La plupart des céréales produites sont destinées à l’alimentation des animaux qui, dans le cas des ruminants, pourraient être nourris majoritairement d’herbe comme on le faisait jusqu’aux années 60, sans avoir à bouleverser le sol à chaque année.
Les experts qui ont subventionné l’élimination des petits agriculteurs ici comme ailleurs n’ont pas prévu les conséquences dénoncées par les observateurs dès le début : appauvrissement et érosion des sols, pollution chimique et organique du sol, de l’air, de l’eau, dégagement d’azote et de CO2, concentration de la propriété, confinement non éthique des animaux, pillage et abandon des boisés privés, aliments débalancés, etc.
Alors qu’il faudrait viser à produire des aliments plus sains de façon plus durable, notamment le lait et la viande avec de l’herbe, dans des fermes plus petites, il est probable que les experts et les parlementaires vont continuer a défendre leur modèle même s’il n’est pas viable ni éthiquement, ni économiquement, ni écologiquement.
Dominique Bhérer, Maniwaki


































































































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