Page 6 - La Gatineau 27 novembre 2014
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6 27 novembre 2014
La Gatineau
CPE VALLÉE-SOURIRE
Le projet d’agrandissement
Couper, ça peut faire mal
Un consensus semble de plus en plus émerger de l’opinion publique québé- coise au sujet des finances de l’état: l’avenir est sombre et donc, il faut agir pour l’éclaircir un peu. On ne peut plus se permettre de se payer les services et les struc- tures qu’on a nous-mêmes mis en place. On ne peut plus endetter les générations futures comme on est en train de le faire. Y’a des limites à l’endettement... à jouer à l’autruche... et on semble avoir atteint ces limites, collectivement. Bien. On est donc maintenant
rendu à l’heure des choix.
On fait quoi? Couper est une option qui vient en tête aisément... «Ben oui», couper dans les dépenses, quand on n’a plus assez d’argent pour payer, c’est logique. Mais ce n’est pas si simple que ça, couper dans les dépenses publiques, quand l’économie des régions repose en grande partie sur des emplois du secteur public. C’est comme se dire: nous n’avons plus d’argent, alors, perdons nos «jobs», ça va nous permettre d’économiser... Ouin. Ça ne
sonne pas gagnant comme solution.
Mais c’est vrai que la bureaucratie des systèmes de santé, d’éducation, les salaires des dirigeants, le grand nombre de cadres, les CLD, CRÉ, les CJE et tous ces acronymes aux missions plus perti- nentes les unes que les autres, ça coûte cher et ne peut perdurer. On n’en a pas les moyens, point final. Mais... peut-on gérer les coupures autrement? Installer des sièges sociaux restructurés et amin- cis de services publics en dehors des grands centres urbains où les taux de chômage n’ont rien à voir avec, par exemple, celui de la Vallée-de-la- Gatineau? Prendre exemple sur Rexforêt, ??. Est-ce utopique de penser qu’on peut à la fois couper dans le gras et donner plus de viande aux régions? Rediviser les morceaux, pour que les coupures, nécessaires, ne nuisent pas aux emplois, nécessaires aussi, en région?
Ces questions sont soulevées par de plus en plus de groupes d’ici: des gens d’affaires, des élus, des citoyens. Tant mieux. Discutons en haut et fort, et faisons entendre nos questions et le fruit de nos discussions. Car ce n’est pas en créant de la pauvreté qu’on créera de la richesse, de toute évidence. Donc, mal adminis-
trer des coupures, ça peut certainement faire aussi mal,
sinon plus, que de ne pas
couper du tout.
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
GR ACEFIELD - Lundi, la directrice du CPE Vallée-Sourire, Linda Roy, et la directrice adjointe, Sylvie Beauregard, étaient partagées entre colère et incompréhension. Alors qu’elles pensaient signer cette semaine le contrat avec l’entrepreneur choisi pour l’agrandissement de la structure, elles ont découvert un communiqué du ministère de la Famille disant que le CPE doit finalement apporter 50% de la mise de fonds si elle veut que son projet aille de l’avant. Une somme que l’organisme n’a pas.
Pourquoi un agrandissement ?
Chaque année, le CPE Vallée-Sourire a une liste de parents en attente de places.
Par ailleurs, tous les ans également, l’organisme est déficitaire, un déficit d’environ 50 000$ cette année. Pour sortir de cette situation financière critique et conserver le CPE, la seule solution est d’agrandir celui-ci. Comme l’a expliqué la comptable Anne-Marie Piché, de la firme Piché et Lacroix, à Linda Roy : un CPE de moins de 60 places a moins de chance d’être viable. Plus il y a de places, plus les dépenses sont réparties.
En 2011, la directrice de l’époque a préparé une demande, envoyée début 2012. Le projet a ensuite été accepté par le ministère de la Famille. Il prévoyait que l’actuel bâtiment, situé rue Roy à Gracefield, serait agrandi de 190 m2. Ainsi, 25 places seraient ajoutées, dont 5 en pouponnière. Celle-ci passerait donc à 10 places, en plus des deux groupes de 10
pour les enfants de 3 et 4 ans.
Le projet prévoyait aussi la construction de 3 locaux, d’une pouponnière double, le réaménagement de la pouponnière actuelle en vestiaire et pièce de rangement ainsi que l’installation d’un système de traitement des eaux usées.
Les travaux devaient être finis pour le 28 février 2015. Ce projet devait être financé par le Programme de financement des infrastructures du ministère de la Famille. «Nous avons entamé les démarches, explique Linda Roy. Nous avons recherché un architecte. Il y a trois semaines, nous avons lancé l’appel d’offres et nous avons reçu six soumissions. Le 20 novembre nous en avons informé le ministère. Ce matin (lundi 24 novembre), j’ai envoyé à notre représentante au sein du ministère la soumission choisie avec le budget révisé. C’est alors qu’elle m’a appelée pour m’informer d’un communiqué émis par le ministère.»
Rupture de contrat
Le communiqué, émis le 20 novembre, porte sur les mesures proposées par le gouvernement pour, dit-il, «moderniser et assurer la pérennité du réseau de services de garde éducatifs du Québec». Le dernier paragraphe concerne la «révision des modalités pour la création de places à contribution réduite».
Il y est annoncé que «le gouvernement du Québec a l’intention de poursuivre la création de nouvelles places à contribution réduite en ce qui a trait aux projets en cours de construction ou pour lesquels un contrat avec un entrepreneur a déjà été signé. Par ailleurs, les CPE devront désormais contribuer aux coûts d’immobilisation. Ainsi, le Programme de financement des infrastructures des CPE serait aussi revu afin d’exiger une mise de fonds de 50% ou d’amener le CPE à opter pour la location plutôt que la propriété de l’installation. Des projets pourront aussi
▲ Linda Roy en compagnie d’enfants du CPE et de Manon Villeneuve, éducatrice.
Révision de la contribution des parents
LA GATINEAU - C’est désormais officiel : fini le tarif unique dans le réseau public des centres de la petite enfance. Au nom de l’équilibre budgétaire, les parents payeront en fonction de leurs revenus.
Dans un communiqué émis le 20 novembre, le gouvernement explique que «notre intention est que les parents continuent de payer 7,30$ par jour pour la place de leur enfant en service de garde jusqu’à l’indexation de ce montant, le 1er janvier 2016. Cette contribution de base serait toujours payable directement au service de garde. Une contribution additionnelle viendrait s’ajouter à la contribution de base. Elle serait modulée selon les revenus des parents et serait aussi indexée annuellement, au 1er janvier. Le cas échéant, les parents s’acquitteraient de la contribution additionnelle lors de leur déclaration de revenus. Ils pourraient aussi demander à leur employeur d’ajuster leurs retenues à la source. De cette façon, l’impôt retenu à chaque paye pourrait tenir compte de la contribution additionnelle, ce qui éviterait aux parents de devoir débourser l’ensemble de la somme annuelle lors de la déclaration de revenus».
Le tarif de garde serait de 7,30$ par jour pour ceux ayant un revenu familial de moins de 50 000$ ; 8$ par jour pour un revenu familial de 50 000 à 75 000$ ; 11,41$ par jour pour un revenu familial de 100 000$ ; 14,71$ par jour pour un revenu familial de 122 000$ ; il atteindrait un maximum de 20$ par jour pour un revenu familial de 157 500$.
Le gouvernement essaye de rassurer en disant que près de 30% des familles continueront de payer 7,30$ par jour alors que près de 60% des familles payeront moins de 9$. Par ailleurs, il n’y aura pas de contribution additionnelle à compter du troisième enfant. Le communiqué assure de plus que cela permettra d’aider les femmes à rester sur le marché du travail, alors que les détracteurs de la réforme craignent au contraire que cela ait l’effet inverse.
En réaction à ces changements, Linda Roy rappelle que dans la région les familles ayant un revenu élevé sont rares. Si elle s’attendait à des augmentations, elle déplore le fait que les CPE ne recevront rien de ces augmentations. En effet, la part des parents augmente afin que celle du ministère baisse. «On entend qu’on aura pas un sou même si
l’électricité et la nourriture augmentent, explique la directrice. On ne tient pas compte par exemple du fait que j’ai une convention à respecter et que je vais devoir payer une semaine de congé de plus à des salariés. Je comprends qu’il faut des coupures mais nous sommes une région défavorisée.»
Sylvie Beauregard s’inquiète pour les familles qui vivent avec un salaire juste au dessus du seuil d’augmentation : «Quelles implications cela aura sur leur milieu familial ? Est-ce que des femmes décideront d’arrêter de travailler ?»
Dans son communiqué, le gouvernement explique aussi, de manière assez floue, qu’en «parallèle à la modification de la contribution parentale, nous proposerons de moderniser et d’optimiser les services de garde au Québec en révisant certaines dépenses, tout en assurant le bien-être des enfants et la qualité du programme éducatif. Nous souhaitons améliorer le modèle d’organisation du travail et ajouter des exigences qui viseraient à maximiser l’utilisation des places subventionnées et le renforcement de la surveillance de la présence réelle des enfants, tant en milieu familial qu’en installation.»


































































































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